« Agir pour le développement durable, c’est concilier trois piliers : environnemental, économique et social ». En énumérant les fondamentaux à l’ensemble des membres du Conseil citoyen du développement humain durable (CCDHD), jeudi 26 septembre, le maire Michèle Picard, rappelle qu’il existe une multitude de leviers à actionner pour répondre aux besoins du présent sans pour autant compromettre la capacité des générations futures.
Avec l’Agenda 2030, ces leviers sont au nombre de 33. Toutes ces actions doivent faire de Vénissieux une ville décarbonée, résiliente, saine, épanouissante, dynamique et solidaire. « Pour coordonner nos actions, la Ville a entamé un travail de convergence de deux démarches : l’Agenda Vénissieux 2030, le 3e depuis 2011, et la labélisation Climat-Air-Énergie (voir par ailleurs), expose Pierre-Alain Millet, adjoint au développement durable. Cela a permis à la collectivité de restructurer sa démarche pour réaffirmer son ambition, de conforter la mobilisation des agents, des citoyens et de tous les acteurs du territoire. »
À l’heure de la sobriété
Pour améliorer le confort et la qualité de vie des habitants de manière responsable, la Ville ne part donc pas d’une feuille blanche. Et s’appuie sur les travaux du Conseil citoyen de développement humain durable, qui est ouvert à tous : habitants, agents municipaux et acteurs économiques ou associatifs. « Nous sommes engagés sur les questions d’écologie depuis 2008, affirme Michèle Picard. Nous n’avons pas attendu que tous les records de température soient battus d’année en année pour que l’environnement soit l’une de nos préoccupations majeures. »
L’Agenda « Vénissieux 2030 : humaine, durable, solidaire et citoyenne » fixe des objectifs ambitieux pour la période 2024-2030. L’heure est à la sobriété. Diminuer de 50 % des gaz à effet de serre et de 40 % de la consommation énergétique sur le patrimoine bâti entre 2010 et 2030 et passer la totalité des luminaires en LED d’ici 2027 font partie des engagements majeurs. « Nous sommes sur la bonne voie, estime le maire. Nous avons déjà diminué notre consommation de 26 % en 2022. »
Végétaliser l’espace public et capter l’énergie solaire
Sur le développement des énergies renouvelables, le foncier de la Ville se prépare à accueillir de plus en plus de panneaux solaires. « Nous voulons tripler la production d’électricité renouvelable, que nous développons en autoconsommation sans favoriser la marchandisation de l’électricité », indique Pierre-Alain Millet.
Dans le volet « résilience », il est question de verdir l’espace public – chaque habitant est invité à soumettre sa propre demande -, de mieux gérer la ressource en eau et renforcer les infrastructures face aux risques météorologiques. « Nous aménageons déjà un îlot de fraîcheur et deux végétalisations de cour d’école par an », précise Pierre-Alain Millet. Ainsi, les écoles Ernest-Renan et Paul-Langevin passeront au vert en 2025.
L’importance d’une prise de conscience
L’application de cette politique passe par l’adhésion du public. Il s’agit-là d’un énorme chantier. Les difficultés en termes de tri des déchets en témoigne. « Nous n’arrivons pas à améliorer le tri alors que nous avions fait de grandes opérations de sensibilisation en 2010 comme en 2023 », regrette Pierre-Alain Millet.
Pour faire passer le plus grand nombre en mode « développement durable » et renforcer la prise de conscience des enjeux environnementaux, ce type d’opérations sont appelées à se multiplier. Quatre rencontres par an, au fil des saisons, seront planifiées pour entretenir la flamme. Avec une première date à cocher : un ciné-débat gratuit autour du film La Théorie du boxeur, le 3 octobre (18 h 30) au cinéma Gérard-Philipe.
« Si on ne s’engage pas collectivement, on est emportés »
Pierre-Alain Millet, adjoint municipal au dveloppement durable, se félicite des résultats concrets obtenus en matière de développement durable. Mais il reconnaît une certaine difficulté à entraîner l’ensemble de la population dans cette dynamique.
En cette année de lancement de l’Agenda Vénissieux 2030, quels sont les points forts sur lesquels la Ville s’appuie en termes de Développement humain durable ?
« On travaille depuis très longtemps sur l’énergie, avec de très bons résultats à la clé. On dispose de très bons outils qui nous permettent de maîtriser notre patrimoine. Dans l’aspect organisationnel, notre démarche est transversale, à la fois politique et technique. Elle mobilise toute la Ville, les directions, les services. Sur la biodiversité : on dit qu’on applique le zéro-phyto depuis 2008. En réalité, la démarche a commencé dès les années 1990. »
À l’inverse, quels seraient les axes à améliorer ?
