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Cité Coblod : feu vert pour l’aménagement transitoire

Le réaménagement de l’ancienne cité cheminote se précise. Six acteurs de l’économie sociale et solidaire ont vu leur dossier validé. Ils devraient s’installer courant 2023. Mais la sécurité au sein de la friche, qui reste perfectible, soulève quelques interrogations.

La friche, d’une superficie de 5,9 hectares, est située entre la garde de Vénissieux, le pont Berliet et le boulevard du Docteur-Coblod (photo Yohan Didier).

La cité Coblod ne devrait pas tomber dans l’oubli. Cette ville dans la ville, jadis habitée par des cheminots, est inanimée depuis trois ans. Dans les semaines ou mois à venir, cette friche de 5,9 hectares devrait pouvoir revivre. L’appel à projets de SCNF Immobilier et du bailleur ICF Habitat Sud-est Méditerranée, pour développer un projet d’urbanisme transitoire, a trouvé preneurs.

Le site, placé entre la gare de Vénissieux et le pont Berliet, est propriété de SNCF Voyageurs, SNCF Réseau et ICF. Sur le papier, il est prêt à accueillir une poignée d’activités liées à l’économie sociale et solidaire. Ici, l’agriculture urbaine, le bien-être animal et l’écologie sont au cœur du projet (voir par ailleurs).

Une installation transitoire sur 5 ans

Dans les faits, il reste du travail pour faire place nette sur ce « patrimoine à valoriser ». Les voies d’accès et les espaces verts de la « Cité-Jardin des Coblod » sont encore très dégradés. Bien que le site soit clôturé et accessible avec un digicode, on déplore encore des intrusions. Le lotissement abandonné reste un terrain de jeu pour les squatteurs et casseurs. Cette réalité semble freiner certaines structures candidates à l’installation, qui prennent en charge l’aménagement de leurs parcelles et bâtis. « Il n’y a rien à voler, peut-on lire sur une affiche manuscrite placardée sur une maisonnette. Merci d’arrêter de forcer et casser nos maisons. »

Le pionnier de la Cité-Jardin a d’ailleurs fait les frais de cette insécurité. Installé courant 2022, Les Clés de l’Atelier a plié bagage après avoir déploré plusieurs cambriolages. Cet organisme de formation bâtiment second œuvre avait investi un bâtiment pour y dispenser des formations in situ.

À Coblod, l’aménagement ne sera que temporaire. On parle ici d’urbanisme transitoire ou d’urbanisme temporaire, selon les termes de la société Ma Friche urbaine, qui guide le projet. Les futures installations n’auront qu’une durée de vie limitée, programmée à cinq ans.

23 porteurs de projet étaient intéressés. Six ont été sélectionnés. La plupart des dossiers sont aujourd’hui ficelés et n’attendaient plus que les feux verts administratifs. En janvier, lesderniers permis de construireet d’aménager étaient en cours de validation. Toutefois, le groupe SNCF précise que le calendrier d’installation n’est pas encore totalement bouclé.

« Forcément, toute cette démarche est longue, observe Yolande Peytavin, première adjointe au maire, chargée du Développement de la ville. En urbanisme, il y a des règles à respecter. On ne peut pas poser ses valises comme ça. D’un côté, les associations ont besoin de temps pour s’organiser. Et les petites entreprises ont toute la partie juridique et les montages financiers à gérer. Certains ne sont pas totalement prêts. On y verra plus clair cet été. »

Zoya veut faire pousser ses salades jusqu’au plafond

Visuel Zoya.

Depuis quelques années, de nouveaux types de fermes s’érigent aux quatre coins du monde. À New-York, Dubaï ou Tokyo, on fait pousser des fruits et légumes sans le moindre gramme de terre, dans des bâtiments, à l’abri des aléas climatiques et des parasites. Le concept futuriste de ferme verticale est sur le point d’arriver à Vénissieux.

