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"Le Grand Hourvari", la musique comme un jeu d'enfants

L’an dernier, l’Odyssée Ensemble montait un grand orchestre avec les enfants du centre social Eugénie-Cotton. L’expérience a tellement plu que le groupe de musiciens a décidé de la renouveler avec “Le Grand Hourvari”, un spectacle qui associe deux groupes d’enfants, l’un issu de l’école de musique Jean-Wiener, l’autre totalement néophyte. La représentation finale est prévue le samedi 23 avril, à 17h30, au Théâtre de Vénissieux. Mais vous pourrez en avoir un aperçu dès demain, sur le marché des Minguettes, où un orchestre se produira à 11 heures. Et le mercredi 13 avril, à 10 heures, sur le marché du Centre.

“Avec l’Odyssée Ensemble, explique Serge Desautels qui y joue du cor, nous sommes habitués à travailler avec les enfants. Nous les initions à la musique en dehors de l’école. Nous leur prêtons même des instruments, grâce à notre sponsor Jupiter. Nous jouons sur l’énergie, l’improvisation.”
Programmé le mois dernier au Théâtre de Vénissieux avec “Oh !”, l’Odyssée Ensemble a cherché avec l’école de musique Jean-Wiener et la scène vénissiane une façon de continuer ce projet. “Oh !” s’inspire du mouvement Dada, utilisant des bruits et des matériaux tels que le carton ; l’idée se poursuit avec “Le Grand Hourvari”. “Nous travaillerons avec deux groupes sur scène, commente Serge Desautels. Le premier est en initiation complète et n’a jamais joué mais on leur dit que tout le monde est capable de chanter ou de taper en rythme. On peut aborder la pratique sans connaître la théorie, avec juste avec l’énergie et l’envie pour commencer. Avec ce groupe, on travaille sur le frotté, le tapé, les onomatopées. Le deuxième groupe vient de l’école de musique. Eux savent jouer d’un instrument et possèdent une connaissance théorique. Quand les deux groupes jouent ensemble, il y a des moments où on ne voit plus la différence et d’autres où on l’entend.”
Serge insiste sur tout ce qui est extramusical et sur le côté valorisant de la démarche. “Dans cette situation, ce ne sont pas du tout les mêmes qui brillent, par rapport à ce qu’ils vivent habituellement. Ceux qui sont les meilleurs à l’école ou dans les sports ne le seront pas forcément ici. On est inégaux pour inventer, pour improviser. De nouveaux critères sont mis en avant et cela redistribue les cartes.” Autre avantage, le projet demande aux jeunes de s’écouter. “Le travail qu’on monte est très collectif, reprend Serge. Il faut faire confiance aux autres. Pour s’en sortir, chacun doit s’appuyer sur le groupe.”
Les enfants qui participent à ce genre de projet s’inscrivent-ils ensuite dans une école de musique ? “Cela dépend de la politique de l’école, répond Serge. L’enseignement qu’elles dispensent est plus construit, plus individuel. Le fossé est tellement grand que chacun doit faire un pas vers l’autre. À Oyonnax, par exemple, où nous avons mené le même projet, une dizaine de gamins se sont inscrits à l’école de musique, qui les a gardés en tant que groupe, dans un cours collectif. Cela a bien marché.”
Serge Desautels le reconnaît : ce qu’un projet comme “Le Grand Hourvari” amène aux enfants “est en décalage avec l’enseignement d’une école de musique”. Mais il ajoute : “Je ne porte pas de jugement de valeur sur l’un ou sur l’autre. Il faut juste réussir à créer le pont entre les deux. Les enfants ont l’envie mais celle-ci n’arrive pas toujours à trouver sa concrétisation. Notre objectif premier est de créer une petite aventure avec eux, où ils vont s’amuser et nous aussi. Et d’obtenir, au final, un spectacle de qualité.”

Exigence et plaisir
L’Odyssée Ensemble a de l’exigence vis-à-vis des enfants et leur participation à un tel projet a sur eux un effet positif. “On peut pratiquer la musique sans en faire son métier. Avec le système des concours, les gens qui arrêtent d’en faire ont un sentiment d’échec. Nous, nous ne proposons que le plaisir. Nous voulons que cette aventure musicale laisse une impression positive aux enfants.” “Le Grand Hourvari” amène également les enfants à pénétrer dans l’univers des arts plastiques. Un intervenant des ateliers municipaux Henri-Matisse, Raphaël Boissy, a carte blanche pour la décoration. “Il va travailler avec les enfants dans un style personnel et faire de nombreuses petites digressions artistiques.”
Pour finir, Serge parle de sa passion pour le mouvement Dada, qui a inspiré à l’Odyssée trois spectacles, et cite Kurt Schwitters, Marcel Duchamp ou John Cage : “Dada est une grande rupture dans l’histoire de l’art, avec un côté ludique. Le mot “jouer” est intéressant : on joue de la musique, un comédien joue et un enfant aussi. Ce n’est pas un hasard s’il existe toutes ces significations. Dans “Oh !”, on se sert du mécano et on joue sérieux.”
C’est sans doute cela, le métier de musicien : un jeu sérieux. “Notre société sépare trop le travail et la détente. Amener le jeu et faire en sorte qu’il apporte à la personnalité et à la connaissance, c’est un bon objectif. Le rapport des enfants à tout cela est intéressant : pour eux, jeu et travail sont sur le même plan, sans hiérarchisation. C’est une qualité artistique très forte !”

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