Connectez-vous avec nous

Bonjour, que cherchez-vous ?

Actus

“Choc des savoirs” ou choc sélectif ?

Présentée début décembre, cette réforme, qui touche la scolarité de la primaire au lycée, vise officiellement à renforcer les savoirs fondamentaux.

Les collèges Elsa-Triolet, Louis-Aragon et Paul-Éluard étaient mobilisés

Les 29 et 30 avril, des collèges du territoire ont fait savoir leur mécontentement face à la réforme du “choc des savoirs”. Entre grève, rassemblement, pique-nique revendicatif et “collège désert”, la mobilisation a été forte.  Avec la volonté d’opérer un “véritable électrochoc“, le gouvernement a dévoilé en décembre dernier ces mesures qui visent à “relever le niveau” des élèves français et particulièrement celui des collégiens.

Pourtant, dès l’annonce, réalisée par Gabriel Attal alors ministre de l’Éducation nationale, parents et enseignants se sont opposés à ce “choc des savoirs” et notamment à la création des “groupes de niveau” en français et en mathématiques. Ils estiment que le collège va se transformer en une “machine à sélectionner les élèves”.

Depuis, Gabriel Attal est devenu Premier ministre et Nicole Belloubet a été nommée ministre de l’Éducation nationale. Le discours du gouvernement a lui aussi évolué et il tente désormais d’assouplir la réforme, notamment en renommant les “groupes de niveau” en “groupes de besoin“.

Pour la nouvelle ministre, ce n’est plus le niveau des élèves qui est mis en avant, mais plutôt les compétences visées. Les arrêtés publiés au Journal officiel le 17 mars dernier expliquent que les groupes seront “constitués en fonction des besoins des élèves, identifiés par les professeurs”. Toutefois, même si le nom change, le principe semble rester le même : les élèves les plus en difficulté seront réunis entre eux, tout comme les plus performants.

Une analyse contestée par Nicole Belloubet qui, au micro de France Inter le 26 mars dernier, assurait qu’elle ne souhaitait pas que les élèves soient toujours dans les mêmes groupes : “il s’agit de prendre les élèves au plus près de leurs besoins et d’installer une stratégie différenciée, assurait-elle. Il n’y a pas de tri. Je refuse le tri social des élèves.”

Il appartiendra donc aux enseignants et aux chefs d’établissements de faire évoluer les élèves dans les différents groupes pendant l’année scolaire. Il sera également possible de réunir les élèves d’une même classe sur une ou plusieurs périodes d’une à dix semaines dans l’année afin de “garantir la cohésion des progressions pédagogiques“.

À partir de la rentrée prochaine, outre les “groupes de besoin“, cette réforme prévoit également la mise en place de l’uniforme, le renforcement du redoublement ou encore l’obtention du brevet qui devient obligatoire pour passer au lycée. Jusqu’à présent, ce diplôme était symbolique et ne déterminait pas l’avenir des élèves. Désormais, si les élèves ne l’ont pas et qu’ils souhaitent aller au lycée, ils devront alors se tourner vers une “prépa lycée“, le temps d’une année scolaire, afin de faire une remise à niveau dans les domaines où ils ont échoué. Le système de notation va lui aussi être différent : le contrôle continu comptera pour 40 % de la note finale et les notes de l’examen pour 60 %.


Engagement des parents  : solidaires dans l’action

Ces derniers mois, de nombreux parents ont pris part à la contestation et dénoncent les conséquences que les groupes de besoin pourraient avoir sur les enfants.

Les familles étaient nombreuses à se réunir autour des enseignants pour ces deux jours de mobilisation. Au pique-nique revendicatif puis lors de l’opération collèges désert, elles ont fait le déplacement pour dire à quel point elles aussi sont contre cette réforme.

Adeline Ouerghi a tenu à participer au pique-nique avec son fils de 12 ans qui sera directement touché par cette réforme dès la rentrée prochaine : “Il sera dans le groupe des moins forts puisqu’il est dyslexique, souligne la mère de famille. Cette réforme, c’est enfermer des gamins dans des cases, il n’y aura plus d’émulation. Ils disent que tous les enfants auront, à la fin, le même niveau mais je n’y crois pas.” Alors qu’elle n’a pas l’habitude de se mobiliser, elle a décidé de se joindre au mouvement et de ne pas envoyer son fils au collège le lendemain : “Je ne le fais pas pour lui faire plaisir, affirme-t-elle. C’est pour son avenir. Cette réforme, c’est du grand n’importe quoi et on est en train de détruire l’école publique.”

