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Commissaire Breton : « Nous allons multiplier les coups de pied dans la fourmilière »

Le nouveau « patron » du commissariat de Vénissieux, Emmanuel Breton, parle “cash” et va droit au but. Entretien garanti zéro langue de bois. 

Le nouveau commissaire de police de Vénissieux, Emmanuel Breton.

À 46 ans, le nouveau « patron » du commissariat de Vénissieux, Emmanuel Breton, parle “cash” et va droit au but. Il explique comment il veut mettre en échec la délinquance, qu’elle soit routière, en pied d’immeuble ou dans les commerces illicites. Entretien garanti zéro langue de bois. 

Pourquoi avoir choisi Vénissieux ?
Pour travailler sur les quartiers. Techniquement, c’est un travail intéressant, il y a du grain à moudre. On a en face de soi des délinquants professionnels aguerris, c’est un bon challenge de s’y confronter et de les mettre en échec.

Vous avez un objectif précis ?
Mon ambition, c’est de sensibiliser et de dynamiser un maximum de gens en leur disant que la sécurité n’est pas seulement l’affaire de la police mais du ressort de tous : citoyens, Éducation nationale, bailleurs, commune, administrations, conseils de quartier, associations… L’un de mes objectifs est de mobiliser les habitants et faire basculer la majorité passive du bon côté, du côté de ceux qui se battent. Et décourager les vocations criminelles.

Comment comptez-vous vous y prendre ?
Pour mobiliser les citoyens, je compte sur l’exemple de nos réussites. Mais l’efficacité de nos actions dépend beaucoup de la qualité des informations recueillies. Une opération peut être menée après des semaines de filature et de planque, mais aussi en un après-midi grâce à un bon tuyau. J’encourage le recours au témoignage sous X, qui garantit l’anonymat total au témoin, dont le nom ne sera connu que du policier en charge de l’affaire. Les gens peuvent aussi m’écrire, s’adresser aux services municipaux, aux bailleurs…

Que comptez-vous faire contre la délinquance “de pied d’immeuble”, les points de deal ?
Franchement, on ne perdra pas notre de temps à embarquer les guetteurs pour leur faire la morale. Ils s’en fichent et ils en font même une petite gloire personnelle. On ne fera pas non plus le travail des collègues qui démantèlent les gros réseaux d’arrivée en France. Nous, nous allons nuire au « commerce » local. Nous allons appuyer où ça fait mal : taper au portefeuille. Depuis janvier, les prises de produits stupéfiants sont de 10 kg par mois en moyenne, avec 115 000 euros saisis et 20 personnes écrouées. Comme on va continuer encore et encore, ça va finir par faire des trous dans la trésorerie des trafiquants, qui vont avoir des problèmes…

Ces trafics nourrissent une économie souterraine. Que pouvez-vous y faire ?
Avec l’appui du Comité opérationnel départemental anti-fraude (qui réunit les services fiscaux, l’URSSAF, les douanes, les services sociaux… NDLR), nous nous intéressons aux commerces soupçonnés de blanchir l’argent des trafics : certains débits de boissons, restaurants, coiffeurs ou boulangers sont dans le collimateur. Ceux qui ne respectent pas les obligations de ces professions très réglementées seront sanctionnés. Cet été, nous avons nettoyé le parc République des boîtes de nuit avec débit de boissons qui y exerçaient illégalement. Le centre commercial de la Rotonde a également fait l’objet récemment d’une descente qui a beaucoup surpris…

À quelles réactions vous attendez-vous ?
Lorsqu’on attaque frontalement un réseau, cela a des conséquences à plusieurs niveaux. Il y a des réactions épidermiques, des incendies de véhicules par exemple. Nous avons aussi prévenu des bailleurs qu’ils risquaient d’avoir plus d’impayés de loyer… Mais il faut savoir ce que l’on veut et s’y mettre tous. De notre côté, nous allons multiplier les coups de pied dans la fourmilière.

Qui sont les 160 policiers placés sous vos ordres ?
Ici, ce n’est pas comme en région parisienne, où l’on est affecté en début de carrière et dont on veut souvent repartir pour sa région de cœur. Vénissieux, les gens ont voulu y venir, le turnover est faible. Les plus anciens sont aguerris et expérimentés, les plus jeunes sont enthousiastes et ne craignent pas la difficulté, tous ont de fortes qualités d’adaptabilité. Les conditions de travail ne sont pas parfaites, l’accueil est trop petit par exemple, mais on a une excellente équipe.

Qu’est-ce qui vous demande le plus de travail ?
Dans les missions à notre initiative, le trafic de stupéfiants et le vol de véhicules. Sur réquisition, ce sont les violences intrafamiliales, notamment les violences conjugales. On en est entre 200 et 300 par an à Vénissieux. Notre volonté, c’est de ne rien laisser passer, de tout judiciariser. Même si la victime n’ose pas porter plainte, un procès-verbal est dressé et transmis au parquet, établissant un antécédent judiciaire. Notre hantise, c’est de ne pas pouvoir mettre hors d’état de nuire un gars dangereux. C’est malheureusement ce qui s’est produit cet été.

Est-il exact que vous ne pouvez pas poursuivre les incivilités en scooter ?
Nos équipages en voiture ont instruction de ne pas prendre en chasse un deux-roues, de “prendre du recul”, si cela risque de mettre en danger son conducteur ou les piétons… En revanche, le renfort des motards CRS donne de très bons résultats. Ils ne laissent rien passer !

Qu’a permis l’arrivée de 25 policiers supplémentaires début 2019 dans le cadre du dispositif « Quartiers de reconquête républicaine » ?
Cela a permis de remettre à flot les effectifs des unités traditionnelles, et de créer des unités pour effectuer un travail qui n’était pas fait jusque-là, notamment la lutte contre le blanchiment d’argent.


BIO EXPRESS Après des études de droit, Emmanuel Breton devient officier de police, quitte sa Bourgogne natale en 2000 pour intégrer à Paris l’unité chargée de la répression des escroqueries. Deux ans plus tard, il est affecté à la prestigieuse Brigade de répression du banditisme de la PJ parisienne. Cinq ans à Saint-Denis de la Réunion le familiarisent ensuite avec la lutte contre le trafic de stupéfiants et les violences intrafamiliales. En 2016, devenu commissaire, il prend son premier poste à Vienne, « un secteur impacté par les stups venus de Vénissieux », note-t-il. Est-ce pour en remonter la filière qu’il demande et obtient en 2019 le poste de « patron » du commissariat de Vénissieux, Feyzin, Saint-Fons, l’un des plus importants de la région ?

3 Commentaires

3 Comments

  1. GPL

    24 septembre 2020 à 16 h 35 min

    On compte sur vous.

  2. Vénissian

    14 mai 2020 à 6 h 31 min

    Ne pas laisser la ville être gangrenée par le trafic de drogue, par la vente dans les quartiers au vu et su de tous, lutter contre les incivilités, les rodéos dangereux et bruyants, démanteler les réseaux qui tentent de créer des quartiers de non droit. La ville ne cesse de s’urbaniser, le travail des services de police doit pouvoir suivre cette évolution avec des moyens suffisants pour que chacun puisse vivre dans un environnement sécurisé. Les renforts portent leurs fruits, continuons dans ce sens.

  3. Ad

    13 mai 2020 à 6 h 07 min

    Emmanuel BRETON est vraiment le commissaire que l’on avait besoins sur venissieux.

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