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Grandes Terres : « C’est la première fois qu’on arrose les blés »

La sécheresse et les fortes chaleurs de mai compliquent la tâche des agriculteurs des Grandes Terres à Vénissieux, Corbas et Feyzin.

Gilles Barioz espère encore sauver sa production de soja

De mémoire de paysan, les Grandes Terres n’ont jamais été aussi sèches au mois de mai. En 2022, le plateau agricole réparti entre Vénissieux, Corbas et Feyzin manque cruellement d’eau. Un problème accentué par les températures estivales enregistrées ce mois-ci, qui mettent les cultures à rude épreuve.

À la SARL du Fort, le pluviomètre de Gilles Barioz et de Jean-Philippe Payet-Bernoud ne risque pas de déborder : 19 millimètres de précipitations en mars, 10 en avril, 4 lors de la première quinzaine de mai… Pour ce premier semestre, le compte n’y est pas. Les céréales, plantées en bio sur 340 hectares, ont chaud et soif.

« C’est la première fois qu’on arrose les blés, soupire Gilles Barioz. On a fait deux tours d’eau. On a 40 hectares irrigués par deux enrouleurs. Normalement, on ne le fait que fin juin pour le maïs et le soja. » Les deux associés sont connectés au réseau d’irrigation des Grandes Terres. Ce système est alimenté par la station de pompage de Ternay, qui puise dans la nappe alluviale du Rhône.

« Ça nous coûte un abonnement à l’hectare, précise Gilles Barioz. On paye aussi la consommation d’eau. Mais on a la chance d’avoir le Rhône à côté. » Évidemment, si cette solution sauve une partie de la récolte, elle n’est pas pérenne pour autant. « On espère la pluie, confie l’agriculteur. On en a besoin au printemps pour faire fondre l’engrais. Sans quoi, les plantes seront mal nourries. Par contre, s’il pleut en juillet pour la récolte du blé, les épis vont germer sur place. »

Le blé sera vendu plus cher

Inquiet pour son exploitation de 120 hectares, Dominique Sublet a, lui aussi, recours à l’irrigation pour soulager la moitié de ses surfaces cultivables. « Mes céréales crèvent sur pied, peste l’agriculteur. J’arrose beaucoup mais les plantes ne s’en contentent pas. J’ai déjà effectué trois passages avec 30 litres d’eau par mètre carré. Soit l’équivalent de 30 millimètres de pluie à chaque fois. Mais en un seul jour, 8 litres/m2 peuvent s’évaporer. »

Cette saison, les céréaliers factureront bien plus cher. Les cours européens ont plus que doublé par rapport à l’année précédente. Depuis le 11 mai, la tonne de blé tendre dépasse la barre des 400 euros. La guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui assurent à elles deux 29 % des exportations mondiales de blé*, fait vaciller le marché. Par conséquent, la demande se reporte vers l’Europe de l’ouest. Or, cette dernière s’attend à produire moins que d’habitude.

Malgré cette future flambée des prix, les agriculteurs ne s’y retrouveront sans doute pas. « On espère que les prix se maintiendront à la hausse, espère Gilles Barioz. Parce que nos rendements seront moindres. En termes de revenus, cela pourrait donner une année normale. »

Son confrère feyzinois est moins optimiste. « Les cours explosent, certes, mais si je ne peux pas produire un quintal, quel est l’intérêt, s’interroge Dominique Sublet ? Pour nous, les prix des semences, des produits phytosanitaires et du matériel agricole explosent et ne diminueront pas. Le jour où le marché dégringolera, on se retrouvera avec des charges élevées. »

* Source : Observatoire de la complexité économique (OEC), données 2020.

Chaleur : trois records de 1945 sont tombés

Le Rhône subit une vague de chaleur impressionnante pour un mois de mai. À Lyon, trois records de températures maximales datant de 1945 ont été battus. Le mercure a dépassé 32 °C les 18 et 19 mai et a affiché 31,2 °C le 21 mai. En revanche, le record absolu de chaleur en mai reste à dépoussiérer. Le 16 mai 1945, l’Office national météorologique avait enregistré 34,2 °C.

Peu d’inquiétude pour les nappes phréatiques

A l’est de Lyon, si la terre est sèche, les ressources souterraines en eau restent à un niveau convenable (photo d’archive)

Cette année, la sécheresse affecte l’ensemble du département. Le 25 mai, la préfecture a placé les eaux superficielles du Rhône en situation d’alerte. Dans l’Est lyonnais, les professionnels sont contraints de réduire leurs prélèvements de 25 % en surface. L’alerte est renforcée partout ailleurs, avec des restrictions portées à 50 %. Cette mesure fait suite à la mise en vigilance d’une partie du territoire le 18 mai.

Les eaux souterraines sont également surveillées de près par l’administration. Depuis le 29 avril, les nappes phréatiques de l’Est lyonnais sont en situation de vigilance sécheresse. L’arrêté préfectoral s’applique au couloir fluvioglaciaire d’Heyrieux, sur lequel sont implantées les Grandes Terres.

« Il est demandé à chacun d’adopter les bons réflexes pour une gestion économe de l’eau, suggère la Préfecture du Rhône. Chaque citoyen doit être vigilant et faire preuve de civisme pour éviter de porter atteinte à la ressource en eau, bien précieux pour tous les usagers. »

Par conséquent, les services de l’État incitent les agriculteurs à privilégier des cultures peu gourmandes en eau et organiser des tours d’eau avec un matériel d’irrigation hydro-économe.

Malgré de faibles précipitations enregistrées ces derniers mois, le niveau des nappes phréatiques dans l’Est lyonnais n’alarme pas les spécialistes. Les relevés du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) de début mai indiquent « des niveaux dans la moyenne ». Selon l’observateur des eaux souterraines, seul l’aquifère d’Heyrieux présente un niveau « modérément bas ». Localement, le BRGM estime que le risque de sécheresse est « faible » pour les nappes de l’Est lyonnais en 2022.

Une analyse que confirme la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) : « On rencontre des nappes en situation encore proche de la normale dans les plaines fluvio-glaciaires de l’Est lyonnais. »

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