Le 2 avril, la barre de Monmousseau sera entièrement détruite pour laisser place à de nouveaux logements, construits dans le cadre de la rénovation urbaine. Un important dispositif est d’ores et déjà mis en place pour préparer l’évacuation ou le confinement des quelque 2 000 personnes qui vivent autour.
J-1 : évacuation des véhicules
Le 2 avril à 6h30 : les résidents quittent leurs logements
10h30 : implosion de la barre
13 heures : les résidents peuvent regagner leurs domiciles
C’est une opération d’envergure. Le 2 avril, la barre de Monmousseau ne sera plus que gravats et poussières. L’immense immeuble qui domine le vieux bourg doit effet en effet céder sa place aux logements prévus dans le cadre du Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU). C’est le procédé dit de “foudroyage” (comprendre : destruction par explosifs) qui a été retenu. L’opération, préparée de longue date et plusieurs fois repoussée, ne prendra que quelques heures.
Les derniers locataires avaient été relogés entre mai 2016 et juillet 2018 par le bailleur ICF Habitat, en collaboration avec l’agence lyonnaise d’ingénierie sociale Apertise Conseil, et avec le soutien de la commune. Selon Nadège Graglia, responsable communication chez ICF, “55 % d’entre eux ont été relogés à Vénissieux, 38 % dans la métropole, tandis que quelques ménages ont pris la décision de se rapprocher de leur famille dans d’autres régions”. D’après une enquête de satisfaction interne, 88 % des personnes interrogées se disent “satisfaites”, voire “très satisfaites”, des conditions de leur relogement.
Les travaux de démolition ont débuté en janvier 2020 après deux ans de préparation. À l’heure où nous écrivons ces lignes, ne restent quasiment que les murs, les engins chantier et les ouvriers. Reste donc à préparer la phase finale. Pour protéger des émanations de poussière les populations qui vivent autour de la barre, deux périmètres de 400 logements ont été définis. Dans le premier, les habitants devront impérativement quitter leur logement de 6h30 à 13 heures. Ceux qui vivent dans le second pourront rester confinés. Mais ils devront fermer leurs volets et rester éloignés des fenêtres entre l’implosion et le signal sonore émis par les autorités.
Opération recensement
Les 7 et 14 janvier, les résidents concernés ont reçu un courrier postal explicatif les avertissant du recensement, qui a débuté le 15. “L’objectif était de déterminer leurs besoins, explique Nadège Graglia. Ils sont différents pour une personne âgée, une maman avec des enfants ou de jeunes adultes. Quant aux personnes présentant des problèmes médicaux, elles ont été invitées à remplir un questionnaire que nous avons transmis à la Communauté professionnelle de santé territoriale (CPTS) de Vénissieux. C’est elle qui a défini les protocoles de prise en charge et mis en place les moyens adaptés, bien entendu gratuits pour les personnes concernées.”
Pour ce recensement, ICF Habitat a mobilisé, en collaboration avec l’agence d’événementiel Missae, une équipe de neuf personnes dont sept enquêteurs. Ces derniers, âgés de 19 à 35 ans et principalement Vénissians, ont bénéficié de deux jours de formation. Ils ont effectué à eux seuls 500 heures de travail sur le terrain, du 15 janvier au 3 février. “Nous avons été extraordinairement bien accueillis”, assure Laurent Duret, qui a supervisé l’opération pour Missae. Ce que confirment les enquêtrices vénissianes Sara et Ludmilla. “Cela fait bizarre, cette barre, on l’a toujours connue. Ce sera un vrai changement”, ajoutent-elles de concert. Pour sa part, Nadège Graglia rappelle que “l’aspect émotionnel est toujours présent lors des démolitions d’immeubles. À Vénissieux, nous avons rencontré des gens qui ont grandi dans cette barre, où leurs parents vivaient encore il y a peu de temps. C’est un pan de leur histoire personnelle qui s’en va.”
Le jour J, 60 personnes environ, en plus des forces de l’ordre et des personnels de santé, seront mobilisées pour conduire les habitants vers les points d’accueil.
Courtieu
1 mars 2021 à 9 h 54 min
Je suis arrivée dans cette immeuble en 1965 je n’avais pas 1 ans je suis en pêne de voir disparaître le premier souvenir de ma vie ce bâtiment cossus qui venait de ce construire à l’époque. Aujourd’hui j’ai 55 ans voyez comme il est vieux il a mon âge je garderai au plus profond de mon cœur le souvenir de cette bâtisse que j’ai temps aimé
Bossuat
19 février 2021 à 17 h 00 min
Moi, je me souviens d’un beau travail photos fait par des jeunes en 2016 je crois ? J’étais venue de Lyon voir leurs photos sur les murs. Quelle fierté avaient-ils devant leur immeuble!
Un livre a dû reprendre ce témoignage ?
Bruno
10 février 2021 à 16 h 27 min
Partagé. Certes ces barres sont disgracieuses, énormes, bouchant le paysage, et sans doute avec autant de gens concentrés, un nid à problèmes de voisinage.
Maintenant, détruire autant de logements sociaux (les premières tours dans ce quartier détruites en 83, elles devaient avoir 20 ans alors) encore relativement récents… c’est quand même du gaspillage.