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Inès, enfant témoin de violences conjugales, raconte son calvaire

Avant que ne débute le festival Brisez le silence contre les violences conjugales, qui aura lieu du 22 au 27 novembre à Lyon, Bron, Villeurbanne et Vénissieux, organisé  par l’association Fil’actions, émanation de FIL (Femmes-Informations-Liaisons),  nous avons rencontré Inès, une jeune femme de 28 ans. Elle est vénissiane, vit aujourd’hui à Lyon. Elle s’implique pour que les enfants témoins de violences conjugales soient aidés. Elle a accepté de témoigner sur son enfance qu’elle qualifie de “cauchemardesque”. Témoin des violences de son père sur sa mère, elle a tout fait pour éviter le pire. “J’ai tellement eu peur que mon  père tue maman…” Dix-huit ans ont passé. Comme son frère, Kevin, elle est suivie par un psychiatre. Pour tenter de comprendre.

Inès se souvient très bien de cette soirée. C’était un mardi. “J’avais 10 ans,  Kevin, 8. Papa voulait taper sur maman avec un marteau . Nous étions dans la cuisine, terrorisés. Nous avons essayé de les séparer.  La violence s’était déjà installée depuis plusieurs mois, se souvient la jeune femme. Mais là, ce fut cauchemardesque. Comment mon propre père pouvait-il faire ça à maman ?  Après cette scène, je n’avais plus qu’une obsession : protéger ma mère. Quand papa était là, je regardais ses moindres gestes. Je ne vivais pas, ne dormais plus. J’avais peur qu’il tue maman. C’est terrible de dire cela. Terrible.  J’en voulais à maman qui  ne disait rien. Et  contrairement à ce que vous pouvez imaginer, j’aimais toujours papa.”

La première à craquer, ce fut Inès. “J’en ai parlé à mes grands-parents maternels. Ils s’inquiétaient parce que, depuis cette scène beaucoup plus violente que les autres,  je ne voulais plus aller  dormir chez eux. J’avais trop peur que papa en profite pour frapper maman encore plus fort. D’abord, ils ne m’ont pas crue.  Leur gendre, lui qui était toujours si gentil, avec une bonne situation ? Ce n’était pas possible. Mes grands-parents en ont parlé avec maman, qui a tout raconté. Dépôt de plainte, papa entendu par la police. Très rapidement, nous avons déménagé. Ce que je n’ai pas compris. On s’est installé près des grands-parents. Et la vie a repris son cours. Maman a été soignée aussi bien pour ses blessures au corps qu’ à l’âme. Kevin et moi, rien ! À l’époque, les enfants témoins n’étaient pas suivis.”

Inès a poursuivi sa vie de lycéenne, puis d’étudiante en BTS. A trouvé un emploi. “J’avais tout pour être bien. Seul problème : je ne pouvais pas concevoir qu’un homme ne soit pas violent. Pas facile. Dès que je sortais avec un ami, je revoyais mon père et son marteau. Et moi, hurlant avec Kevin.” Elle décide de consulter pour tenter de comprendre l’attitude de sa mère et de son père. “ J’ai  de bons souvenirs avec papa. Avec moi il n’a jamais été violent. Je l’ai vraiment aimé. J’ai tellement culpabilisé d’en avoir parlé à mes grands-parents. Mais à dix ans, je devais protéger maman et mon frère. Aller au collège. Faire comme si tout allait bien. Et dénoncer papa”.
Une autre peur la tenaillait, celle d’avoir des enfants. “Imaginez que je les batte, ou que batte mon mari”. Depuis plusieurs années, elle consulte chaque semaine un psychiatre.

Des troubles importants chez l’enfant témoin
Les enquêtes montrent que, dans 40 à 60 % des cas de violences conjugales,  les enfants sont témoins. Et l’exposition à ce type de violence double les comportements agressifs des jeunes. 60 % d’entre eux souffrent de stress post-traumatique ; 40 à 60 % des hommes violents avec leurs compagnes ont été eux-mêmes témoins de violences conjugales pendant l’enfance. Les troubles sont à la fois physiques (maux de tête, de ventre…) et psychologiques (cauchemars, absence d’émotions, problèmes d’expression…), observe Véronique, psychologue à Lyon. “Leur rapport à l’autre est perturbé. Soit ils sont introvertis, soit ils sont extravertis et violents. Il faut vraiment les aider à se construire ou à se reconstruire. Il est important de les prendre en charge, car la plupart des auteurs de violences conjugales en ont eux-mêmes souffert au cours de leur enfance”.
Aux États-Unis et au Canada, il existe des programmes pour évaluer les effets de la violence conjugale sur les enfants. “En France, nous commençons seulement à prendre conscience qu’elle les touche aussi”, déplore Nadège Séverac, sociologue, chargée de recherche à l’Observatoire national de l’enfance en danger (Oned).

Au programme de Brisez le silence
• À Vénissieux
Village associatif le mercredi 24 novembre, de 9 heures à 17 heures, à la salle Irène-Joliot-Curie. On y parlera violences mais surtout égalité hommes-femmes et respect. Ce sera l’occasion de s’informer, de discuter, de jouer sur des sujets comme : genres et sexualité, réduction des risques liés à la sexualité, relations filles-garçons…
• À Lyon
– Lancement du festival le 22 novembre à 20 heures, à la MJC Monplaisir, avec la rappeuse et graphiste Ana Dess puis avec la compagnie théâtrale “Le mimosa”. Un hommage à toutes ces femmes qui parlent à voix haute en rangeant la maison, en cousant, qui fredonnent pour tromper le silence, à toutes ces femmes qui attendent, qui ont peur, qui se taisent, qui désirent, qui se sentent fortes, vulnérables. Réservation conseillée. Entrée : 6 euros.
– Colloque sur “La prise en charge des auteurs de violence” à l’IUFM de Lyon (5, rue Anselme), le jeudi 25, à 14 heures, en partenariat avec l’université Lyon 1 et l’institut universitaire de formation des maîtres de Lyon. Réservation obligatoire au 04 78 30 63 50.
– Concert Soul/Funk, le vendredi 26 à 20 heures, au Marché Gare (34, rue Casimir-Périer). PAF : 8/10 euros.
– Déambulations de la place Bellecour à la place Louis-Pradel, le samedi 27, de 14 à 17 heures. Rejoignez le cortège de bénévoles, militants et citoyens, qui sera accompagné d’artistes de différentes cultures.
• À Bron
Projection et débat autour du film “Ne dis rien” d’Iciar Bollain, le mardi 23 à 20 heures, au cinéma Les Alizés. Entrée : 4,70 euros.
• À Villeurbanne
– Danse et théâtre par des jeunes de la région avec “Le lien Théâtre”, la Cie “Ar’Dcor” et “La fabrique fastidieuse”. Puis, à 21h15, “We can do it” par la Compagnie des Arts. Spectacle qui mêle hommes, femmes, hip-hop et danse contemporaine. Le jeudi 25 novembre, au Centre culturel de la vie associative (234, cours Émile Zola). Entrée 5 euros.
Renseignements : Fil’actions 04 78 30 63 50 ou www.filactions.org

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