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Le projet d’Eurométropole inquiète les communes du Grand Lyon

Avec Gérard Collomb en chef d’orchestre et Michel Mercier en premier violon, l’Eurométropole a donné sa première grande représentation, le vendredi 1er février, à l’auditorium, devant près de 800 élus

Avec Gérard Collomb en chef d’orchestre et Michel Mercier en premier violon, l’Eurométropole a donné sa première grande représentation, le vendredi 1er février, à l’auditorium, devant près de 800 élus. Pour les deux solistes de la politique lyonnaise, il s’agissait de rassurer et convaincre sur un projet qui soulève des inquiétudes.

On se souvient que le 1er décembre dernier, MM. Collomb et Mercier avaient présenté leur projet aux seuls journalistes, sans même en référer au préalable aux élus locaux. Et avant même que le texte de loi autorisant la création des Eurométropoles pour Lyon, Lille et Marseille soit présenté au Parlement. Beaucoup avaient alors dénoncé la politique du fait accompli.
Mais les critiques ne visaient pas que la forme. Sur le fond, le projet constitue en effet une rupture avec l’organisation territoriale héritée de la Révolution française. Il vise à séparer le département de la communauté urbaine. Sur son territoire, qui couvre 58 communes, le Grand Lyon récupérerait toutes les compétences du Conseil général (notamment l’action sociale), et probablement certaines compétences économiques de la Région. L’Eurométropole ainsi créée deviendrait une véritable collectivité territoriale, dotée de la clause de compétence générale. Bref, un Super Grand Lyon aux pouvoirs élargis, qui présiderait au développement stratégique de l’aire métropolitaine.
La grande réunion organisée à l’auditorium le 1er février avait tout d’une session de rattrapage. Devant 800 élus locaux, Michel Mercier d’abord, puis Gérard Collomb ont cherché à convaincre. Leur discours, en substance, est de dire qu’il n’y a pas d’alternative. Dans une économie où la concurrence fait rage entre grandes métropoles, “il faut oser la réforme, ou alors il faudra se résigner”. Pour étayer son analyse, le maire de Lyon avait invité Michel Lussault, géographe et ancien président du PRES (Pôle de recherche et d’enseignement supérieur) de Lyon. Qui a démontré, graphiques à l’appui, que les métropoles concentrent désormais l’essentiel de la richesse, des lieux de production et de décision. “Il ne faut plus penser le monde à partir des États, mais à partir des grandes villes”, observait l’universitaire. Et pour figurer parmi les métropoles gagnantes de la mondialisation libérale, la clé serait “l’innovation et une solide gouvernance”, pour “être vu de loin et attirer les investisseurs”. Ce que garantirait le passage à un statut d’Eurométropole, qui permet de “mutualiser, dégager des marges de manœuvre, supprimer des doublons”.

Être vu de loin ou respirer de près ?

Mais ce credo est loin de faire l’unanimité chez les élus locaux. Les communistes en particulier sont opposés à ce “bouleversement des institutions de la République”. “La France organisée en métropoles, ce serait l’abandon d’une partie des territoires, la course à la compétitivité et la fin de l’unicité de l’État français”, écrivent le sénateur Guy Fischer et Marie-France Vieux-Marcaud, présidente de l’association départementale des élus communistes et républicains, dans un courrier adressé à Marilyse Lebranchu, ministre de la Réforme de l’État.
Michèle Picard, maire de Vénissieux, dénonce également “cette mise en concurrence des territoires”, tout en réaffirmant son attachement à ce que la commune reste le socle de la pratique républicaine et du fonctionnement démocratique. Son collègue Martial Passi, maire de Givors, a été vivement applaudi dans les travées de l’auditorium, quand il a lancé : “Ce n’est pas de concurrence mais de coopération dont nous avons besoin.”
Les communistes ne sont pas seuls à s’alarmer. Jean-Luc Da Passano, maire centriste d’Irigny, s’est inquiété du fait que les petites communes puissent ne plus être représentées à terme au sein de la future assemblée métropolitaine. Même dans les rangs socialistes, certains sont critiques. Ainsi Jean-Paul Bret, maire de Villeurbanne, s’est fait piquant à l’adresse de Gérard Collomb : “Être vu de loin, c’est bien, on peut même être vu de la Lune si l’on veut ; mais ça ne fait pas un projet, il faut aussi respirer de près. (…) La commune n’est pas un échelon subalterne, c’est celui où se vit la démocratie.”
Le maire de Lyon s’est voulu rassurant pour l’avenir des communes. Notamment des grandes villes comme Villeurbanne et Vénissieux. “Il est évident que ce ne sera pas la même chose qu’avec de petites villes, a-t-il indiqué. Nous allons devoir inventer une nouvelle subsidiarité”. Avant de conclure : “La page est blanche, c’est à nous de l’écrire, ensemble”.
Une proposition pour le moins tardive, quand on sait que le projet de loi portant sur la création des Eurométropoles pourrait être présenté avant l’été. C’est du moins ce qu’espèrent MM. Collomb et Mercier. Les élus communistes, eux, continuent d’exiger un “débat associant populations, agents territoriaux, syndicats et partenaires, seul susceptible de faire émerger les réponses pertinentes en terme de solidarité, de coopération et d’efficacité pour leurs habitants et leurs territoires.”

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