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Lilith Holloway : born in the USA

Lilith Holloway, jeune américaine de 23 ans, a enseigné l’anglais aux élèves de l’option internationale du collège Elsa-Triolet à Vénissieux.

Photo Emmanuel FOUDROT

C’est dans un français presque parfait, teinté d’un léger accent américain, que Lilith Holloway nous accueille dans la salle de classe, haute en couleur, de la section internationale du collège Elsa-Triolet. Lilith vient de Dayton, une ville près de Cincinnati dans l’Ohio, au nord-est des États-Unis. Quand elle se présente, elle met rapidement en avant ses nombreuses origines : « Je suis née aux États-Unis et je parle français, dit-elle en souriant. Une partie de ma famille vient d’Inde. De l’autre côté, ils sont Allemands. Après la deuxième guerre mondiale, ma grand-mère et sa sœur ont décidé de quitter le pays : ma grand-mère est partie aux États-Unis et sa sœur en France. »

C’est donc ce lien familial qui l’a poussée à apprendre la langue de Molière : « Mes cousins vivent à Paris. Ils sont venus nous rendre visite aux États-Unis, puis je suis aussi allée les voir. Jusqu’à mes 14 ans, je ne parlais pas français, puis j’en ai eu marre de tout le temps devoir parler anglais avec eux. » Elle est alors tombée sous le charme de la langue et a décidé, en 2021, de venir passer un semestre de ses études à l’Institut catholique de Paris. « J’ai habité chez mon oncle. Je suis arrivée et il m’a dit : “À partir de maintenant, on ne parle plus anglais.” C’est ce qui a, en partie, beaucoup amélioré mon niveau. » Lilith a ensuite choisi de continuer son apprentissage au travers d’un double diplôme de Français et Relations internationales.

C’est à ce moment-là que ses enseignants lui proposent de devenir assistante de langue dans l’Hexagone. Elle postule alors, avec une pointe d’appréhension, au programme Fullbright France, soutenu par la Commission franco-américaine, et qui propose des postes d’assistants de langue : « Je n’avais jamais enseigné, avoue la jeune femme de 23 ans. La seule expérience que j’ai pu avoir dans ce domaine a été, pendant mes études, quand j’ai été coach de musique pour la fanfare d’un lycée. »

« Vénissieux, ce n’est pas le Bronx »

Arrivée à Lyon en octobre dernier, Lilith a enseigné dans deux collèges de la métropole : Paul-Émile-Victor à Rilleux-la-Pape et Elsa-Triolet à Vénissieux, deux établissements classés REP+ et dotés d’une section internationale américaine. Avec cette option, les élèves sélectionnés bénéficient de la moitié de leur cours d’histoire-
géographie en anglais. Et en plus des heures d’anglais ordinaires, ils ont quatre heures de cours pour découvrir la langue, la littérature et la culture américaines.

« Quand j’ai candidaté pour devenir assistante de langue, j’ai accepté que l’on m’envoie en REP+. On m’a annoncé que j’étais prise à Vénissieux, j’ai fait des recherches sur Internet, demandé l’avis de ma famille en France : on m’a parlé tout de suite de tous les stéréotypes. J’ai eu peur puis je me suis dit qu’il fallait y aller pour me faire mon propre avis sur cette ville.

Il y a des gens qui parlent beaucoup de drogue, de violence quand ils évoquent Vénissieux, poursuit-elle. Mais avec mes élèves, on n’a pas ça, il n’y a eu aucune difficulté : ils écoutent, ils sont gentils et respectueux. On nous dit, “c’est dangereux à Vénissieux” mais ce n’est pas le Bronx. Je viens des États-Unis, où les gens portent des armes tout le temps, même quand ils sont dans la rue donc mon image de la dangerosité est différente. Par exemple, je sais que je ne vais jamais enseigner aux États-Unis parce que j’aurais peur de ne pas rentrer un jour de travail. »

Au sein du collège, le rôle de Lilith est de faire découvrir aux élèves la culture de son pays, et ce, en parlant uniquement en anglais avec eux : « Ils ne m’ont pratiquement jamais entendue parler français, sauf quand ils ont un souci de vocabulaire ou une phrase qu’ils ne comprennent pas, mais c’est très rare. » Ils ont pu travailler avec elle autour de différentes thématiques comme la Saint-Valentin, le Black History Month, sur la reconnaissance du rôle central des noirs dans l’histoire américaine, Thanksgiving et les Amérindiens. « Mes élèves de 5e sont hyper forts, et ceux en 6e ont fait de très grands progrès. Maintenant, ils savent faire des phrases, lire en anglais, c’est génial. Je suis vraiment très fière d’eux. »

« La musique fait du bien aux élèves, elle inspire »

Quand on lui demande de comparer les systèmes éducatifs français et américain, Lilith reconnaît qu’en France, les enseignants sont beaucoup plus patients, les élèves plus bavards en cours… mais moins sur leurs téléphones par rapport aux Américains. Ce qui l’a beaucoup marquée, c’est que les élèves écrivent plus qu’aux États-Unis. « On utilise beaucoup d’ordinateurs, dès le collège, explique Lilith. C’est dingue parce que maintenant, l’écriture des Américains est horrible ! »

Elle met aussi en avant l’importance de la musique dans le cursus des élèves aux États-Unis, avec plusieurs heures enseignées par semaine. Chose qu’on ne retrouve pas en France à son grand regret : « Je pense que la musique est importante pour les jeunes, elle fait du bien, elle inspire. »

Après ces sept mois en tant qu’assistante de langue, Lilith s’est attachée à ses élèves : « Je me souviendrais toujours du jour où les collégiens ont présenté l’option internationale à des élèves de CM2. Les voir partager leur joie et l’esprit autour de cette section, c’était très beau. Chez les petits, il y avait un tel enthousiasme sur leur visage face à l’idée d’apprendre l’anglais et de connaître la culture américaine, j’ai adoré, c’était un très bon moment. »

Pourtant, l’aventure française touche bientôt à sa fin et il est l’heure pour Lilith de rentrer aux États-Unis : « Je prends l’avion le 16 avril, dit-elle avec regret. J’ai adoré vivre à Lyon et enseigner. » Cette expérience l’a cependant aidée à se fixer des objectifs : « J’ai appris beaucoup de choses, mais je pense que la porte de l’enseignement se referme pour moi. Je vais continuer mes études et faire un master dans les Relations internationales. » Cependant, quand on lui demande si elle se voit vivre un jour en France, elle répond avec enthousiasme : « Oui, pourquoi pas ! »

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