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La résidentialisation : un bout de solution contre les trafics

Pour déplacer les points de deal et retrouver la tranquillité, locataires et bailleurs croient beaucoup en l’efficacité des opérations de résidentialisation.

Les bailleurs s’attachent maintenant à donner un caractère privé aux immeubles, notamment grâce à des barrières et des digicodes. Photo Emmanuel Foudrot

La présence de vendeurs de drogue devant les allées, dans les squares et les halls dérange. À Vénissieux, le sujet revient inlassablement dans les discussions et fait l’objet de vifs échanges lors des assemblées générales des conseils de quartier. “Débarrassez-nous des dealeurs” : plus qu’un refrain, c’est un cri du cœur.

La police ne reste pas inactive. Tant s’en faut. Mais quand ils sont démantelés, les points de deal se reconstituent très rapidement. Pour redonner une certaine tranquillité aux habitants, même s’il s’agit d’une solution partielle, les bailleurs sociaux s’attachent depuis quelques années à donner un caractère privé aux immeubles. C’est ce que l’on appelle la résidentialisation : des grilles autour des bâtiments, un portillon sécurisé par badge et un parking réservé aux riverains.

  • Photo Emmanuel Foudrot
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Illustration au 56, boulevard Croizat, où la Sacoviv a circonscrit un grand immeuble. Les dealeurs sont allés trouver refuge ailleurs. “Il y avait beaucoup de problèmes ici, confie une jeune femme. Ils restaient tout le temps dans les allées. Ils ne sont pas partis bien loin mais au moins, on est tranquille.” Une maman, soulagée de ne plus constater de dégradations dans les parties communes, explique pouvoir laisser jouer sa fille au pied de l’immeuble : “Aujourd’hui, je peux la surveiller depuis la fenêtre.”

Sur le Plateau, le bailleur vénissian travaille sur un projet similaire au Couloud. Certains émettent pourtant quelques réserves. “Je ne pense pas que ça change quelque chose, estime un homme, résigné. Regardez l’immeuble d’à côté : il a beau être clôturé, ils cassent la barrière et détruisent la caméra. Le week-end, ils squattent en permanence. Ils vendent, ils consomment. Ils viennent de loin, parfois de l’Isère. Ce sont des bandits de grand chemin !”

“On déplace de gros dealeurs”

Convaincus de l’efficacité de la résidentialisation, les bailleurs piochent dans leurs fonds propres pour investir dans ce type d’opérations, tout en sollicitant des aides publiques, principalement de l’Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine). Le coût de ces aménagements varie. Boulevard Croizat, et à l’angle Duclos-Rosenberg, la Sacoviv a déboursé 100 000 euros. Alliade Habitat, qui porte huit projets de résidentialisation, donne une fourchette allant de 26 000 euros pour une simple barrière, à 150 000 voire 180 000 euros pour une résidentialisation comme celle de Rhapsodies.

Selon Bénédicte Chaillot, directrice de la maîtrise d’ouvrage chez Lyon Métropole Habitat (LMH), une résidentialisation complète mobilise des ressources importantes : “Cela peut monter à 500 000 euros pour un gros bâtiment d’une centaine de logements.” Depuis six mois, LMH travaille sur ses sept tours de la Darnaise, boulevard Lénine. “On ne clôture pas mais on reconfigure les halls et les pieds de tour, précise Bénédicte Chaillot. Cela nous coûte 700 000 euros par tour. On déplace de gros dealeurs. On y va à tâtons.”

3 questions à Pierre-Alain Millet, adjoint au logement

“Pas une solution parfaite, mais on aurait tort de ne pas s’en servir”

Photo d’archives Raphaël Bert

La résidentialisation ne fait-elle pas que déplacer les points de deal?

En effet, cela ne résout ni le problème des trafics ni celui de la consommation de drogue. Mais une fois chassés, les dealeurs doivent tout de même se réadapter. On peut donc espérer que cela réduit l’impact de leurs activités. Certes, ce n’est pas une solution parfaite mais on aurait tort de ne pas s’en servir. On se doit de redonner aux habitants le cadre de vie auquel ils ont droit.

Comment éradiquer ce fléau ?

Il faut aussi agir sur la consommation et lutter contre les addictions. Ce problème de santé publique ne préoccupe pas grand monde. Sur le terrain, on note une forte répression du trafic. La police réalise un énorme boulot. Mais ce n’est pas qu’un problème local. Dans la chasse à l’importation, quelle part de marchandise capte-t-on ?

Le modèle d’habitat social ouvert appartient-il au passé ?

Certains l’idéalisent parce qu’il favoriserait les rencontres. Dans la réalité, c’est très mal vécu. D’ailleurs, plus personne ne recherche ce critère lorsqu’il demande un logement. Ce type d’habitat favorise les mésusages, comme les rodéos motorisés, la bricole automobile ou le dépôt d’encombrants. On ne sait plus chez qui on est, à qui appartient la pelouse en bas de l’immeuble… Marquer la transition entre un lieu public et privé aide à adopter de bons comportements. Les gens veulent investir un espace dans lequel ils se sentent bien.

En France, les trafics et les fusillades explosent

Dans le Rhône, le nombre de points de deal a diminué de 11 % en quatre mois.

Le trafic de stupéfiants draine son lot de violences. Des fusillades éclatent dans le cadre de règlements de comptes, parfois jusqu’au pied des immeubles. Le phénomène ne touche plus uniquement les grandes villes et leurs proches banlieues. Il s’étend désormais aux villes de taille plus modeste. Ces dernières semaines, des fusillades mortelles ont eu lieu à Cavaillon, Valence, Villerupt et Verdun. À Vénissieux, même si lien avec le trafic de drogue n’a pas été établi de façon certaine, les derniers coups de feu entendus remontent au mardi 16 mai. En plein après-midi, les passants et riverains de l’esplanade Jean-Cagne et les clients des commerces de Vénissy ont pu entendre trois détonations. Un blessé est à déplorer : un adolescent, touché à la nuque.

Le ministère de l’Intérieur martèle que la lutte contre la drogue est une priorité. Selon le dernier rapport de l’Office antistupéfiants (Ofast), 15 160 points de deal ont été démantelés en 2022, contre 5 849 en 2021 (+ 159 %). En termes de saisies, 2022 a été l’année de tous les records : 128,6 tonnes de cannabis, 27,7 tonnes de cocaïne et 1,4 tonne d’héroïne. Dans le Rhône, la préfecture a dressé un premier bilan de l’année 2023 : de janvier à avril, 555 trafiquants ont été mis en cause (+ 26 % par rapport à 2022), le nombre de points de deal a diminué de 11 %, et les forces de l’ordre ont saisi plus de 600 kg de cannabis, 41 kg d’héroïne et 15 kg de cocaïne.

1 Commentaire

1 Commentaire

  1. Habitant

    31 mai 2023 à 6 h 20 min

    Le trafic de drogue est une économie parallèle qui permet l’argent facile. La ville est de plus en plus impactée, les services de police devraient être renforcés pour permettre aux habitants de vivre en sécurité. barricader les immeuble ne suffira pas est déplacera le problème.

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