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À quoi pourraient ressembler les Minguettes en 2030 ?

Dans le cadre du GPV Minguettes/Max-Barel, l’agence “Passagers des villes” a été chargée par l’État, le Grand Lyon, en lien avec la Ville de Vénissieux, de réfléchir à une seconde phase du programme de rénovation urbaine. Son directeur, Humbert David, architecte-urbaniste, nous livre quelques-unes de ses réflexions et intentions.

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Si les quartiers du plateau des Minguettes et de Max-Barel  ont déjà beaucoup changé, ils n’ont pas fini d’évoluer. Au premier plan de rénovation urbaine lancé au début des années 2000, devrait succéder un second, aussi ambitieux, qui doit poursuivre la transformation du plateau pour l’intégrer pleinement à la commune et à l’agglomération. Il ne s’agit pas d’un programme figé — la négociation avec l’Agence nationale pour le renouvellement urbain commencera en juin 2015 — mais plutôt d’un canevas, d’un ensemble de propositions pour les quinze à vingt prochaines années, qui connaîtra forcément des adaptations.

– Pour commencer, Humbert David, quel regard portez-vous sur le travail réalisé depuis 2000 ?
“Je ne fais pas une réunion sans le rappeler : le travail qui a été fait sur la base du diagnostic et de l’étude de cadrage urbain établis par l’urbaniste Antoine Grumbach est énorme.  Il a amené des choses toutes simples : aménager de nouvelles rues, des îlots, des formes urbaines compréhensibles, une normalité dans la structure des espaces publics. C’est vieux comme l’histoire de la ville mais c’était révolutionnaire dans ce cadre très particulier des grands quartiers populaires d’habitation. L’arrivée du tram et le fait d’avoir réinscrit les Minguettes dans la ville constituent des avancées majeures.

– Vous avez décidé de vous inscrire dans ses pas ?
– “Je vais le dire de façon réductrice : Antoine Grumbach a fait des rues, moi maintenant je proposerai faire des places, des lieux d’usages où les gens se croisent.”

– Comme la future place de Vénissy ?
– “Oui, sauf que Vénissy est au centre du plateau des Minguettes, c’est une très grosse opération. Elle est nécessaire, mais ma réflexion met davantage l’accent sur les spécificités des différents secteurs des Minguettes. Ce n’est pas un quartier mais plusieurs quartiers. D’ailleurs on n’a pas fait de plan d’ensemble à l’échelle du plateau.  

– Où se trouveraient ces places, ces lieux d’usages que vous proposez ?
– “J’ai engagé une réflexion sur quatre espaces. Le plus important est celui du marché forain en face de Monmousseau. Les trois autres sont situées là où l’on trouve déjà des centres commerciaux secondaires, à Darnaise, Pyramide et Rotonde.”

– Transformer le parking du marché forain en une vraie place ?
– “Absolument. Une vraie place qui continue à recevoir le marché, avec une partie couverte, un peu comme ce qui existe dans le quartier des États-Unis, mais avec des bâtiments autour en façade, une belle place avec des usages, un espace public où l’on ait envie de venir. Cet espace est essentiel car c’est celui qui fera le lien avec le cœur de ville.
“D’une manière générale, je vais préconiser de multiplier les liaisons entre le plateau et le reste de Vénissieux. Quand mon équipe a réalisé le diagnostic, j’ai immédiatement vu que le plateau était cerné d’équipements publics, surtout scolaires, qui constituent une barrière étanche. Et cette coupure est renforcée par la pente du terrain. Ce que je voudrais, c’est qu’en 2030 les habitants passent du reste de la commune au plateau sans s’en apercevoir. Aujourd’hui, du fait des formes urbaines, des usages et des maillages de rues, la rupture reste présente, malgré le boulot qui a été fait. Il faut continuer ce boulot, inlassablement.”

– Un mot sur vos intentions pour les trois autres secteurs ?
– “À la Darnaise, je proposerais volontiers de constituer l’espace d’animation vers le carrefour Bioforce qui est appelé à devenir le centre de vie de quartier, du fait de la proximité du tram, de l’hôpital et de la zone d’activités économiques en train de se monter. Je suis convaincu qu’il faut créer là une place où l’on puisse manger un plat du jour, acheter un bouquet de fleurs… Un lieu d’usages, j’insiste encore une fois. Quand on est urbaniste, on ne dessine pas pour l’esthétisme, mais pour faciliter ces usages, le croisement et l’échange entre les personnes.
“La Pyramide est un quartier qui nécessite selon moi peu d’interventions, hormis peut-être l’aménagement d’un accès direct qui permettrait d’améliorer la liaison avec le centre-ville. À la Rotonde, l’enjeu est la connexion avec Saint-Fons, ce serait une démarche de plus long terme. Là aussi, on voudrait reconfigurer la place du centre commercial en utilisant l’atout de la proximité du parc des Minguettes, qui pourrait venir à la rencontre de la place.”

– Vous incluez le parc des Minguettes dans votre réflexion ?
– “Ce parc aujourd’hui est invisible, sauf quand vous êtes sur l’avenue du 8 mai 1945 et que vous apercevez cette forêt plantée très dense qui masque l’intérieur. À aucun moment les passants n’ont cette impression d’un espace public généreux, attractif, ouvert, que doit être un parc. L’idée est donc d’étendre cette zone verte, de créer des portes, d’aménager des entrées identifiées tout autour.”

– Pensez-vous malgré tout que cela suffise à faire un jour des Minguettes un quartier “normal” ? Quand le chômage des moins de 25 ans atteint 46 %, est-ce que l’urbanisme ne devient pas impuissant ?
– “J’ai bien conscience des limites de l’urbanisme. C’est la raison pour laquelle, avec mon équipe, nous militons pour un croisement des regards et des métiers. Dès le début de la réflexion, les partenaires publics nous ont demandé d’intégrer la notion de développement économique. Ce que nous avons fait. Et le potentiel est important, notamment aux abords du Boulevard urbain sud. Cela dit, on n’a jamais manqué d’emplois autour de Vénissieux. Il y a plus d’emplois ici qu’il n’y en aura jamais à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, où les taux de chômage sont pourtant faibles. On a le logement, on a l’emploi, mais il manque l’intermédiaire, c’est-à-dire la formation. “

– Indépendamment de la question de l’emploi, les Minguettes restent, en matière de logement, ce que l’on appelle un quartier “intégrateur”. Beaucoup de ménages passent quelques années ici puis déménagent quand ils le peuvent. Que faudrait-il pour qu’on s’y installe plus par choix que par défaut ?
– “C’est tout le sens du travail engagé depuis plus de quinze ans maintenant. Et il donne des résultats. Des promoteurs privés investissent aujourd’hui, des familles accèdent à la propriété, on y construit également du logement locatif plus haut de gamme. Il faut à tout prix continuer à élargir le spectre de logements proposés. Mais c’est un très très long travail.
“On sait vers où on voudrait aller, après c’est le chemin à parcourir qui s’invente au fur et à mesure. Qui peut dire aujourd’hui, au vu de la situation économique, ce que l’on sera capable de mettre sur le marché immobilier dans cinq ans. Une chose est néanmoins certaine : aux Minguettes, le potentiel est là et bien là. On n’a jamais eu autant besoin de logements, c’est un secteur qui jouit d’une excellente situation géographique, bien desservi, accessible financièrement. Tout cela vaut des points.”

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