« C’est sûr, si on ne fait que des maths, concède-t-il, on peut se dire qu’il est illusoire de mener la bataille. » Le redécoupage électoral de la 14e circonscription, avec l’ajout de 17 000 électeurs de Saint-Priest qui, quand ils votent à gauche, le font en général en faveur du PS, n’est en effet guère favorable à l’hypothèse d’une victoire communiste. Mais André Gerin pense que l’incertitude de la situation politique actuelle, « une équation à plusieurs inconnues », laisse le jeu plus ouvert qu’on ne pourrait le penser. « On sait que la présidentielle détermine une tendance de fond pour les législatives (…). Or nous pouvons nous interroger sur les candidatures qui seront présentes au second tour. » Le député imagine même qu’une finale Bayrou-Le Pen n’est pas totalement improbable.
Dans cette grande incertitude, le choix du candidat communiste pour la 14e circonscription sera important. « Il y a plusieurs possibilités, au premier rang desquelles Michèle Picard, qui a demandé un temps de réflexion. » Mais le député estime que la nature de la bataille politique sera au moins aussi déterminante. Dans un contexte économique qui se traduit par « une dictature des marchés », « un viol de la souveraineté populaire », il estime qu’une « nouvelle Nuit du 4 août serait la bienvenue pour mettre fin aux privilèges. »
Surtout, il fait du Front national une question nœudale. « Est-ce qu’on est capable de faire bouger les ouvriers et les employés, de reconquérir les abstentionnistes et les électeurs du Front national ? C’est la question que l’on doit se poser aujourd’hui. (…) Il ne faut plus laisser aucune question au FN, par contre il faut accepter de regarder en face les réalités dérangeantes, défendre les valeurs et les idéaux républicains issus du siècle des Lumières, promouvoir toute la richesse de notre culture européenne. »
André Gerin considère ainsi que « nous n’échapperons pas à la question de l’immigration [car] la France n’est pas forcément une chance pour les immigrés ». Et qu’il faut « oser parler publiquement de l’islam, dire qu’il y a une place en France et en Europe pour un islam spirituel, mais qu’il n’y en a aucune pour un islam politique. »
Ces thèmes seront sans nul doute au centre du nouveau livre que le député publiera au mois de janvier : une suite des « Ghettos de la république » paru en 2007. « Ce livre prend en compte les événements intervenus depuis cinq ans à Villiers-le-Bel, Grenoble, Marseille, ainsi que la mission sur le voile intégral », a annoncé André Gerin. On sait aussi qu’il sera préfacé par Hassen Chalghoumi, l’imam de la mosquée de Drancy, en Seine-Saint-Denis, qui s’était attiré les foudres d’extrémistes islamistes pour s’être déclaré favorable à une loi interdisant la burqa et pour avoir accueilli dans sa mosquée le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Richard Prasquier.
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