« On va travailler sur nos points faibles. Je pense au stationnement. Notre outil, c’est la zone bleue, le stationnement gratuit à durée limitée, mais qui est encore restreint géographiquement. On essaye de limiter l’impact qu’engendrent les travaux du tram T10. Prenons un autre sujet, encore plus compliqué : l’électricité. Les objectifs de production sont typiques de ces gens qui considèrent qu’il faut déployer massivement le photovoltaïque pour revendre de l’électricité sur le réseau. Jusqu’ici, la Ville priorise l’autoconsommation, comme pour la recharge des véhicules de la Ville au CTM. Si l’on considère que la vente de l’électricité photovoltaïque se fait à des prix surévalués, même si c’est de moins en moins le cas, il faut bien que quelqu’un paye. De plus, le photovoltaïque n’aide pas à la consommation la nuit. »
Comment les habitants et les entreprises perçoivent-ils le développement humain durable ? Se sentent-ils concernés par le sujet au point de s’investir auprès du Conseil citoyen dédié ?
« On a du mal à mobiliser. C’est un vrai défi. La volonté de la Ville est là. Nos agents s’engagent. Pour les acteurs économiques et les habitants, c’est plus compliqué. Tout un tas de raisons peuvent l’expliquer. Elles sont liées à la crise démocratique et politique, mais aussi à certaines contradictions. À la question : à combien j’achète un produit bio ? Les gens ne sont pas fous. Ils savent que c’est cher. Tous aimeraient acheter des produits de qualité mais ne peuvent pas. Pour la Zone à faibles émissions (ZFE) : il existe une contradiction entre ce qu’on doit faire pour l’environnement et ce qu’on peut faire sans contraindre la population. Pour beaucoup, les urgences sont ailleurs. N’oublions pas qu’on est dans un contexte de guerre qui génère aussi son lot de contradictions. Comment croire des gouvernements qui parlent de développement durable tout en mobilisant des armées gigantesques et en bombardant de partout ? Qui peut penser que les dirigeants de la Planète se préoccupent du climat ? Et puis, il faut reconnaître que certains sujets de la vie publique paraissent plus attractifs. Je plaisante avec ça, mais peut-être que si on mettait en avant un sujet comme l’immigration, il y aurait plus de réactions ! »
Dans quelle mesure toutes ces actions liées au développement humain durable pèsent-elles sur les finances publiques ?
« Il existe un enjeu de financement mais ce n’est pas le seul. Ici, le nerf de la guerre, c’est l’énergie. Réduire les consommations énergétiques est forcément vertueux. Il y a des économies à aller chercher. Concernant l’isolation des bâtiments, la Ville travaille sur la mise en œuvre du Décret tertiaire, qui oblige les acteurs à réduire leur consommation. À l’arrivée, cela représente des économies très importantes. N’oublions pas le coût de l’inaction. Si on ne prend pas en compte les enjeux, on le payera forcément un jour ou l’autre. En cas de catastrophe naturelle, on peut se dire qu’on aurait dû plus végétaliser l’espace public et imperméabiliser les sols. Maintenant, la Ville est là pour favoriser des actions. Mais les acteurs principaux sont ailleurs. »
Pourquoi rejoindre le Conseil citoyen de développement humain durable ?
« Le changement climatique, les fortes températures, tout le monde les vit. Comment s’adapter ? Cela demande des efforts. Si on ne s’engage pas collectivement, on est emporté. En restant dans son coin, chacun survit et fait ce qu’il peut. Mais si on est tous ensemble, on est plus utiles. Par exemple, si on arrive à créer des circuits d’approvisionnement pour que les habitants accèdent à des produits de qualité, ce serait une bonne chose pour tout le monde. Le travail du CCDHD sert de base de travail. Ce qui est dit ici est utilisé ensuite. »
Label Climat-Air-Énergie : la Ville décroche sa 4e étoile
Depuis août 2024, Vénissieux fait partie des rares collectivités territoriales à être estampillée Climat-Air-Énergie 4 étoiles ».
Le maire Michèle Picard a tenu à donner la primeur de l’information aux membres du Conseil citoyen de développement humain durable, jeudi 26 septembre. La Ville vient d’obtenir la 4e étoile du Label Climat-Air-Énergie, qui récompense la qualité de l’engagement de la collectivité en matière de transition écologique pour une durée de 4 ans.
