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La colère des taxis ne cale pas

Les chauffeurs de taxis sont grève ce lundi. Ils protestent notamment contre la concurrence déloyale des VTC, et les “expérimentations” de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2014.

TaxisTaxi, une profession en danger ? La formule peut paraître rapide mais n’est pas si éloignée que ça de la réalité : charges importantes, coût exorbitant de la licence professionnelle, nouvelle concurrence des VTC, baisse du chiffre d’affaires… aujourd’hui, les chauffeurs de taxi font face à de nombreuses difficultés.

“Il faut savoir que notre profession est extrêmement réglementée, rappelle Pascal Wilder, président de la fédération du Rhône des taxis indépendants. Tout le monde ne peut s’improviser chauffeur de taxi. Il faut notamment, si l’on veut être à son compte, posséder une licence. C’est la première des exigences, et la plus importante.”

Et cette licence (en réalité, “autorisation de stationnement”) est loin d’être facile à obtenir. C’est le maire de chaque commune qui, après avis de la commission départementale ou de la commission communale des taxis, fixe le nombre d’autorisations de stationnement, c’est-à-dire le nombre de taxis admis à être exploités dans la commune. La licence peut être gratuite, après inscription sur liste d’attente (une attente très, très longue), ou être achetée auprès d’un titulaire qui souhaite cesser son activité. Le prix étant alors libre, il se révèle très onéreux : environ 85 000 euros pour l’agglomération lyonnaise. “Et encore, commente Pascal Wilder, nous ne sommes pas trop mal lotis. À Paris, la licence coûte environ 300 000 euros. Sur la Côte d’Azur, on atteint même les 400 000 euros !”

“J’ai dû m’endetter pour l’acheter, confirme Kamel, chauffeur de taxi à Vénissieux depuis deux ans. Elle m’a coûté 85 000 euros. Je suis endetté sur sept ans. Si on ajoute à ce crédit les coûts du carburant, de l’assurance, les formations, l’équipement, le nettoyage et l’entretien du véhicule, les frais divers, on arrive vite à 3 000 euros mensuels de charges fixes. Donc, si on n’atteint pas ce chiffre, on ne se paie pas.”

“Moi, les six premiers mois, je payais les factures et c’est tout, raconte William, un collègue lyonnais. Là, j’arrive à sortir un bon SMIC. Mais quand je regarde mes horaires, environ 60 heures par semaine, je me dis que ça ne fait pas beaucoup de l’heure… J’ai choisi ce métier par passion. J’aime conduire, j’aime les voitures, rencontrer des gens et discuter. Aujourd’hui, je fais un triste constat : ce métier qui me passionne ne me permet pas de vivre convenablement, surtout avec deux enfants à charge.”

“C’est compliqué, assure également Icham. Je fais ce métier depuis quatorze ans. À l’époque, ma licence m’avait coûté 62 000 euros. J’ai fini de la payer, mais avec les charges, je commence tous les mois à moins 2 500 euros. Et aujourd’hui, il faut faire face à la concurrence des VTC…”

 

“Avec les VTC, certains collègues de nuit ont perdu le tiers de leur chiffre d’affaires”

Cette concurrence des VTC (voitures de tourisme avec chauffeur) est venue mettre un nouveau coup (“Fatal ? L’avenir le dira”, commente Pascal Wilder) à une profession en proie à la précarité. Ces nouvelles sociétés, apparues en 2009, proposent une alternative aux taxis traditionnels. Leur succès est grandissant. Les chauffeurs de VTC sont environ 18 000 en région parisienne, et 37 000 dans le reste du pays.

Leur mode de fonctionnement se veut pourtant différent. Ils sont censés ne travailler que sur réservation, sans pouvoir prendre de clients dans la rue. Leurs tarifs, élevés, ne devraient pas faire de concurrence aux taxis. En fin d’année, un décret du gouvernement a même imposé un délai de quinze minutes entre la commande et la prise en charge du client.

“En théorie, taxis et VTC sont complémentaires, confirme Pascal Wilder. Aux taxis l’immédiateté, et aux VTC un service plus cher, plus luxueux, réservé en amont et destiné à une autre clientèle. Sauf que les dés sont pipés.” Le délai de quinze minutes est en effet contourné par la possibilité de commander, immédiatement, un VTC via une application sur son smartphone. Concernant la prise de clients dans la rue, c’est la nuit que se pose le problème : “De jeunes auto-entrepreneurs travaillent la nuit, et se postent près des lieux fréquentés à ce moment-là. Ils pratiquent des tarifs en contradiction complète avec l’esprit des VTC. Il faut dire que leur licence ne coûte que 100 euros ! Pire, ils s’installent entre les clients et les bornes de taxis, et alpaguent les passants. Certains de mes collègues ont perdu le tiers de leur chiffre d’affaires. La concurrence est faussée. Comme cela a été prévu par la loi, un VTC ne devrait pas accepter de course à moins de 50 euros. Le jour, c’est à peu près respecté. La nuit, c’est une autre histoire.”

Face à cette concurrence “déloyale”, les chauffeurs de taxi se sont mobilisés le 13 janvier. Ils ont bloqué les centres-villes des grandes agglomérations, ainsi que les accès aux principaux aéroports. Deux nouvelles journées d’action sont prévues : la première dès ce lundi 10 février, à l’initiative d’une intersyndicale des taxis menée par la CGT, et la seconde le 13 mars, prévue par huit organisations. Ils demandent notamment un nouveau durcissement de la législation pour les VTC. “En somme, nous souhaitons que la concurrence soit apaisée entre eux et nous, résume Pascal Wilder. Nous sommes assis sur une poudrière. La colère est vive chez les taxis. Le gouvernement doit en prendre conscience.”

D’autant que, d’ici au 13 mars, les VTC auront contre-attaqué. Plusieurs sociétés exploitantes ont en effet saisi le Conseil d’État pour faire annuler le décret leur imposant les quinze minutes de délai avant la prise en charge, ce qu’ils ont obtenu ce mercredi. Et les chauffeurs qui estiment, eux, participer à l’économie nationale en créant de l’emploi, menacent de bloquer les accès aux ministères si on les bride.

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