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Un nouveau contrat de ville pour gommer les inégalités

Vendredi 12 avril, la Métropole de Lyon et l’État ont signé « Engagements quartiers 2030 », le nouveau contrat de ville métropolitain. Une étape essentielle pour une ville comme Vénissieux, où les pouvoirs publics jouent un rôle majeur dans les quartiers prioritaires.

Ce nouveau contrat définit les actions de la politique de la ville pour la période 2024-2030.

En 2023, 33 % des Vénissians résidaient en quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV). Depuis la mise en place de la nouvelle géographie prioritaire, le 1er janvier dernier, cette proportion a considérablement évolué. Désormais, 44 % des Vénissians vivent dans un QPV. Soit 29 000 habitants. Il va sans dire qu’avec ce nouveau découpage, le nouveau contrat de ville revêt encore plus d’importance.

Ce document, dénommé « Engagements Quartiers 2030 », définit la politique de la ville pour les six années à venir dans les 43 QPV de l’agglomération. 250 engagements mesurables y sont inscrits. Le contrat s’articule autour de six enjeux structurants couvrant de nombreux aspects du quotidien des habitants : l’accès aux droits et services, la tranquillité, l’emploi, l’insertion et le développement économique, l’éducation, l’habitat et la culture, sport, santé et vie associative.

Bruno Bernard (président de la Métropole), Sabrina Agresti-Roubache (secrétaire d’État), Fabienne Buccio (préfète de région) et Renaud Payre (vice-président de la Métropole).

« Par ce contrat, nous renouvelons nos engagements à lutter contre les inégalités économiques et territoriales et les discriminations qui frappent les quartiers populaires en termes d’emploi, de formation, d’accès au droit et aux services publics », a déclaré Michèle Picard, maire de Vénissieux.

Le contrat a été élaboré dès février 2023 à l’occasion des Assises des quartiers populaires, qui ont réuni un millier de participants. Ce contrat 2024-2030 mobilise ainsi des partenaires comme France Travail, la Caf, la CPAM, l’Éducation nationale, Sytral Mobilités, la Banque des Territoires, ou encore les bailleurs sociaux.

Lors de sa venue à l’Hôtel de Métropole, Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté et de la Ville, a listé diverses contributions de l’État au profit des QPV de l’agglomération : « 710 millions d’euros pour le Nouveau programme de rénovation urbaine (pour un budget total de 2,5 milliards d’euros), 7,5 millions d’euros pour le volet social, 3,6 millions d’euros pour les Cités éducatives, 1,9 million d’euros pour les Quartiers d’été, ou encore 300 000 euros pour les Cités de l’emploi. »

« Une signature dans un contexte compliqué »

Avec 43 000 habitants en plus dans le périmètre QPV (+ 13 %), l’État a accordé une rallonge de 400 000 euros sur sa dotation annuelle. De son côté, la Métropole a annoncé qu’elle augmentera son apport financier de 13 %. « Nous avons fait évoluer le budget en proportion à cette hausse », a assuré son président, Bruno Bernard.

Vénissieux a joué pleinement son rôle dans l’élaboration d’Engagements Quartiers 2030, avec trois contributions du conseil citoyen, l’organisation des rencontres autour du Grand rendez-vous et une contribution générale qui a mis l’accent sur l’accès aux droits, le vieillissement, le handicap et l’égalité femmes-hommes.

S’il voit d’un bon œil les dispositions prises par l’État pour le volet social, Pierre-Alain Millet, adjoint municipal au logement, au développement durable et au Grand projet de ville, ne cache pas ses inquiétudes au sujet du logement. « Cette signature intervient dans un contexte compliqué, note l’élu communiste. On vit dans le règne des injonctions contradictoires. Le gouvernement multiplie les annonces brutales et tient un double discours qui, cette fois, n’est pas du ‘en même temps’. On nous demande de faire de la mixité sociale tout en remettant en cause la loi SRU. Quel rôle jouera l’État dans le relogement et la rénovation urbaine ? Au quotidien, on s’aperçoit que tout prend du temps, à l’image de la tour 71 à La Darnaise, où sept familles sont dans une situation invivable. On remarque aussi que l’État ne finance toujours pas les opérations de résidentialisation dans nos quartiers. Le vrai enjeu, c’est de mobiliser le droit commun. »

La Ville déterminera, dans une Convention locale d’application (CLA), son projet de territoire et ses priorités d’intervention. Son approbation est programmée pour le conseil municipal de juin.

À Vénissieux, les QPV gagnent du terrain

Le quartier du Monery intègre le péérimètre de la politique de la ville.

Depuis le 1er janvier 2024, Vénissieux compte six quartiers prioritaires, contre trois précédemment. Le Monery, situé au sud du Charréard, les Marronniers, quartier en cours de réhabilitation à deux pas du centre-ville, et La Borelle, en bordure du boulevard Irène-Joliot-Curie, entrent dans le giron QPV. Deux autres secteurs ont été redessinés : Les Minguettes-Clochettes, et Duclos-Barrel. Environ 7 000 habitants supplémentaires bénéficieront dès cette année des actions de la politique de la ville.

« Le nouveau financement sera à la hauteur de cette extension, assure Pierre-Alain Millet. La contribution de la Ville passera de 144 000 euros à 270 000 euros. Celle de l’État devrait évoluer aussi, pour passer de 700 000 euros à 900 000 euros. »

Pour Michèle Picard, « cette extension traduit l’aggravation des ségrégations socio-spatiales qui se jouent dans notre pays. Recul du pouvoir d’achat, des droits sociaux, des services publics : les politiques libérales ne cessent d’attaquer les classes populaires. Face à cela, le Gouvernement a prévu de consacrer 634 millions d’euros, soit environ  un millième des dépenses de l’État, à la politique de la ville : un investissement nécessaire, sinon suffisant. »

Les Acacias deviennent un Quartier populaire métropolitain

La Métropole a officialisé la création de 26 « Quartiers populaires métropolitains » (QPM). Ces quartiers, considérés comme fragiles, sans toutefois atteindre le niveau de difficulté des QPV, bénéficieront de dispositifs spécifiques à la Métropole. « Nous ne voulions pas laisser de côté les anciens Quartiers de veille active (QVA), justifie Renaud Payre, vice-président (groupe socialiste) délégué à la politique de la ville. C’est une vraie spécificité locale. »

À Vénissieux, le quartier « Joliot-Curie » est comptabilisé. Il s’agit en réalité de la résidence du bailleur social Alliade Habitat « Les Acacias », près de l’avenue Viviani, à l’intérieur du périphérique. « On peut y espérer quelques actions mais ça restera marginal », tempère Pierre-Alain Millet.

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