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Théâtre de Vénissieux : de la Martinique aux Minguettes

Ce 22 octobre, le festival Sens interdits fait étape à Vénissieux avec deux spectacles dont l’un, La Dame aux chiffons, parle d’une grand-mère martiniquaise ayant vécu aux Minguettes. Rencontre avec son autrice et interprète, Maroussia Pourpoint.

Photo DR

Festival international, Sens interdits fait étape ce 22 octobre au Théâtre de Vénissieux avec deux spectacles : en provenance de La Réunion, Kisa Mi Lé, à 11h30, aborde la question d’une double identité se traduisant en deux langues, la française et la créole. Poto-mitan(s), à 14h30, est composé de deux pièces : La Dame aux chiffons et Hommage à Mona. Toutes deux sont écrites, mises en scène et interprétées par Maroussia Pourpoint.

Comme La Dame aux chiffons parle d’une dame ayant quitté sa Martinique natale pour venir s’installer aux Minguettes, l’occasion était trop belle d’interroger Maroussia sur sa grand-mère.

“Ce n’était pas quelqu’un de très commode, avoue en souriant cette dernière. Quand j’étais petite, nous avons d’abord habité dans la campagne française, au milieu de nulle part, puis en Suisse. C’était toujours très compliqué de venir voir bonne maman. Elle était très stricte, il fallait se tenir à carreau à la virgule près. Puis, on s’est dispersés, les années ont passé, j’ai moi-même vécu en Chine, en République dominicaine…”

 

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Elle enchaîne sur ses souvenirs. “Quand on venait aux Minguettes, ça nous changeait. Nous vivions dans un milieu très tranquille, où pas grand chose se passait. Mon père avait lui-même vécu à Vénissieux quand il était très jeune. Mais mon spectacle est aussi un document sur le Bumidom. Ma grand-mère est arrivée avec.”

Le Bumidom (pour Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer) est resté en activité de 1963 à 1981. Il a été créé par le gouvernement, suite à un déplacement de Michel Debré à La Réunion — l’ancien premier ministre de de Gaulle étant alors député d’une circonscription de l’île.

“Il n’y avait pas de travail à la Martinique, reprend Maroussia, et un fort taux de chômage, créant des émeutes. La France a alors proposé le programme Bumidom pour calmer les choses. C’était la seule solution pour survivre. Il s’agissait de faire venir de la main d’œuvre en métropole. L’État donnait un billet aller. Les gens qui en bénéficiaient avaient une formation en ménage ou en aide à l’hôpital. Ensuite, ils étaient lâchés dans la nature. Ma grand-mère a alterné plusieurs métiers et vivait dans un tout petit appartement. Puis, elle a fait une demande de logement social et s’est retrouvée à Vénissieux. D’ailleurs, mon cousin habite toujours aux Minguettes.”

Maroussia Pourpoint indique encore que La Dame aux chiffons s’inspire des contes créoles. “Une narratrice raconte l’histoire de sa grand-mère. Le seul élément de décor est un mausolée. Je voulais parler du Bumidom et transmettre l’histoire de cette dame à ses petits-enfants. La dureté de la vie qu’elle a eue s’est reflétée sur elle.”

La deuxième partie de Poto-mitan(s) est donc un hommage au grand chanteur martiniquais Eugène Mona. “Il est très populaire, l’équivalent de Fela Kuti, l’Aimé Césaire de la chanson. Les siennes racontaient toutes les facettes de la Martinique. Elles étaient satiriques, parlaient de la lutte et des difficultés à vivre sur l’île, s’apparentaient au blues… Il les chantait en créole, s’accompagnant à la flûte et au tambour. La première partie du spectacle est donc une petite fille qui découvre la vie de sa grand-mère. La seconde montre une jeune femme qui embrasse avec fierté son héritage culturel. L’écriture de Poto-mitan(s) m’a ouvert des portes et je vais à présent régulièrement en Martinique. J’ai renoué tardivement avec le pays, j’avais peur de ne pas m’y sentir à ma place. Quand on est métisse, on est toujours renvoyée à son ailleurs, à l’autre partie qu’on ne connaît pas. J’y suis donc allée et j’y ai été merveilleusement accueillie. Une façon de réparer le fil de transmission brisé, comme si le vide se remplissait.”

Maroussia interroge également la question de l’assimilation : “Il fallait se fondre dans la France, s’effacer. Je refuse de laisser cette histoire le faire. Effacer les héritages culturels de tout le monde nous cloisonne au lieu de nous ouvrir et de permettre le dialogue. Et c’est pourtant dans le dialogue qu’on avance !”

www.theatre-venissieux.fr – 04 72 90 86 68.

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