Pour Sabah, Siham et Assia, un groupe de mamans des collèges Paul-Éluard et Jules-Michelet, soutenir les enseignants était une évidence : “On a une voix et on veut se faire entendre. On veut marquer notre désaccord et soutenir les profs.” Selon elles, cette réforme va participer au “tri social” de leurs enfants et peut créer de nombreux problèmes de harcèlement. “On dirait que ces mesures ne sont pas étudiées. Ils lancent des idées comme ça mais sans être sur le terrain. Les réformes devraient être proposées par des personnes qui connaissent la situation des jeunes, qui ont été profs. On le sait, le niveau est bas, mais ce n’est pas comme ça qu’on va améliorer les choses.”

Depuis l’annonce de cette réforme, la mobilisation chez les familles s’est transformée : “Nous sommes face à des mouvements collectifs qui unissent les établissements mais aussi les parents, observe Charlotte Jouili, représentante des parents d’élèves du collège Paul-Éluard. Nous réalisons des actions communes, nous sommes partenaires et du côté des parents il se passe beaucoup de choses. Nous co-éduquons nos enfants avec les enseignants, nous avons notre mot à dire.”


Violence chez les adolescents : les collèges REP et REP+ dans le viseur

Un pique-nique revendicatif a été organisé par des enseignants pour dénoncer les reformes

Ces derniers mois, de nombreux événements violents impliquant des collégiens ont eu lieu. Des agressions qui ont mené à des faits tragiques comme la mort de Shemssedine, un jeune homme de 15 ans, attaqué à proximité de son collège à Viry-Châtillon en avril dernier. Gabriel Attal, Premier ministre, assure vouloir « attaquer le mal à la racine » et souhaite lancer une expérimentation dans les collèges de zone REP et REP+.

Dès la rentrée prochaine, les élèves qui le souhaitent pourront rester dans leur établissement de 8 heures à 18 heures, même lorsqu’ils n’ont pas cours. Ils pourront réaliser, par exemple, des « activités d’aide aux devoirs » ou participer à des « activités sportives et culturelles, comme du théâtre ». Cette mesure sera ensuite étendue à l’ensemble des collèges d’ici 2025.

Cette annonce inquiète les familles des élèves vénissians : “On dirait que nos enfants sont des rats de laboratoire, estime une mère de famille. On essaie de nouvelles mesures sur eux avant de les tester sur les autres.”

“On dit que les jeunes de banlieue se radicalisent, qu’ils sont violents, mais on fait tout pour les enfermer dans ce stéréotype, constate Chloé Gamaz, enseignante au collège Elsa-Triolet. On leur fait comprendre ‘on ne veut pas de vous’. En tant que prof, on fait tout pour les sortir de leur quotidien, et c’est nous qu’ils vont voir comme les méchants : on va les enfermer dans une prison alors qu’on essaie de faire tout le contraire.

Les autres mesures comprennent la création de sanctions aux examens pour les élèves considérés comme perturbateurs et la mention de leur comportement dans leur dossier Parcoursup. “C’est un tunnel qui renforce le déterminisme, affirme Laetitia, professeure de SVT à Elsa-Triolet depuis 15 ans. On va les considérer comme sans espoir alors que des élèves dits compliqués peuvent rebondir et réussir, on l’a souvent vu. Ils sont encore jeunes et changent tellement en grandissant…

Cliquer pour commenter

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous aimerez également

Actus

Pour protester contre la réforme du "choc des savoirs" des collèges vénissians ont participé à deux jours de mobilisation.

Actus

Les parents des élèves du collège Paul-Éluard ont gardé leurs enfants à la maison, mercredi 3 avril, pour montrer leur désaccord face à la...

Actus

Ce jeudi, c’est au tour de l’établissement vénissian Jules-Michelet de faire grève contre la réforme des collèges.

Actus

Ce mardi 13 février, les enseignants du collège Paul-Éluard sont en grève contre la réforme du « choc des savoirs ».

Actus

Une manifestation est prévue le samedi 18 novembre pour exiger la sauvegarde de deux établissements de santé