Connue précédemment sous l’appellation « Cit’ergie », cette étiquette apposée par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) est la déclinaison du European Energy Award (EEA). « La démarche de la Ville est unique, estime Inès Fabre, chef de projet développement durable à la Ville de Vénissieux. Le label invite la collectivité à aller au-delà de ce que les réglementations imposent. »
L’obtention de cette 4e étoile est vécue comme un événement par les élus vénissians. Et pour cause ! Selon le dernier décompte de l’Ademe, en France, seules 27 collectivités sur les 382 territoires engagés ont quatre ou cinq étoiles. Désormais, dans le Rhône, seules Vénissieux, Lyon et la Métropole de Lyon peuvent se targuer d’avoir obtenu quatre étoiles sur les cinq disponibles.
La 5e étoile dans la lunette
En inscrivant 234 points sur 338,7 points possibles, Vénissieux exprime 69,1 % de son potentiel. Ce pourcentage mesure le rapport entre les actions qu’a réalisées la Ville et la totalité des actions qu’elle pourrait mettre en place. À titre de comparaison, il était de 54,5 % pour sa première labélisation en 2016. Pour rejoindre le cercle très fermé des sept communes françaises « 5 étoiles » (Brest, Rennes, Nantes, La Rochelle, Bordeaux, Besançon et Grenoble), il faudra dépasser la barre des 75 %. Les axes de progression sont identifiés : verdir les espaces publics, favoriser l’alimentation saine grâce à l’agriculture locale et renforcer la performance énergétiques des bâtiments, encore et toujours. Mais aussi déployer les énergies renouvelables électriques sur les bâtiments et parking publics, structurer la politique de stationnement et mettre en place un outil d’analyse de l’impact environnemental du budget.
« Ces très bons résultats valident nos choix et notre priorité de toujours associer nos actions environnementales aux dimensions sociales, économiques et citoyennes des Vénissians », commente Michèle Picard. L’audit de l’Ademe, réalisé en avril 2024, a pris en compte de nombreux critères, comme l’isolation des bâtiments, la lutte contre l’effet de serre, le développement des modes de déplacement doux, le programme de végétalisation et de création d’îlots de fraîcheur, ou encore le plan de passage en LED de l’éclairage public.
Ils font partie du Conseil citoyen de développement humain durable
Loïc (45 ans) : « Cette quatrième étoile est un bon point. Cette nouvelle étape nous invite tous à en faire plus. Cela m’invite à m’engager, comme je le suis au centre social de Parilly en tant que bénévole. Aujourd’hui, il faut développer différemment. L’énergie me semble être le sujet le plus important. Réduire la consommation énergétique est primordiale. Dans les écoles, dans les logements ou les entreprises, on consomme énormément. On chauffe trop, même chez nous. La rénovation des bâtiments et leur isolation me semblent être des priorités. La consommation d’eau est également à réduire. »
Christine (62 ans) : « Je vis à Vénissieux depuis plus de 30 ans. J’intègre le Conseil citoyen de développement humain durable pour voir de plus près comment évolue ma ville. J’ai envie d’y rester, même si c’est parfois compliqué. Je veux rendre les choses agréables. Notre environnement est de plus en plus contraint. Il y a des problèmes d’entretien, de respect et de mobilités. Ce qu’on acceptait il y a 10 ou 15 ans, on les accepte moins aujourd’hui. Je pense qu’il faut soigner l’alimentation qui est essentielle à la santé des gens. Favoriser les mobilités douces va dans ce sens-là mais c’est compliqué à mettre en place. La population a sans doute d’autres préoccupations. »
Abdallah (54 ans) : « Vénissian depuis toujours, je suis engagé en tant qu’habitant, psychothérapeute et écothérapeute. Je soigne la terre et les humains. Dans le Conseil citoyen de développement humain durable, il doit y avoir des gens d’ici. Sinon, c’est hors-sol. On doit sortir de la technicité et rendre la chose plus abordable. On doit aussi sortir de la pensée coloniale, de l’anthropocentrisme et de l’ethnocentrisme. Et arrêter de penser qu’on est importants. Comme le disait Céline, ‘la vérité de ce monde, c’est la mort’. Ce qui est important, c’est ce qui va rester, ce qui est durable. C’est pourquoi je préfère le terme ‘permaculture’ à ‘culture’. »
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