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Chargés d’Histoire

Gérard Petit a toujours aimé le passé. Avec un cortège de passionnés il fait revivre la mémoire de Vénissieux, de la fille du dernier seigneur de la ville aux rosiéristes, de l’église ouvrière de Parilly à l’école du Centre.

Gérard Petit a toujours aimé le passé. Avec un cortège de passionnés il fait revivre la mémoire de Vénissieux, de la fille du dernier seigneur de la ville aux rosiéristes, de l’église ouvrière de Parilly à l’école du Centre.
“Les témoignages nous apprennent des choses que la grande Histoire ne retient pas, le nom de ceux qui n’ont jamais voulu se mettre en avant.” Gérard Petit, à qui l’on doit ce propos, est de ceux-là. Le président de l’association Viniciacum connaît bien aussi l’habitude très française de commencer par une majuscule les mots que l’on veut sacraliser. Ainsi l’Histoire, avec son grand H, ne semble s’intéresser qu’aux figures nationales et aux grands événements, faisant fi du quotidien et des petites histoires qui bâtissent la grande. Mais les amateurs le savent bien, qui ne cessent de creuser le passé de leur cité, de gratouiller ses archives jusqu’à en faire sortir le prodigieux : ce qui est enfoui n’est pas exempt d’intérêt et notre histoire peut enfin s’aligner sur l’Histoire.
La passion de Gérard Petit pour sa ville, on pourrait la faire remonter à deux anecdotes. Quand il part à l’armée, il est incorporé dans un bataillon disciplinaire, parce qu’il est originaire de Vénissieux. Un jour qu’il est invité dans les beaux quartiers pour un anniversaire, la bourgeoise avec qui il partage l’ascenseur se rend compte qu’ils montent au même étage. “Vous êtes de Caluire ? De la Croix-Rousse ? Des Brotteaux ?”, demande la dame à ce jeune homme bien mis. Non, de Vénissieux ! “Il y a eu un blanc, raconte Gérard, et elle ne m’a plus parlé de toute la soirée. Vénissieux a toujours souffert d’une mauvaise réputation. Moi, j’avais envie de mettre en valeur ma ville.”
Et c’est à cela qu’il s’attelle depuis une quinzaine d’années, avec son association Viniciacum, créée en avril 1997. Aujourd’hui, elle est forte de quelque 150 adhérents. “Claude Dilas, alors adjoint au maire, avait monté une société d’histoire locale mais il ne pouvait mener à bien tout ce qu’il souhaitait. Plusieurs personnes, dont lui, m’ont poussé à créer une association.”
Mireille Rouffanche fait la connaissance de Gérard lors d’une journée du Patrimoine. “Mon père est venu travailler à Vénissieux et moi, j’y suis née. J’ai tout de suite été intéressée par une association qui s’occupait d’histoire locale. Connaître le passé peut permettre d’avancer dans l’avenir. J’étais impliquée dans les associations de la ville, présidente des parents d’élèves de l’école de musique et trésorière du Presto vénissian quand Vinicacum a organisé le corso fleuri.”
Le corso : voilà un événement qui a assis la réputation de Viniciacum, deux ans après sa création. Tout a commencé avec les roses. “On découvre que plusieurs rosiéristes sont enterrés dans l’ancien cimetière et que, parmi eux, Joseph Pernet-Ducher est le plus grand au monde. Un concours de circonstances fait que le congrès des roses anciennes se tient à Lyon en 1999. Nous nous sommes lancés dans un projet philatélique et, pour symboliser à la fois le passé et l’édition de ce timbre, nous avons eu l’idée du corso fleuri.”
Elle aussi membre de Vinicacum mais également présidente des anciens élèves de l’école Pasteur, Marie Évangélista ajoute : “Tout s’est assemblé comme un puzzle !”
Un puzzle qui donne encore des sueurs froides au président de Viniciacum : “C’est tout de suite devenu une opération gigantesque. À titre personnel, je ne recommencerais jamais, il y avait une part d’inconscience !”
Pourtant, les mots qu’il lâche ensuite prouvent l’importance de l’événement : “Des gens nous en parlent encore. C’était un peu magique, avec l’ambiance, le soir le repas champêtre. Un bonheur collectif ! C’est l’un de mes meilleurs souvenirs.”
Il cite l’exemple d’un jardinier de la Ville, Jean Brun, qui ne s’intéressait pas spécialement aux roses anciennes. “Depuis, il a créé un site internet qui est visité par le monde entier, “La rose au cœur de Lyon”. Il continue à passer son temps libre aux recherches sur les roses.”

“Le creuset de l’identité commune”
Alors qu’elle est en partenariat avec la Ville de Vénissieux, avec l’association Roses anciennes de France et CitéCréation pour la création d’une fresque sur la salle Irène-Joliot-Curie (voir notre édition précédente), Viniciacum traite en parallèle nombre de sujets. L’association a mis en lumière des personnalités ayant à voir avec notre ville, telles Catherine de Chaponay et Corneille de Lyon, ou des sites comme l’église de Parilly. Elle se penche aussi sur le passé industriel : “Vénissieux était la capitale du thermos, c’est oublié. Sans oublier les toiles cirées”. Mais le sujet qui a beaucoup occupé Viniciacum ces derniers temps a été l’école du Centre à laquelle elle a consacré un livre.
“Depuis 1978, reprend Gérard Petit, je fais des recherches à titre personnel sur l’histoire de Vénissieux. Aussi, j’ai emmagasiné quantité de documents. Nous pensions au centenaire de l’école du Centre depuis quelque temps. Un groupe a travaillé aux archives, dans les bibliothèques… Mireille Rouffanche et Clément Barioz y ont passé des jours et des nuits. Comme pour le corso, le travail a été colossal. Nous remercions le sénateur Guy Fischer et Daniel Roy (DDEN), Mireille Braizaz (élève à Vénissieux et prof à Lyon) et tous ceux qui nous ont apporté une aide et des documents photographiques : Nicole Rivot, Michèle Dauphin-Lewandowski, Huguette Bailly, Carmen de Alamo, M. Cornand, qui a été mon enseignant, et sa fille Françoise, Edmond Fanjat, Marie-Antoinette Vallon, Liliane Mallet, Jean-François Payet, Alain de Carolis, Aline Forestier, Mado Paganon, Suzanne Valla, les archivistes de la Ville Monique Damezin et Fabienne Jeannet…”
Le livre a été très apprécié (“Beaucoup retrouvent leur propre vie, leurs souvenirs”) mais la meilleure des récompenses reste pour Gérard un courrier qu’il a reçu de Bernadette Ramillier (l’historienne de Feyzin dont la grand-mère était “Vénissiane pur jus”, c’est elle qui l’écrit). Elle loue “le portrait d’une ville”, “le creuset de l’identité commune”, “les portraits des hussards de la République”, “le rôle de l’école dans l’hygiène et la santé, la culture, le civisme”.
Avec quelque 400 exemplaires vendus en peu de temps, l’équipe de Viniciacum peut être fière de son travail. Une belle expérience et une somme de découvertes. Comme celle-ci : depuis 1876 sous le mandat de Jean-François Garapon, tous les maires de Vénissieux ont œuvré pour l’école.
À entendre parler Gérard Petit, Marie Évangélista et Mireille Rouffanche, on sent que l’enthousiasme est loin d’être éteint. “Grâce aux témoignages, on apprend des détails que l’Histoire ne retient pas.”

On peut se procurer le livre “Vénissieux école du Centre 1911-2011 et deux siècles de mémoire scolaire” auprès de Suzanne Valla, 44, bd Laurent-Gérin – 04 72 50 60 37.

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