À Coblod, la start-up lyonnaise Zoya projette de bâtir un bâtiment modulaire de 360 m² pour produire des salades et des micropousses. La surface de production étagée représentera 630 m², pour une emprise au sol de seulement 180 m². Les végétaux, installés sur plusieurs couches, se développeront par hydroponie. « Le substrat, de la fibre de coco, est irrigué par de l’eau filtrée, explique Hugo Jacomelli, le dirigeant. Cela évite les contaminations. Avec ce système, une salade, qui absorbe 26 litres d’eau en pleine terre, n’a besoin que de 20 millilitres. »

L’éclairage des LED se substitue aux rayons du soleil. « La consommation électrique est plus forte mais peut être compensée par l’absence du coût de la chaîne logistique, justifie l’entrepreneur. On court-circuite le grossiste et la phase de refroidissement. On peut livrer quasiment deux heures après la récolte. »

Pour mettre au point sa ferme pilote, Hugo Jacomelli puise dans un budget conséquent : 400 000 euros, dont un apport de 75 000 euros de la banque publique d’investissement Bpifrance. Cet ancien étudiant en Marketing espère créer cinq emplois : deux pour la récolte, un ingénieur agronome, un ingénieur industriel et un développeur.

Solivet prend en pension les chiens de SDF

Côté gare, une pension canine solidaire occupera une maison et plus de 2 000 m² de terrain. L’association Solivet – contraction de « solidaires » et « vétérinaires » – existe depuis 2020. Elle travaille en lien avec les acteurs sociaux pour favoriser le retour et le maintien à domicile de personnes précaires.

À Vénissieux, Solivet prendra en charge leurs compagnons à poils pour les libérer de certaines obligations. « Dans 90 % des cas, on accompagne des sans domicile fixe, confie Théo Noguer, le directeur. Les 10 % restants sont déjà en logement mais souffrent du syndrome de Noé : ils accumulent les animaux de compagnie sans pouvoir les prendre en charge correctement. »

Pour installer sa pension canine, Solivet cherchait un emplacement en cœur d’agglomération mais suffisamment loin des habitations pour ne pas générer de nuisances sonores. Avec Coblod, son directeur dit avoir trouvé « la perle rare ». « Un loyer d’1 euros le m² à l’année, c’est vraiment symbolique ! »

La moitié des 24 box sera louée en « social », pour la modique somme d’1 euro par jour. Les 12 autres, ouverts à tous types de propriétaires, seront facturés 25 euros par jour « pour équilibrer le modèle économique ». « En général, une pension canine coûte entre 25 et 30 euros par jour, » précise Théo Noguer.

Pour fonctionner, l’association prévoit de recruter six personnes en insertion en 2023, plus deux personnels administratifs. Le parc détente de la pension canine verra se côtoyer Labradors, Beaucerons et autres Bergers. « Beaucoup de gros chiens, constate le vétérinaire. Ils sont impressionnants mais super sympas dans 99 % des cas. Dans la rue, ils se sont sociabilisés et ne présentent pas de problèmes de comportement. »

Janus : la vélo-école

Photo d’archives Raphaël Bert.

Contrairement à ses futurs voisins, Janus France a déjà pignon sur rue à Vénissieux : l’association, qui favorise le développement de l’usage du vélo comme moyen de locomotion,  fêtera ses 10 ans en 2023. Elle possède deux pieds à terre en ville. Son petit atelier au lycée Sembat-Seguin est dédié aux pièces d’échange et aux vélos récupérés. L’atelier principal n’est qu’à quelques coups de pédale du futur site Coblod… Précisément au 47, boulevard du Docteur-Coblod, soit 150 mètres plus bas.

« On avait besoin d’un nouvel atelier de réparation et de stockage, explique Rodrigue Yao Ogoubi, président fondateur de Janus. Cette implantation doit également servir à la vente et à l’apprentissage de la conduite. »

Janus France souhaite ainsi aménager une ancienne maisonnette de 170 m² en cœur de la friche. Élèves et moniteurs de la vélo-école pourraient rouler sur les voiries du site en toute sécurité, hors circulation. Le projet est mûrement réfléchi… mais l’association n’a, à ce jour, pas démarré les travaux de réhabilitation.

Humanimaux promeut la zoothérapie

Photo DR.

La ferme des Humanimaux sera dédiée à la thérapie assistée par animal. Cette pratique consiste à améliorer la santé mentale et physique d’une personne en la mettant en contact avec un animal.

Marion Picot, diplômée de l’Institut français de zoothérapie, travaille en tant qu’intervenante en médiation animale. Cette ancienne aide-soignante en cardiologie développe son activité au bénéfice de personnes de tout âge. Elle intervient dans des crèches, des centres de rééducation pédiatrique, des Instituts médico-éducatifs, des hôpitaux psychiatriques ou encore des maisons de retraite.

