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Arlette Persch, mémoire vivante

Arlette Persch vient de souffler 100 bougies. Elle réside toujours dans le quartier du Centre, où elle a tenu un bar durant des décennies.

1923, naissance d’Arlette Persch, née Revoil. Persch et Revoil, des noms bien ancrés dans le paysage vénissian. Début septembre, Arlette, centenaire depuis un bon mois, nous accueille au 3e étage – sans ascenseur – dans son appartement du centre de Vénissieux, avec deux de ses enfants, Maurice et Chantal, fraîchement septuagénaires, prêts à lui souffler quelques dates oubliées, quelques noms écorchés. “Il m’arrive de ne pas me souvenir de tout, prévient Arlette. Vous savez, je n’ai pas grand-chose à raconter, j’ai eu une vie simple qui me convenait et qui me convient encore.” Une centenaire qui ne parle plus, ou alors seulement parfois du bout des yeux comme le chantait Jacques Brel ? Ou éventuellement du bout des lèvres ?

Maurice intervient, glisse à sa maman des noms de rue, à commencer par la rue Victor-Hugo, où elle a tenu un bar pendant trois décennies, d’abord dans une petite maison, démolie en 1962, puis au rez-de-chaussée de l’immeuble de quatre étages qui a poussé au même emplacement. “Ah, la rue Victor-Hugo si animée, et le bar des Vrais Amis créé par mes parents, les Revoil dans les années 1900, c’était toute époque.” À l’évocation de cette tranche de vie savoureuse, la mémoire de la centenaire s’ouvre : “Après mon certificat d’études, j’avais fait une école de coiffure, et j’exerçais place des Jacobins à Lyon. Je devais avoir une bonne vingtaine d’années. Les bons moments, on les passait vraiment au bar, il y passait du monde, des gens de toutes sortes, notamment les commerçants de cette rue : une boulangerie, une boucherie, une laiterie, une charcuterie tenue par la famille Cottaz, un coiffeur, Pozzi…” Sur ce dernier, Maurice ose un clin d’œil affectif : “Avec lui, c’était simple, il vous mettait un bol sur la tête, et il rasait.”

Au bar des Vrais Amis

Le bar était incontestablement l’attraction du coin, il y régnait une ambiance incroyable avec à l’arrière-cour ses quatre jeux de boules. “Ma mère s’occupait de la restauration, une cuisine familiale, évoque Arlette. Les équipes de rugby, de football, les boulistes et une association des anciens combattants avaient choisi le bar des Vrais Amis comme siège. Après le décès de mon père, à tout juste 44 ans, j’ai quitté la coiffure, rejoint le bar restaurant, et démarré une nouvelle vie professionnelle qui m’a comblée.”

On a coutume de dire que ressasser des souvenirs est un signe de vieillesse. Pas avec Arlette. Quand elle revisite son Vénissieux, son regard s’illumine et nous aimante. “J’ai tout connu aux Vrais Amis. Même durant la 2e Guerre, j’étais un peu plus jeune, peut-être séduisante comme on peut l’être à vingt ans. Un jour, des Allemands sont entrés dans le bar, pour consommer vraisemblablement.” Maurice et Chantale en rient encore et précisent : “Elle a pris la poudre d’escampette, les Allemands la cherchent encore.” S’ensuivent d’autres tranches de franches rigolades… Comme le mariage animé d’Arlette, avec un défilé impressionnant rue Victor-Hugo. Arlette reprend la main : “On aimait se retrouver entre amis, proches et voisins. Le 13 juillet était sacré. On faisait appel à un orchestre, on dansait au son de l’accordéon, on buvait, mangeait, c’était simple, sans prétention, mais cela nous rendait heureux. Notre plus belle réussite a été la création de la société des Cabossés au sein même du bar restaurant. Celui qui y entrait devait apporter humour et déconnade sans vulgarité. Sinon, il mettait des sous dans la cagnotte. Voilà, on s’amusait de cette manière.”

Son secret ? La simplicité

Arlette ne pouvait échapper à la rituelle question. Quelles sont les recettes de sa longévité ? Ne dit-on pas que les centenaires sont généralement des personnes gaies, optimistes ? Certains assurent qu’il faut user de tout mais n’abuser de rien. Frère et sœur s’en amusent et acquiescent. “Elle a eu une vie très simple. Ses moments de bien-être, même aujourd’hui, c’est de voir les gens autour d’elle s’amuser, chanter, rire. Dans ces années-là, Vénissieux c’était un village où tout le monde se connaissait. Et Arlette de compléter : “En fait, je n’ai rien fait de spécial, j’ai beaucoup travaillé, mon mari était employé à l’usine Maréchal. Je n’étais pas forcément fan de musique ou de littérature, la télé bof… Manger sainement, voir mon entourage et prendre du bon temps me suffisait.”

Maurice, qui a été pendant plus de trente ans commercial chez Pernod, puis chef de vente chez l’un des leaders des vins et spiritueux, rajoute : “Ma maman a un bon coup de fourchette. Et elle a toujours apprécié son petit apéro, un “Quina” composé de vin, de gentiane, d’écorces de quinquina, d’orange amère, au goût original et rétro dans la pure tradition des apéritifs d’autrefois. Sans en abuser.”

En la questionnant une dernière fois, sur ses copines ou voisines qui ne résident pas très loin, mais qu’elle voit moins qu’autrefois, Arlette révèle qu’elles sont à peine moins âgées qu’elle. “Marcelle doit avoir 96 ans, comme Georgette ou Marie-Louise, je crois que Reine doit en avoir 98.”

Pour ces 100 ans, une grande fête a été organisée au foyer Roger-Vailland, début septembre. Près de 80 convives ont félicité Arlette.

4 Commentaires

1 Commentaire

  1. GOMEZ MARIE CLAUDE

    29 septembre 2023 à 19 h 06 min

    Arlette, quelle belle personne, toujours souriante et gaie. Amie fidèle de mes parents Titi et Gigi Pozzi, toujours prêts à faire des blagues, dans ce club des cabossés.
    Super fête d’anniversaire, Arlette a été très entourée.

  2. J. MOLLARET

    21 septembre 2023 à 19 h 05 min

    Un beau souvenir pour les anciens de Vénissieux? Il faut encore tenir le coup pour passer de bonnes années parmi nous. Et bon ANNIVERSAIRE.

    PS: Mes amitiés à Maurice

  3. Willy

    19 septembre 2023 à 20 h 08 min

    Bravo mémé 😘une grande dame !!

  4. Persch

    19 septembre 2023 à 19 h 26 min

    Merci beaucoup pour votre hommage!!

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