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« Ma place est aux côtés de mes camarades en lutte »

Secrétaire général de l’Union locale CGT, Gilles de Gea évoque un parcours « de Vénissian, qui se bat pour sa ville et les emplois qu’on y trouve ».

Photo Emmanuel FOUDROT

Dans « Union locale », il y a « locale ». Et cet adjectif correspond parfaitement à la vie de Gilles de Gea, qui se décrit comme « un Vénissian pur jus ». « Je suis né voilà 52 ans à la polyclinique des Minguettes, sourit-il. J’ai grandi boulevard Lénine, et j’ai fait toute ma scolarité à Vénissieux, d’abord à Anatole-France, puis à Elsa-Triolet et à Marcel-Sembat, avant d’apprendre la mécanique générale à l’AFPM de Villeurbanne. Je sais ce que c’est, d’être issu d’un quartier populaire. Je suis un Vénissian, et fier de l’être. »

Et un militant syndical, aussi. « C’est de famille ! Quand je suis entré chez Rexroth, mon frère était déjà militant syndical. Mes parents étaient très politisés. J’ai adhéré à la CGT en tant qu’intérimaire, et je n’ai jamais lâché. Ça fait trente ans que je suis en mandat dans le syndicat, que ce soit comme délégué du personnel, secrétaire du syndicat chez Rexroth, ou, depuis 2021, secrétaire général de l’Union locale. J’ai aussi eu des responsabilités en dehors du syndicat, comme au Comité de direction de la métallurgie du Rhône pendant six ans. »

Pour le porte-parole de nombreux salariés en lutte sur le territoire de l’UL, cette nécessité de « se battre pour les emplois, dans toute leur diversité », est un impératif. « J’ai beaucoup de mal avec l’injustice, et les travailleurs en sont souvent les premières victimes. Cette idée de défendre le faible contre le fort, elle m’accompagne au quotidien. »

« Assis dans un bureau, je ne sers à rien »

Depuis 2021, il a pris la suite de Guillaume Dumoulin à la tête de l’Union locale CGT, en tant que secrétaire général. « C’est bien sûr un honneur d’assurer cette fonction, au sein d’une Union locale qui va fêter ses 90 ans en 2025. Le poids de l’histoire, je le ressens. Mais c’est aussi, et surtout, une grande responsabilité. Tous les secrétaires généraux qui m’ont précédé ont fait en sorte que l’UL soit dynamique, qu’il y ait une vie militante très forte dans le secteur, des rencontres, des échanges, de la mobilisation lors des conflits sociaux. C’est comme ça que je vois ma mission : sur le terrain, aux côtés de mes camarades à qui je rends souvent visite — et qui viennent aussi dans les locaux de l’UL —, et autour d’une table avec les patrons lors des négociations. Assis dans un bureau, je ne sers à rien. »

Lors des négociations, justement, il admet « une tendance à taper du poing sur la table ». Et ne pas se retenir de le faire. « Syndicalement, j’ai été élevé à l’ancienne. Quand on entre en négociation, on a une position à tenir, des engagements à obtenir. Je pense être reconnu pour mon franc-parler. Quand on négocie, ça ne sert à rien de tourner autour du pot, il ne faut pas hésiter à ‘gueuler’. C’est même souvent salutaire… et à la fin, personne ne t’en veut. »

Justement, comment conçoit-il la lutte syndicale, dans une société que l’on dit de plus en plus renfermée sur elle-même ? « Quand on a une lutte victorieuse, il n’y a pas de mystère, c’est que les salariés se sont mobilisés pour conserver leur outil de travail. Quand tu ne fais rien, c’est mort. J’en veux pour preuve l’histoire extraordinaire des ex-salariés de la SAD, faite d’occupation des locaux, de travailleurs qui refusent d’abandonner. Aujourd’hui, c’est une coopérative de salariés appelée Oyé Distribution. L’activité se porte bien et poursuit la distribution de la presse dans la région. Mon seul regret, qu’elle se soit installée à Chaponost et non à Vénissieux, mais on ne peut pas tout avoir. »

Autre exemple de mobilisation réussie, qui a directement concerné Gilles de Gea cette fois : celle de Rexroth, en 2016. « Trois semaines de lutte, jour et nuit, se souvient-il. Et à la fin, on a obtenu des engagements. Et aujourd’hui, la boîte est toujours en vie. Elle recrute, même. »

Bien sûr, l’histoire syndicale locale plus ou moins récente est aussi faite d’échecs. La lutte des salariés de Saint-Jean Industries, le désengagement continu de Bosch, la fermeture de Veninov… « Du gâchis, ces dossiers. Quand je pense à Veninov, à l’énergie mise dans ce combat, à la mobilisation exemplaire, tout ça pour se faire avoir à la fin, pour voir toute la valeur ajoutée de l’entreprise se volatiliser… Ça fait mal de se dire qu’on n’a pas été assez forts pour conserver cette activité. Mais, de ces échecs, on apprend, pour les prochains combats. »

Appel à la jeunesse

Lesquels ne manquent pas, malheureusement. « En ce moment, on est très mobilisés sur la question de la sauvegarde des Portes du Sud. Récemment, nous avons envoyé un courrier à l’ARS, signé par les maires des villes concernées par cet établissement de soin, et le député de la 14e circonscription, Idir Boumertit, pour demander l’organisation d’une table ronde consacrée à l’avenir de cette institution. Et il y aura une manifestation à Vénissieux le 18 novembre. L’accès à la santé, aux soins, est en droit, c’est un combat qui concerne tout le monde. Nous ne lâcherons pas et nous ne nous contenterons pas d’une reprise a minima. »

Et Gilles de Gea de lancer un appel à la jeunesse. « Depuis la mobilisation contre la réforme des retraites, les syndicats ont vu les adhésions se multiplier. Localement, on en a eu 80, pour un total de plus de 2 500 adhérents. Beaucoup ont manifesté à cette occasion pour la première fois. Je le dis aux jeunes : nous comptons sur vous pour la défense de vos droits, de vos acquis sociaux. N’hésitez pas à rejoindre un syndicat, à vous impliquer. Tout cela s’apprend, nous avons des formations à la prise de parole en public par exemple. Nous proposons un autre modèle de société ; venez contribuer à le transformer en réalité. »

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