« J’accompagne des personnes atteintes de divers troubles ou pathologies, y compris des gens souffrant d’un déficit de confiance », résume-t-elle. Marion Picot cherchait un espace bien placé dans la Métropole de Lyon pour pouvoir accueillir de petits groupes. Elle a été séduite par le dossier Coblod. Sa ferme, dont les travaux ont commencé en août 2022, occupera plus d’un hectare de terrain.

« Le but n’est pas d’ouvrir le lieu au grand public, prévient-elle. Pour commencer, je souhaite travailler avec des structures et écoles du coin. » Marion Picot dispose de nombreux  compagnons : de Pipoura, délicate colombe « poids-plume » à Lya, un Border Collie friand de caresses, en passant par les lapins et cochons d’Inde. « Je compte intégrer deux chèvres et des poules. Plus tard, j’aimerais avoir un poney et un cheval. »

Estime mise sur l’insertion grâce au maraîchage

Photo d’illustration Weckerts de Pixabay.

L’exploitation agricole urbaine grignotera 3 hectares, soit la moitié de l’espace disponible. Le projet du groupe Estime, acteur de l’insertion par l’emploi, est mûr. L’activité s’articulera sur trois parcelles : le long du boulevard, côté voie ferrée et sur les anciens terrains de tennis de la cité cheminote. Le travail d’évacuation de déchets, d’abattage d’arbres, de débroussaillement et de préparation des sols est colossal. Il s’étale sur plusieurs mois.

L’activité de production maraîchère occupera une bonne partie des terrains. « On y plantera des légumes diversifiés, précise l’association. Des carottes, des tomates, des courgettes des choux… Tout ce qu’on retrouve dans nos assiettes. On devrait également récolter des fruits et légumes plus exotiques. »

Estime réservera une partie de son activité à la culture hors-sol ou en bacs. C’est le principe de l’agriculture urbaine. « Il y aura un jardin expérimental, pour des cultures plus techniques pour développer des compétences spécifiques. On fera pousser des plantes aromatiques, du safran et même des algues comme la spiruline. »

Le groupe Estime souhaite recruter des chômeurs de longue durée et des bénéficiaires des minima sociaux. Les futurs ouvriers maraîchers et chargés de communication seront recrutés en CDI. « Ils seront ciblés pour leurs capacités et leurs envies. On vise cinq postes pour la première année, avant d’augmenter peu à peu. »

L’association compte vendre ses produits frais aux professionnels : la cuisine centrale, ou des entreprises du secteur, avec un système de paniers. « On aimerait aussi livrer à vélo des paniers aux particuliers. »

OuiCompost offre une seconde vie aux déchets alimentaires

Photo OuiCompost.

Deux conteneurs maritimes sont visibles depuis le boulevard Ambroise-Croizat. L’équipement servira à fabriquer du compost. Sur sa parcelle de 2 000 m², OuiCompost ambitionne d’en produire entre 200 et 300 tonnes par an. L’entreprise fondée en 2019 monte en charge de manière exponentielle : 25 tonnes compostées en 2020, 52 tonnes en 2021, puis 160 en 2022. Pour l’heure, la transformation s’opère sur deux sites, à Lyon. « La Métropole parle de 20 000 à 30 000 tonnes de biodéchets produits sur le territoire, avance Benjamin Salel, responsable technique. Le gisement est énorme ! »

C’est à vélo cargo que OuiCompost sillonne les rues de l’agglomération pour collecter ces précieux déchets verts ou alimentaires qu’elle valorise. « On récupère majoritairement auprès des professionnels, affirme Benjamin Salel. Fleuristes, restaurateurs ou traiteurs. Ainsi, on évite l’incinérateur. Il faut 100 tonnes de biodéchets pour produire 20 tonnes de compost qui servira à fertiliser des sols. »

Parmi ses clients, l’entreprise lyonnaise compte des maraîchers urbains, des jardiniers amateurs ou des citadins qui cultivent sur leur balcon. « On n’a pas assez de volume pour les agriculteurs, » précise Benjamin Salel.

