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Portraits

À travers chants

Le chanteur lyonnais Reno Bistan a mené et mène toujours plusieurs projets à Vénissieux avec la compagnie Traction avant et le collège Michelet, où il accompagne la classe à horaires aménagés en musique.

Photo Emmanuel FOUDROT

Comment devient-on auteur-compositeur-interprète ? La réponse est sans doute multiple. Pour Reno Bistan, tout a commencé par des parents férus de chansons françaises. « Ma mère écoutait beaucoup Barbara. J’ai appris en autodidacte la guitare et l’accordéon et, vers 10-11 ans, j’ai écrit mes premières chansons. »

C’est l’époque où il découvre Renaud — ce n’est que le hasard si tous deux portent le même prénom — et où il monte son premier groupe avec ses voisins, Thomas et Alice Waring, les enfants du chanteur Steve Waring. « Depuis, je n’ai pas arrêté d’écrire des chansons. J’ai continué au lycée et, vers la fin des années quatre-vingt-dix, j’ai fondé Bistanclaque. C’était un groupe très engagé, en lien avec mon quartier, la Croix-Rousse, puisque le nom venait du bruit des machines à tisser des canuts. »

Le groupe s’arrête et Reno garde le nom de Bistan. « J’ai constamment écrit et enregistré cinq disques dont un à moitié en italien. Je nourris une passion pour l’Italie et, il y a dix ans, nous avons fait un départ familial à Gênes. J’ai d’ailleurs dédié un disque à cette ville, chanté en français et en italien. »

Le chanteur mène ensuite plusieurs projets en parallèle, dont plusieurs avec la compagnie du Théâtre du Grabuge de Géraldine Bénichou — un, en particulier, a fait écrire en classe des textes pour valoriser différentes langues. C’est là qu’il retrouve Slimane Bounia, l’actuel directeur artistique de la compagnie vénissiane Traction avant.

« Je l’ai connu il y a très longtemps, au cours du tournage d’un téléfilm. Nous avions 16-17 ans. Avec lui, nous avons écrit une comédie musicale basée à Mermoz, Les Convoqué.e.s, avec des jeunes de la Métropole, dont pas mal de Vénissieux. »

Vénissieux au cœur

Vénissieux… La ville est chère à son cœur. « D’abord, explique-t-il, parce qu’elle fait partie de mon histoire familiale et politique. Mon oncle, Hubert Marrel, et ma tante, Roselyne Cote-Marrel, s’y sont rencontrés, mariés, y ont travaillé et vécu. Mon oncle a même écrit un livre sur les Minguettes. De temps en temps, Vénissieux est un lieu où je me retrouve et qui est toujours mythique pour moi. Il y a eu la grande histoire de la Marche et, dans mes jeunes années, je me suis intéressé au rap, à la break dance et j’ai rencontré la compagnie Traction avant, avec Marcel Notar et ses danseurs, des gens qui m’impressionnaient. Avec Bistanclaque, plus tard, nous avons été des habitués des Fêtes escales. Nous étions proches de ses programmateurs, Blandine Chagnard et Florent Turello, qui nous ont fait faire des concerts en appartements, participer à de petites fêtes de quartier, des ateliers dans tous les quartiers de la ville. Et, bien sûr, passer sur la scène des Fêtes escales. »

Après avoir écrit toutes les chansons du film Ciao Nonna, réalisé par Slimane Bounia et projeté au cinéma Gérard-Philipe cette deuxième semaine d’avril, Reno Bistan est reparti sur un autre projet avec Slimane.

« Nous avons travaillé avec la classe CHAM — classe à horaires aménagés en musique — du collège Michelet pour une création qui va s’étendre sur deux ans. J’ai pris les élèves par petits groupes pour leur demander qu’ils me racontent leurs vies, qu’ils déclinent quelques thèmes. Parmi ceux-là, la médiathèque de Vénissieux, les soirées d’été très chaudes où l’on se pose dans le parc, la classe CHAM elle-même, le chemin de l’école, etc. Nous avons même écrit une chanson plus rigolote sur eux qui regardent la génération d’après. »

Une première représentation de cinq chansons s’est déroulée le 21 mars dernier à l’école de musique Jean-Wiener.

Reno en profite pour expliquer comment il écrit ses chansons. « L’amorce est aussi bien textuelle que musicale. Les deux viennent ensemble, comme un fil à tirer. J’écris mes chansons dans ma tête, je me les chantonne tout le temps et le papier ne sert qu’à en garder la trace. C’est très oral ! Ensuite, avec les autres musiciens, je travaille à l’oreille. D’autres retranscrivent le tout sur des partitions, comme l’a fait Laurent Vichard dans notre projet avec la CHAM de Michelet. La forme d’une chanson est importante. Je pose un regard personnel sur les choses, avec un décalage qui donne un autre point de vue qu’un message ou un tract politique. J’ai grandi en écoutant Zebda, les Fabulous Trobadors, Massilia Sound System, Gnawa Diffusion. Et je reste aujourd’hui à l’écoute de ce qui se fait. Parmi les chanteurs actuels, le rapport au monde est plus dur à trouver et ce sont peut-être les humoristes qui ont pris la suite. »

Écolo-clips

Parmi ses nombreux projets à venir, Reno cite le Théâtre du Grabuge et Géraldine Bénichou, la comédie musicale avec Slimane Bounia et sa participation à des émissions de radio avec Olivier Minot. « Nous en avons déjà réalisé trois et on s’est lancés dans une histoire qui mélange les canuts et une révolte imaginée des ubers. Ce sera de la politique-fiction ! « 

Il évoque encore « une conférence chantée sur la bagnole, Autos-critique » et un concert jeune public, En direct de la récré, « inspiré par ce que m’ont raconté les enfants ».

Reno réalise aussi des clips savoureux (Climatosceptique, Una torta di riso…) avec Mike Guermyet, et participe avec le collectif Ensemble tout contre, au projet L’Hiver sera chaud, sur les changements climatiques.

« Effrayés par la montée de l’extrême droite, on réfléchit sur l’effondrement démocratique. On se réunit, on teste des trucs qu’on voudrait ensuite proposer dans les collèges, les lycées, partout. La transmission de la culture politique est un peu comme celle de la cuisine dans la génération de mes parents. Il y a eu une rupture dans la transmission et on s’est repris en mains pour sortir des produits agro-industriels. Il existe un parallèle avec la culture politique ! »

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