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Portraits

Monsieur 100 000 volts

Il a récemment fait l’actualité en remettant un chèque de 30 000 euros au centre Léon Bérard, à l’occasion du 30e anniversaire de sa société d’électricité. Portrait d’un boulimique du travail au grand cœur, résolument optimiste.

Il a récemment fait l’actualité en remettant un chèque de 30 000 euros au centre Léon Bérard, à l’occasion du 30e anniversaire de sa société d’électricité. Portrait d’un boulimique du travail au grand cœur, résolument optimiste.

“Travaille dur et sois poli avec les gens.” La petite affiche qui trône au-dessus du bureau de Jacques Gaillard en dit long sur la philosophie de la maison. Ici, on ne compte ni ses heures ni ses efforts, et la satisfaction du client l’emporte sur tout. “Je suis assez intransigeant, mais cela fait partie du jeu, affirme l’entrepreneur sans se départir de son éternel sourire. Lorsqu’un travail est mal fait, le client s’en aperçoit tout de suite. Et comme je ne supporte pas les reproches, j’anticipe.” Il anticipe d’ailleurs sur tout. “Je ne délègue jamais, parce que dans une boîte il n’y a qu’un patron, avance-t-il. Même s’il s’agit du travail de mon fils, je retourne toujours voir ce qui a été fait. Lorsque j’avais un patron, je n’ai jamais fait une installation sans avoir à la refaire ensuite. C’était au millimètre près.”

Trente ans plus tard, l’électricien prend la mesure du chemin parcouru, lui qui pourtant dit garder toute la semaine la tête dans le guidon… de 5 à 19 heures. “Tout a été très compliqué pendant dix ans, surtout les cinq premières années. J’avais zéro clientèle et pas un sou de trésorerie, se souvient-il. J’ai commencé à l’âge de 26 ans après dix ans de salariat, dans un appartement de 62 m2 près du parc de Parilly, rue du Clos-Verger. J’avais installé l’entreprise dans un tout petit appartement. Ma cave, c’était mon atelier, mon salon, c’était mon bureau.” Mais dès la première décennie passée, l’horizon s’éclaircit. Les clients sont plus nombreux, les commandes plus régulières. “Tous les électriciens sont bons. C’est donc sur la notion de service que j’ai bâti ma clientèle, au gré des rencontres et avec 100 % de bouche-à-oreille. J’ai toujours dépanné mes clients, quelle que soit l’heure.” Son fils Quentin, qui doit un jour reprendre l’entreprise, opine du chef : “C’est bien pour cela qu’on l’appelle le pompier de service ou l’homme à tout faire”. Un homme à tout faire capable aussi de redresser le club de judo dans lequel évolue son fils, l’ALVP. De 2000 à 2005, il en sera le président. “J’étais très impliqué, peut-être un peu trop. Je gérais le club comme une entreprise. Mais je ne pouvais pas faire les choses à moitié, concède-t-il. Cela dit ce fut une très belle période de notre vie, on est fier de notre travail.”

Dans la cour des grands
En novembre 2006, petite entreprise n’est pas devenue grande, mais ses bases sont désormais solides. Il est temps pour elle de déménager. “On a été les premiers à s’installer dans le parc Bourdarias. Venir s’installer au cœur des Minguettes a été un véritable challenge. On ne savait pas à quelle sauce on allait être mangé !, plaisante Jacques Gaillard. Mais en fait, tout va bien pour nous à Vénissieux. Nous n’avons jamais subi ne serait-ce qu’un vol, un tag ou une vitre cassée.” Aujourd’hui, le carnet de commandes est plein, à tel point qu’il est inutile à l’entreprise de faire de la publicité. “En trente ans, je n’ai jamais eu de cartes de visite. Et pourtant, la société ne compte que trois personnes, moi, mon fils et un salarié. Et on travaille pour de très grands groupes, sur des chantiers de taille moyenne“, se félicite l’entrepreneur.

Cette belle success-story aurait pu tourner court. En octobre 2013, on découvre chez sa femme Catherine un cancer particulièrement compliqué. Les médecins lui donnent trois mois d’espérance de vie. Le couple s’accroche malgré tout, et le miracle s’opère. “Les médecins ont tenté le tout pour le tout. Et on s’est battu, on n’avait pas le choix. J’ai aussi eu la chance de très bien réagir aux protocoles d’essai, et que ce soit opérable rapidement”, détaille Catherine Gaillard. Deux ans, dix interventions et une récidive plus tard, elle est sur pied.

Combattre la maladie
“L’envie de vivre est toujours plus forte que l’envie de mourir, confie-t-elle. Mes enfants et mon mari ne m’ont pas laissé le choix. Quand on est bien entouré et soutenu, on se bat plus facilement que lorsqu’on est seul. Et c’est vrai que l’équipe du centre Léon-Bérard est vraiment formidable. On est accompagné pour tout, de la chimio jusqu’aux opérations, par les équipes d’infirmières, les secrétaires, les médecins et les femmes de ménage. Jamais personne n’est entré dans ma chambre sans me dire un petit mot et m’appeler Madame Gaillard.”

“J’ai mis un point d’honneur à être présent pour toutes les chimios, qui avaient lieu la première année une fois tous les quinze jours et duraient une journée, reprend Jacques Gaillard. Quentin a été super parce qu’il a géré la boîte. On est une famille, l’aventure doit continuer. Si on a un problème, on est tous ensemble.”

Le 1er mars à la salle Joliot-Curie, Jacques Gaillard a remis 30 000 euros au centre Léon-Bérard, à l’occasion des trente ans de sa société. Deux cents personnes étaient présentes, au rang desquels fournisseurs, clients et élus vénissians. Je connais Jacques depuis 20 ans comme président de l’Amicale laïque Vénissieux Parilly Judo. C’était déjà quelqu’un qui se défonçait pour les autres […] puis pour le combat de Catherine, a relaté Philippe Zrounba, directeur adjoint du centre Léon-Bérard. J’ai alors vu quelqu’un qui allait toujours de l’avant, avec le sourire, dans le combat et dans l’adversité”.

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