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Punaise de punaises !

On l’appelle Cilmex lectularius en latin, ou plus communément punaise de lit. C’est une bestiole de la taille et de la couleur d’un pépin de pomme, qui attaque la nuit comme un vampire et suce le sang. Elle a transformé la vie de locataires de la Sacoviv, à Max-Barel, en véritable cauchemar. Malgré les traitements à répétition, la bestiole résiste depuis plusieurs mois. Sans verser dans la psychose, ce problème sanitaire est à prendre au sérieux.

Sur le coup, on ne sent rien car la piqûre s’accompagne d’un anesthésiant. Mais au réveil, les démangeaisons peuvent être douloureuses. Zohra Elhafi en témoigne. Cette jeune femme, qui habite la résidence Max-Barel, dans une des allées où les punaises se sont installées, lève sa manche gauche pour montrer les boutons rouges caractéristiques. “J’en ai aussi sur les jambes. C’est pénible. La nuit je me lève pour les chercher. J’en deviens parano, ça vire à l’obsession.” Sa voisine du premier étage, Raya Neka, est dans le même état d’esprit. Après cinq mois de lutte, elle est à bout. “Avec mon mari, on a même envisagé de déménager. Mais ce n’est pas reconnu comme une excuse valable pour demander une mutation. Et puis pour aller où ? Nous, on est bien dans ce quartier. Les appartements ont été refaits récemment. On voudrait juste qu’on nous débarrasse définitivement de ces bestioles.”
Le bailleur, la Sacoviv (Société anonyme de construction de la Ville de Vénissieux) y a pourtant mis les moyens. Plusieurs interventions ont été effectuées. La dernière en date et la plus importante au mois de septembre. En collaboration avec le service communal d’hygiène, la Sacoviv a demandé à l’ensemble des locataires de la barre d’immeuble concernée de quitter leurs logements pendant quatre heures. Le temps qu’une entreprise spécialisée applique un traitement à base de fumigation et de pulvérisation. L’opération a été renouvelée deux semaines plus tard, dans les mêmes conditions. Sans succès. Même si la situation globale s’est nettement améliorée, il reste encore des appartements touchés.

Jamais simple

Tordons le cou à une idée reçue : l’hygiène n’a rien à voir à l’affaire. La punaise de lit ne fait pas de discrimination. Elle s’installe n’importe où. Depuis cet été, on la signale dans tous les arrondissements de Paris, même les plus chics. Et à New York, elle pullule, y compris dans les hôtels de luxe. Sa présence a même été signalée au siège des Nations Unies. Pourquoi cette recrudescence, alors que cet insecte avait pratiquement disparu dans les années cinquante ? “On pense qu’il y a deux facteurs principaux, explique Frank Guibert, technicien du service communal d’hygiène : d’une part l’interdiction de certains types d’insecticides comme le DDT qui était très efficace, d’autre part l’essor des voyages internationaux qui multiplie les risques de contamination. Il suffit de ramener une bête dans ses bagages pour que ça commence. Et quand c’est parti, il est très difficile de s’en débarrasser, beaucoup plus difficile par exemple que des cafards. La punaise de lit est très résistante. Elle est très fine et peut se loger partout, dans les matelas et les vêtements de préférence, mais aussi derrière les plinthes, les encadrements… Les traitements ne sont jamais simples. C’est un effort de longue haleine et qui demande souvent des sacrifices”.
Des sacrifices comme laver tout son linge, ses rideaux, vider les placards, voire jeter son lit et son matelas. C’est ce qu’a fait Raya Neka. Elle a acheté une nouvelle literie (600 euros), mais trop tôt. Les punaises n’avaient pas complètement disparu. “Sans compter les bombes insecticides que nous achetons nous-mêmes, ajoute Zohra Elhafi. Chaque flacon coûte 15 euros. J’en prends toutes les semaines, à la longue ça finit par faire cher.” À tel point que les deux voisines, avec d’autres locataires, n’excluent pas de bloquer le versement des loyers. Elles se sont déjà renseignées auprès du tribunal d’instance sur la procédure à suivre. “Nous sommes prêtes à aller jusqu’au bout, assurent les deux jeunes femmes. Nous ne sommes pas responsables de cette situation. Nous attendons du bailleur qu’il soit à la hauteur de la situation.”

Tous ensemble

Du côté de la Sacoviv, la présidente, Évelyne Ebersviller, reconnaît volontiers que ses services ont eu un temps de réaction un peu long : “C’était une situation totalement nouvelle. C’est vrai que nous n’avons pas tout de suite pris la mesure de la gravité du problème. Mais ensuite nous avons fait tout notre possible. Et nous allons continuer, on ne peut pas laisser nos locataires désemparés. C’est tombé sur la Sacoviv mais cela aurait pu toucher n’importe quel autre bailleur de Vénissieux. On a des difficultés énormes à s’en sortir dans une barre de cinq étages, alors imaginez dans une tour de quinze étages.”
La Sacoviv n’exclut donc pas un nouveau traitement. Mais le directeur, Patrick Guyard, pose des conditions : “Si la dernière intervention du mois de septembre a échoué, c’est parce que certains locataires n’ont pas complètement joué le jeu, affirme-t-il. Tout le monde n’a pas lavé le linge, les rideaux, débarrassé les placards… Résultat : tout est à refaire. Je veux bien financer un nouveau traitement (N.D.L.R : la Sacoviv a déjà dépensé plus de 5 000 euros), mais tous les locataires sans exception doivent avoir conscience qu’ils ont un rôle primordial à jouer. Sinon, c’est comme jeter de l’argent par les fenêtres.”
Hormis Max-Barel, certains logements du Couloud, appartenant également à la Sacoviv, commencent à être touchés. Les principaux autres bailleurs de Vénissieux (Alliade, GrandLyon Habitat, Opac du Rhône) ne semblent pas, pour l’heure avoir été inquiétés. “En tout cas je n’en ai jamais été informé, indique Stéphane Goupy, de l’Opac du Rhône. Mais nous allons nous renseigner, car c’est une affaire à prendre très au sérieux.”

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