Sur la plateforme de Vénissieux, un ou deux salariés devraient être opérants : « On reste proche de Lyon, donc très local. Il est essentiel de s’implanter en milieu urbain pour ne pas avoir à trop circuler. À Coblod, il y a un écosystème intéressant. On partage tous les mêmes valeurs. »

La Métropole cherche à stocker ses feuilles mortes

La Métropole de Lyon cherche un espace où ses agents pourraient stocker ponctuellement des feuilles mortes. À Coblod, les services métropolitains ont repéré une bande de terrain disponible : « Ce process nous permet d’optimiser nos chantiers et éviter des allers-retours vers un centre de valorisation. Toutefois, nous n’avons pas encore accès au site. À ce jour, aucune convention n’a été signée. Aucune feuille n’a été déposée sur ce site. »

L’urbanisme transitoire a acquis ses lettres de noblesse

Ce concept d’aménagement temporaire offre une seconde chance à des espaces vacants tels que des bâtiments de bureaux inutilisés, une usine désaffectée ou un simple terrain vague.

Photo Yohan Didier.

L’urbanisme transitoire est très en vogue depuis quelques années. Désormais, les propriétaires de friches urbaines commerciales ou industrielles voient d’un bon œil l’arrivée de nouveaux occupants sur leur terrain laissé à l’abandon. L’idée est de revaloriser un patrimoine déclinant. Les associations ou entreprises prenant possession des lieux prennent l’aménagement et l’entretien du bâti à leur charge, éloignant ainsi le spectre de la dégradation.

Selon le ministère chargé du Logement, la méthode « contribue à révéler des opportunités de lieux et des opérateurs que les études traditionnelles ne permettent pas toujours d’identifier. » L’administration relève de nombreux bénéfices profitant à la collectivité, aux propriétaires et aux porteurs de projets : la création de « lieux d’échanges entre usagers », une « limitation des dépenses d’entretien », ou encore l’émergence d’opportunités pour les occupants.

Un regain d’activité est de nature à éviter au propriétaire un certain nombre de désagréments : principalement du vandalisme, des incendies, des squats avec nuisances sonores. Dans le voisinage, une présence humaine sur site rassure. Un espace occupé redonne vie au quartier et éloigne la délinquance.

Le concept était parfois jugé comme farfelu à ses débuts dans les années 1980-1990. Les friches étaient souvent occupées par des artistes, des communautés alternatives ou des mal-logés. Désormais, l’urbanisme transitoire est à la fois mieux défini et bien développé. Aujourd’hui, les collectivités se sont emparées de cet outil qui réinvente les projets urbains. Aménageurs, promoteurs et bailleurs sont également friands de ce type d’initiatives. La naissance d’un grand projet immobilier ou l’aménagement d’une zone d’activités pouvant prendre de longues années, offrir une nouvelle vocation à un site désaffecté garantit un vrai dynamisme.

227 projets recensés en région parisienne

Les premières tendances ont été observées en région parisienne ces dix dernières années, où le prix de l’immobilier, en forte hausse, avait accentué le phénomène de spéculation. Ainsi, depuis 2012, L’Institut Paris Région recense 227 projets d’urbanisme transitoire validés en Île-de-France.

Des structures spécialisées telles que La Belle Friche, Plateau urbain ou Looking for Architecture ont essaimé. Leur savoir-faire permet aux structures intéressées de signer des baux avec des loyers peu onéreux. Elles accompagnent à la fois les acteurs portant des projets de réhabilitation temporaire et les propriétaires de friche. Le phénomène a fini par gagner la région lyonnaise à la fin des années 2010. Citons pêle-mêle La Cimenterie éphémère (Albigny-sur-Saône), Les Halles du Faugourg (Lyon 7e) ou encore L’Autre Soie (Villeurbanne). À Coblod, c’est Ma Friche urbaine qui joue le rôle d’assistant à maîtrise d’ouvrage.

Une fois la page des « Jardins de Coblod » tournée, le site devrait être intégré à un ambitieux projet de réaménagement urbain, d’envergure métropolitaine. Les pouvoirs publics parlent d’un futur « Quartier Gare », parfois appelé « Urbagare ». L’idée est de transformer l’entrée de ville tout en mettant en valeur une porte d’entrée de l’agglomération. « La Zone d’Aménagement concerté (ZAC) n’est pas encore déclarée, précise Yolande Peytavin, qui suit le dossier depuis ses balbutiements. Il est question d’un nouveau pôle, construit autour de la gare de Vénissieux. Il y aura des logements, des commerces, des espaces verts et des équipements publics. »

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