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Un pique-nique « ni politique, ni religieux » pour réclamer des repas sans viande à la cantine

Le 28 septembre un “pique-nique revendicatif” a réuni une dizaine de “mamans en colère” devant l’école Jules-Guesde. Elles demandent des repas de substitution dans les cantines scolaires lorsqu’il y a de la viande au menu. Une revendication “ni politique ni ni religieuse” assurent-elles, malgré le soutien marqué d’opposants à la municipalité.

À la cantine, le 28 septembre, en plat de résistance, il y avait steak haché de boeuf au jus ou rôti de porc aux fines herbes et purée de pommes de terre. Devant l’école Jules-Guesde, les pizzas, chips et sandwichs d’un « pique-nique revendicatif » constituaient un autre type de plats de résistance.

À l’heure de la « pause méridienne », l’association France des banlieues, relayant les revendication d’un « collectif des mamans en colère » sans porte-parole connu, appelait les parents d’élèves de Vénissieux à pique-niquer devant le groupe scolaire. Une dizaine de mères de famille ont répondu à l’appel et ont fait déjeuner leurs enfants sur une pelouse de la cité Jules-Guesde, au bord de la rue Joannès-Vallet.

Un plat qui ne passe pas
Pourquoi ce rassemblement ? Pour demander un plat de substitution à la viande dans les cantines des écoles primaires de la commune. La viande est présente deux fois (maximum) dans la semaine, essentiellement du boeuf, de la volaille, de l’agneau. Le reste du temps, des plats avec poisson, omelette ou quenelles sont au menu. Lorsque du porc est servi, ce qui est rare, un plat alternatif est systématiquement proposé.
Reste que, les jours avec viande, de nombreux parents font manger leurs enfants à la maison. « Cela pose des problèmes d’organisation dans les familles, de devoir aller chercher les enfants à midi les jours où il y a de la viande au menu, proteste une maman en recherche d’emploi. Et ça coûte plus cher que de les faire manger à la cantine ».

« Injustice »
Selon ces « mamans en colère », la responsabilité et les conséquences de cet évitement alimentaire ne relèvent pas d’un choix personnel assumé par les familles, mais devraient incomber à la municipalité.
« La ville de Venissieux a fait le choix de priver nos enfants de cantine au nom d’une laïcité à ajustement variable, dénonce ce collectif dans un communiqué de France des banlieues publié le 18 septembre. Le lundi et le jeudi, la municipalité a fait le choix du repas unique excluant des milliers d’enfants de pouvoir manger à table, avec leurs petits camarades. Voilà l’idée du “vivre ensemble” que nous propose le maire Michèle Picard et son équipe. Nous n’allons pas rester les bras croisés devant cette injustice. L’intérêt supérieur de nos enfants est bafoué. Des repas avec et sans viandes doivent être mis en place rapidement dans les écoles venissianes comme cela se fait dans les écoles lyonnaises. » 

« Ce n’est pas politique »
Sur place, le président de France des banlieues, Mokrane Kessi, ancien responsable local du comité de soutien à Alain Juppé lors des primaires de la droite, nous déclare d’emblée qu’il n’a « pas envie de politiser l’affaire ». Lotfi Ben Khelifa, conseiller municipal d’opposition, était également présent ce jeudi midi, mais a fait le choix de ne pas apparaître les photos. Sur sa page Facebook, l’élu a relayé l’invitation à ce rassemblement. En mai 2016, les trois élus du groupe « Ensemble pour Vénissieux », qu’il préside, avaient lancé une pétition intitulée « Permettre aux parents d’écoliers de Vénissieux de choisir leur repas avec ou sans viande ».

« Ce n’est pas religieux »
Autre précision, martelée avec une remarquable unanimité par les participantes : ce n’est pas non plus religieux. « Ce n’est pas une question de religion, nous demandons juste un repas de substitution”.
L’affirmation tranche avec les propos tenus sur les réseaux sociaux, les jours précédant le rassemblement, par l’un des rares messieurs présents (bien que parent d’enfants scolarisés dans une école privée) : « c’est toujours l’islamophobie qui fait les menus des cantines de Vénissieux », « Nos enfants ne seront pas les otages de la laïcité agressive de cette mairie islamophobe », « Naître musulman ne devrait pas condamné un enfant à avoir un seul babyelle comme repas de midi » (sic).

C’est pour la planète
Du coup, si le respect d’un interdit religieux n’est pas officiellement en cause, pourquoi refuser la viande servie à la cantine ? Pour des raison médicales ? « Mon fils fait une allergie aux protéines » explique une dame. Sur le formulaire d’inscription à la cantine, cocher la case « l’enfant ne doit pas consommer certains aliments pour raisons médicales (allergies alimentaires) » permet pourtant un menu adapté. Les goûts et les couleurs ? « Même à la maison, mon fils ne mange pas de viande, pas même de poisson, il n’aime pas ça » confie Floriane. L’écologie ? « La surconsommation de viande est nocive pour la planète », déclare Hanen, qui dénonce « l’incohérence d’une Ville qui décrète un Agenda 21 mais fait manger de la viande deux fois par semaine aux enfants ». « Moi, par exemple, je ne donne pas de viande tous les jours à mes enfants » confie Farid. « De toute façon, on en mange trop », acquiesce Linda.

Un droit ?
Pour la présidente de l’Association indépendante des parents d’élèves de Jules-Guesde, « les repas de substitution, c’est un droit ! » Ce n’est pourtant pas ce que dit la loi. « Service public administratif facultatif », la cantine scolaire relève du « principe de la libre administration des collectivités territoriales ». Qu’il s’agisse de l’école primaire, du collège ou du lycée, les mairies, départements et régions sont libres de proposer ou non des menus de substitution à destination de certains élèves en fonction de leur religion.

« Mange tes raviolis ! »
Laisser la viande sur le bord de l’assiette « les jours avec » ne semble pas une solution. D’abord parce qu’il manquerait un élément nutritionnel aux enfants. « À Vénissieux, le repas de midi de la cantine est parfois le seul repas équilibré pris par certains gamins » rappelle Soreya.
Ensuite, parce qu’à entendre les mamans présentes, telle Floriane, « le personnel des cantines oblige les enfants à goûter de tout : la viande aussi ». Là où les nutritionnistes invoquent « l’apprentissage du goût par la découverte », ces parents évoquent « une contrainte inadmissible ». « L’autre jour, un animateur a obligé ma fille à manger des raviolis sous peine d’être punie », affirme la responsable de l’association de parents d’élèves.

Obligation ou invitation ?
Les petits Vénissians vivent-ils sous un régime de terreur gustative ? Sont-ils vraiment obligés de goûter à tous les plats de la cantine ? « Dans le règlement du service public de restauration scolaire de Vénissieux, que les parents signent en début d’année, il est bien précisé que l’un de ses objectifs est de favoriser l’éducation nutritionnelle des enfants, notamment en les invitant à goûter à tous les plats, explique Véronique Callut, adjointe au maire en charge de l’Éducation. Clairement, on met dans l’assiette tous les ingrédients du repas. Ensuite, les jeunes vénissians recrutés en tant qu’animateurs de la restauration scolaire aident les enfants à table. Ils ne vont pas s’amuser à les obliger à manger de la viande ! » Pour l’élue, « cette polémique relève d’une hypocrisie politicienne de la pire espèce, puisqu’elle instrumentalise des enfants ».

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