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Portraits

Anahi Miranda, combattante féministe

Élevée dans une famille militante et engagée, la jeune femme de 22 ans a trouvé avec le féminisme le combat qu’elle a choisi de mener.

Élevée dans une famille militante et engagée, la jeune femme de 22 ans a trouvé avec le féminisme le combat qu’elle a choisi de mener.

« Il faut combattre tout ce qui nous paraît incorrect quand on en a les moyens. Dans l’immédiat, je ne peux pas sauver les petites filles excisées mais je peux m’insurger à chaque propos sexiste »

Le 24 novembre, Anahi Miranda était en tête de cortège. Foulard violet — couleur du féminisme — autour du cou, elle défilait fièrement dans les rues de Lyon, aux côtés de 5 000 autres personnes, pour en finir avec les violences sexistes et sexuelles. Pendant plusieurs semaines, cette jeune Vénissiane de 22 ans s’est mobilisée pour l’organisation du jour J. « Je me suis engagée auprès du mouvement Nous Toutes pour prendre part à la réussite de la marche à Lyon, Grenoble et Paris. L’objectif était de marquer les esprits, d’éveiller les consciences. On a réussi à mobiliser 50 000 personnes sur l’ensemble de la France. C’est une première réussie mais nous n’avons pas eu la couverture médiatique que l’on méritait. Les « gilets jaunes » ont retenu toute l’attention… »

Pas question pour autant de baisser les bras. « Avec Nous Toutes, on réfléchit déjà à la suite : on aimerait organiser un festival, une sorte d’université d’été avec des débats, des conférences. Et le prochain rendez-vous national est fixé au 8 mars, une nouvelle marche à l’occasion de la Journée internationale des femmes. »

« La lutte qui me correspond »
La jeune féministe est tombée très tôt dans la marmite du militantisme. Des parents argentins qui ont fui leur pays pour des raisons politiques, un père communiste « très engagé au niveau des droits de l’homme », une mère issue d’une famille très catholique mais « pas pratiquante elle-même » : « J’ai grandi dans ce tumulte entre les deux. Mon père m’adorait, il me trimballait dans toutes les manifs, toutes les réunions. Là où il n’y avait pas d’enfants, moi j’étais là ! J’ai été très tôt sensibilisée aux problèmes sociaux. » Au décès de son père, l’année de ses 16 ans, Anahi arrête de militer. « J’ai essayé de rejoindre les Jeunesses communistes mais ça ne m’a pas plu. J’ai le charisme de mon père mais je suis moins agressive, moins vindicative. À ses côtés, je militais plus par obligation. Aujourd’hui, avec le féminisme, j’ai trouvé ma propre lutte à moi, celle qui me correspond. »

Car, dès son plus jeune âge, la jeune femme qui a grandi dans la banlieue grenobloise prend conscience de la nécessité de lutter contre les propos et les situations sexistes. « Quand j’avais neuf ans, ma mère m’a habillée avec un t-shirt col V et dentelle et de grosses boucles d’oreilles roses. À l’époque, j’avais déjà un peu de poitrine et à l’école, tous les regards se sont tournés vers moi. Sous la pression des enseignants, ma mère a arrêté de m’habiller comme ça pour m’épargner alors qu’il n’y avait rien d’obscène dans mes tenues. » À 12 ans, la fillette marche seule dans la rue, vêtue d’un pantalon. « Un mec s’est arrêté pour me demander : « Tu prends combien ? » Je me suis tout de suite demandé si c’était ma faute. Dix ans plus tard, je milite pour que les filles n’aient pas ce genre de questions à se poser. »

#balancetonporc et IVG
En 2017, Anahi prend part à la déferlante #balancetonporc : « J’ai dénoncé le patron du restaurant où je travaillais qui m’a harcelée pendant plusieurs mois. Quand j’ai quitté mon poste, il m’a dit : « Tu vas partir, on n’a toujours pas couché ensemble. » Je n’ai pas porté plainte, je connaissais son fils, je ne voulais pas lui infliger ça. Je me suis dit que c’était ma croix à porter. »

Début 2018, l’étudiante en droit s’intéresse de près au combat des femmes argentines pour la légalisation de l’avortement. « Dans le cadre d’un article pour VL Média, site internet auquel je collabore, j’ai recueilli de nombreux témoignages de féministes argentines qui sont très organisées et très solidaires, beaucoup plus qu’en France. » C’est le déclic. « J’ai commencé à m’instruire sur la question, à partager avec d’autres féministes, à me faire mon propre avis. » Depuis, Anahi se bat « pour qu’on ait toutes le droit de faire ce que l’on veut. Il faut combattre tout ce qui nous paraît incorrect quand on en a les moyens. Dans l’immédiat, je ne peux pas sauver les petites filles excisées mais je peux m’insurger à chaque propos sexiste ». Ou soutenir une amie victime d’un viol : « Quand elle m’a expliqué la situation, j’ai tout de suite compris qu’il s’agissait d’un viol. Elle, non. Elle pensait que c’était de sa faute, que ce sont des choses qui arrivent. Mais un viol n’est pas forcément commis par un inconnu dans une ruelle. Et quand on dit non, c’est non. »

Et malgré quelques désillusions — « Avec Nous Toutes, c’est un échange de connaissances passionnant mais aussi beaucoup de clivages. Le manque de sororité au sein du mouvement est décevant » —, la jeune femme ne se démonte pas et fourmille d’idées pour faire changer les choses. « À Villeneuve dans la banlieue de Grenoble, j’avais créé une association pour développer la culture latino-américaine. Beaucoup de femmes musulmanes de ce quartier très populaire participaient aux cours de danses latines que je donnais. Elles riaient, s’amusaient, c’était une façon pour elles de se libérer, de libérer leur corps. J’aimerais faire la même chose à Vénissieux où une ouverture sur le féminisme est indispensable. J’aimerais aussi organiser des débats sur le sujet, arriver à toucher la jeunesse. » C’est tout ce qu’on lui souhaite.

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