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« Le secret, c’est le lien avec les jeunes »

Directeur très apprécié de la Mission locale, Martial Guiguet prend sa retraite. Il revient sur trente années passées sur le plateau des Minguettes.

Photo Emmanuel FOUDROT

Une page se tourne à la Mission locale de Vénissieux : cette structure, qui propose un accompagnement vers l’emploi des 16-25 ans, dispose d’une nouvelle directrice à sa tête, en la personne de Loreline L’Anthoën-Erba. Celle-ci remplace Martial Guiguet, qui a fait valoir ses droits à la retraite.

« Je suis arrivé en juin 1991 à la Mission locale de Vénissieux, se souvient l’intéressé, né en 1960. D’abord comme conseiller, directeur adjoint, puis j’ai assuré, à deux reprises, la direction par intérim. Pour finalement prendre la tête de la structure en 2002. »

Clin d’œil de la vie, s’il n’est pas de Vénissieux, il termine sa carrière professionnelle dans une ville… qui avait vu son père y débuter la sienne. « Je ne suis pas Vénissian, c’est vrai, j’ai toujours habité dans le 9e arrondissement de Lyon. Mais j’avais deux liens avec cette ville : d’une part, j’y ai passé mon permis de conduire, en 1978, et d’autre part, mon père y a commencé sa carrière, en tant qu’apprenti au dépôt SNCF. Moi, c’est là que ma carrière s’arrête. La boucle est bouclée. »

A priori, rien ne destinait celui qui souhaitait devenir professeur d’éducation physique à diriger une structure comme une Mission locale. Et pourtant. « J’ai abandonné mon idée initiale de carrière parce que j’étais trop myope pour les épreuves de natation. Je me suis lancé dans des études de sociologie sur la seule base des intitulés des TD, lors d’un passage à l’université Lyon-II avec deux copains. Et lorsque j’ai préparé mon DEA, j’ai été maître d’internat dans différents lycées professionnels. »

Une expérience précieuse de maître d’internat

C’est là qu’il noue de premiers contacts avec les jeunes. Et échange avec eux sur leurs aspirations, leurs envies, leurs difficultés. « Quand on est maître d’internat, on vit avec les élèves. Alors, on discute. Et on se rend vite compte que les parcours peuvent ne pas être linéaires, que des jeunes doivent résoudre certaines difficultés avant de prétendre à un emploi, que d’autres ont juste besoin de prendre confiance… Au passage, mes différents postes m’ont permis d’en savoir plus sur les filières professionnelles. Ce qui a été précieux au moment d’intégrer la Mission locale de Vénissieux. »

Car, après l’armée, après avoir travaillé dans le prêt-à-porter et dans le secteur de la vente de logiciels professionnels, un ami lui recommande de contacter Sylvie Perles, alors coordinatrice de la Mission locale de Vénissieux. Des postes de conseiller sont à prendre.

« Pendant l’entretien, on m’a demandé si je me sentais apte à mener des entretiens avec des jeunes. J’ai répondu que j’avais le sentiment d’avoir déjà fait ce métier ! Le contact avec le public de la Mission locale, les filières professionnelles, tout ça, c’était mon quotidien de maître d’internat. Et j’ai été pris. »

Et au moment de tirer un trait définitif sur son passage à la Mission locale, il l’assure : « Le secret, c’est le lien que tu crées avec le jeune qui est dans ton bureau. » « Il n’est pas possible de connaître toutes les formations, tous les dispositifs. C’est ce que j’ai toujours dit à mes équipes : le boulot, ce sont les jeunes qui vont vous l’apprendre. Ils vont vous challenger, vous pousser à faire des recherches, à monter en compétences. La clé reste le contact noué avec le public, qu’il faut faire fructifier dans la durée. »

Ce que n’a pas manqué de souligner Michèle Picard, maire de Vénissieux, lors de son discours à l’occasion d’une soirée à la Maison des fêtes et des familles. « Pendant toutes ces années, vous n’avez jamais perdu de vue l’essentiel. Vous n’avez jamais oublié que vous aviez commencé comme conseiller. Vous avez su garder en vue l’objectif initial des missions locales, tel qu’exprimé dans le rapport Schwartz, un mode d’intervention global, adapté à la situation locale. »

« Laisser le temps aux jeunes »

« De mon expérience en tant que directeur, je retire la fierté d’avoir su transmettre un certain état d’esprit au sein de l’équipe, reprend Martial Guiguet. Beaucoup me le disent : à la Mission locale de Vénissieux, il y a une âme. J’ai essayé d’entretenir une certaine proximité avec mes collaborateurs, de travailler sérieusement en veillant aussi à ne pas se prendre trop au sérieux. D’être proche, sans être dans une relation de copinage. Et de faire prendre conscience à tout le monde de l’importance de chaque maillon de la chaîne, des personnes à l’accueil à l’équipe de direction en passant par les conseillers. Au moment de me retourner sur ma carrière, je pense avoir le droit de me dire qu’on a fait du bon boulot, ensemble. »

Et les jeunes, pense-t-il, comme on peut l’entendre souvent, qu’ils « ont changé », sous-entendu, en mal ? « S’ils ont changé, je pense que c’est en bien, répond-il. Ils sont plutôt coopératifs, ont envie de réussir à bénéficier des dispositifs. Par exemple, après le Covid, ils étaient nombreux à souhaiter nous revoir en présentiel — nous faisions des entretiens en visioconférence pendant le confinement. Je n’accroche pas au discours ambiant, qui voudrait que les jeunes soient étudiants ou délinquants. Entre les deux, il y a des tas de parcours différents, passionnants, de leviers à actionner pour s’insérer professionnellement. Il faut leur laisser du temps, leur accorder le droit d’avoir des envies, des rêves. Ne pas se limiter à leur expliquer qu’il y a des secteurs en tension et que pour avoir un salaire, ils ne peuvent penser qu’à ces métiers-là. À la Mission locale de Vénissieux, on essaie de leur accorder ce temps de réflexion. »

Et maintenant qu’il va, forcément, avoir plus de temps, de quoi sera fait son quotidien ? « J’ai beaucoup de projets, sourit-il. J’ai des travaux à faire dans ma maison. J’ai des petits-enfants dont je vais profiter. J’ai envie de me remettre plus sérieusement à la guitare, de faire de la moto. Et de la peinture. Je ne suis pas un fan absolu de l’avion, donc je ne suis pas certain de beaucoup voyager. Je vais avoir de quoi m’occuper près de chez moi. » C’est donc une autre mission, locale, qui débute.

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