Deux ans après le début du procès qui oppose Renault Trucks à près de 1 200 de ses salariés, 200 personnes se sont réunies devant l’usine de Vénissieux pour rappeler leur détermination.
C’était il y a deux ans, jour pour jour. Le plus important procès en France, en termes de nombre de personnes concernées, débutait devant les Prud’hommes. Au total, ils sont 1 200 salariés à demander réparation pour préjudice d’anxiété après avoir été exposés pendant trente ans à l’amiante sur le site de l’usine Berliet-RVI, devenue Renault Trucks, à Vénissieux. Et vendredi 12 mars, près de 200 personnes se sont réunies devant l’usine, pour montrer qu’ils sont toujours autant déterminés à obtenir gain de cause.
La décision du tribunal, tant attendue, doit être rendue le 8 avril prochain, après plusieurs reports dus à la situation sanitaire.
À la tête de cette mobilisation, on retrouve l’APER, l’Association prévenir et réparer, qui accompagne les plaignants depuis le début du mouvement. Jean-Paul Carret, son président, espère un jugement favorable aux salariés. “Cela fait des années que ça dure, on a une population de plaignants qui est majoritairement retraitée, une quarantaine de personnes sont décédées depuis deux ans, quelques-uns à cause de l’amiante.” D’après lui, il y aurait ainsi une dizaine de victimes de l’exposition à l’amiante.
Odette Vidal, 69 ans, est aujourd’hui à la retraite. Elle a fait toute sa carrière en tant que chimiste chez Renault, dont 25 ans sur le site de Vénissieux. “C’est important d’être là. Pour le moment, je n’ai pas de pathologie mais il faut penser à ceux qui sont malades. J’ai un ancien collègue qui est décédé d’un cancer dû à l’amiante, c’est très grave, il faut se battre pour ces familles.”
“Il y avait de l’amiante de partout”
Les salariés présents demandent surtout des explications de la part du constructeur. “Aucune médiation n’a eu lieu, ils ont nié pendant des années la présence de l’amiante, maintenant, ils disent le contraire, affirme Jean-Paul Carret. Ils expliquent que ce n’est pas dans toutes les zones de travail… Mais on se croise, on bouge d’un endroit à l’autre dans les bâtiments. Il y avait de l’amiante de partout, dans les bureaux, dans les murs, dans les plafonds, les couloirs, tous les salariés étaient exposés.”
Marcel est lui aussi retraité de chez Renault. Il y a travaillé pendant 43 ans, dans la maintenance générale. Il était présent au procès en mars 2019 et s’en souvient encore : “L’avocate disait ‘regardez, personne n’est en chaise roulante, aucune personne n’est malade’ mais ce n’est pas parce que nous ne sommes pas malades qu’on n’a pas le droit de se défendre.”
Jean-Paul Carret espère “que le juge ne va pas tenir compte des dires de l’entreprise et que tout le monde va être indemnisé correctement”. Mais si le jugement ne convient pas aux salariés, ils n’hésiteront pas : “On est susceptibles de faire appel”, prévient Jean-Paul Carret.
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