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28 jours pères

Le 1er juillet, la durée du congé de paternité va être revue à la hausse pour à 28 jours. L’objectif ? Permettre aux parents de « construire avec leur bébé une relation harmonieuse ».

En 2002, la France a instauré le congé de paternité et d’accueil de l’enfant, d’une durée de 11 jours, lesquels s’ajoutent aux trois jours du congé de naissance. Le 1er juillet, sa durée va être revue à la hausse pour à 28 jours. L’objectif ? Permettre aux parents, le papa comme la maman donc, de « construire avec leur bébé une relation harmonieuse ».

Dans son cosy, Jade dort à poings fermés. Née il y a quatre jours, à la clinique Les Portes du Sud, elle se prépare à rentrer à la maison avec ses parents, Sarah et Quentin, la trentaine tous les deux. Leur premier enfant.

Quentin va prendre son congé paternité de 14 jours dès la sortie de la maternité. « J’aurai voulu prendre des jours supplémentaires, même sans solde, mais mon employeur m’a fait comprendre qu’en cette période c’était impossible », regrette-t-il. Sarah n’en reste pas moins heureuse de pouvoir partager ces moments à trois. « À la maternité, on est très entouré, encadré, le personnel répond à toutes les questions, même celles qui nous paraissent les plus ridicules. Maintenant à nous de faire au mieux pour Jade. »

L’allongement du congé de paternité, qui passera le 1er juillet de 14 à 28 jours, est pour eux une excellente nouvelle. Même s’ils ne sont pas concernés pour l’instant. « Pour notre second enfant, je pourrai prendre un mois », anticipe déjà Quentin.

Une réforme bien accueillie donc, qui intervient après la remise d’un rapport par une commission d’experts, dirigée par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, sur les « 1 000 premiers jours » de l’enfant. Laquelle a fait comprendre au gouvernement qu’il fallait « du temps, de la disponibilité et de la proximité physique et émotionnelle de la part des parents pour qu’ils construisent avec leur bébé une relation harmonieuse ».

Les « nouveaux pères » veulent s’investir

Entre joie, frustration et souhait de s’impliquer davantage, les papas racontent l’expérience de leurs premiers jours de paternité avec émotion. Comme Kevin, 34 ans. « Pendant la grossesse je me sentais bien entendu concerné, mais pas comme ma conjointe. Ce monde m’était totalement inconnu. Je me suis très rapidement plongé dans la vie de notre enfant : le change, les pleurs la nuit, les biberons… Et quand il a fallu reprendre le travail, je me suis senti coupable et même un peu jaloux car je savais que ma femme allait le voir toute la journée. Elle l’a sentie, si bien que dès mon retour je m’en occupais à temps plein, elle m’a laissé une vraie place. »

« Notre génération a vraiment envie de s’investir, ajoute Kevin. Il nous arrive de parler autour de la machine à café de la vie de nos enfants, des nuits blanches, des maladies… Ce n’est plus seulement réservé aux mères ! J’ai pu prendre mon congé paternité en entier, j’aurai même envie de prendre un congé parental d’éducation. Je ne veux pas que mes enfants soient distants avec moi. Même si j’ai une activité professionnelle importante, une fois par mois, je quitte mon bureau le jeudi soir pour m’occuper d’eux à plein temps. C’est important. L’égalité des sexes passe aussi par là. Je les emmène à l’école, je donne le bain. Cela permet aussi de tisser de vrais liens, de discuter de tout… »

Bien sûr, tous les couples ne vivent pas cette situation de manière aussi sereine. Il n’est pas rare que de jeunes pères peinent à trouver leur place. Adam, 35 ans, a ainsi vécu son premier congé paternité, pour sa fille Emma, comme un marathon. « Sonia, ma femme, était très fatiguée, et en même temps elle voulait s’occuper pratiquement seule du bébé. Je me suis souvent senti exclu, inutile. Et quand j’ai à peu près trouvé ma place, il a fallu retourner au travail. Cela a été extrêmement difficile pour moi. J’avais peur de passer à côté de pleins de choses… »

Une vraie frustration, que contribuera à atténuer l’allongement du congé paternité en juillet. « Cette décision, estime ainsi Quentin, va vraiment changer la manière d’accueillir un bébé en tant que père… ».


Concrètement, comment ça marche ?

Jusque-là, le congé de paternité était de 14 jours au maximum. Cette durée sera doublée dès le 1er juillet 2021, pour passer à 28 jours. Sur cette période, 7 jours devront obligatoirement être pris.

Pourquoi une telle mesure ?

Les spécialistes l’ont montré, la durée du congé de paternité est actuellement trop faible pour permettre au nouveau-né de se développer au mieux. Environ sept pères sur dix prennent ce congé optionnel, indemnisé par l’assurance maladie. Une proportion qui a très peu évolué depuis sa création en 2002. Selon l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales), elle est plus élevée chez ceux qui occupent un emploi stable : seuls 50% des salariés en CDD se saisissent de cette opportunité.

Qui pourra en bénéficier ?

Tous les salariés, indépendamment de leur contrat de travail (CDD, CDI, intérimaire, temps partiel….) et de leur ancienneté. Le « nouveau congé de paternité » est ouvert également aux travailleurs indépendants et aux professions libérales.

Et chez nos voisins européens ?

La France est encore loin de certains pays. En Norvège, les pères ont droit, comme les mères, à quinze semaines, auxquelles s’ajoutent seize semaines à répartir dans le couple, le tout avec un salaire inchangé. En Suède, chacun bénéficie d’un trimestre, assorti de dix mois à partager. En Espagne, le congé de paternité a été porté de deux à cinq semaines, puis à huit. Le gouvernement vise les 16 semaines à l’horizon 2021.

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