A l’issue de son service civique, Inès est ravie. “Sur un plan personnel, il a été très porteur. En arrivant ici j’étais timide, en 6 mois j’ai pris de l’assurance, de la confiance. J’ai aimé travailler en équipe, monter des projets. À notre arrivée, en octobre, nous ne nous connaissions absolument pas et venions d’horizons très divers”. Gustavo intervient: “On a été obligé de jongler entre nos cours à la fac, les activités ici, les conférences à suivre, les rencontres avec des intervenants….C’était très prenant mais très instructif. On nous a appris également à déléguer. Ce service civique est une étape citoyenne qui me tenait à cœur. Nous tenons à remercier notre précieux partenaire le centre associatif Boris-Vian, qui nous a formés et soutenus. D’ailleurs, en juin nous finissons de passer le certificat de formation à la gestion associative. Un diplôme qui, tout comme notre service civique, sera sans aucun doute un plus sur nos Curriculum vitae”.
Un programme chargé
Durant l’année, pour mener à bien leur projet, les Dire ont participé à différentes conférences sur le thème de l’égalité femmes/hommes : “celle du CRDSU, le Centre de ressource et d’échanges pour le développement social et urbain abordant le thème “Des relations filles et garçons dans les quartiers : comprendre les mécanismes relationnels pour favoriser l’égalité”. Par la suite, nous nous sommes retrouvés à la “Quinzaine de l’égalité” organisée par la région Rhône-Alpes. Sans oublier notre participation au festival “Brisons le silence” de l’association Fil actions, ou encore notre participation à des conférences organisés par l’Université. Localement nous avons mené des actions avec les jeunes des EPJ, les centres sociaux…” .
Ces conférences les ont amenés à réfléchir, et à prendre connaissance de la situation actuelle des femmes autant à l’échelle locale qu’internationale : “Ce fut également l’occasion de belles rencontres avec des intervenants de haut niveau qui ont accepté de participer à notre dernière conférence organisée jeudi : Michèle Picard, maire de Vénissieux, Violaine Dutrop-Voutsinos, présidente de l’institut Egaligone, Annick Marnas-Abry, chargée d’étude et de formation à l’ISM Corum, et Brigitte Martel-Boussant, secrétaire générale de la CLEF (coordination du Lobby européen des femmes), secrétaire générale de FCI, (femme contre les intégrismes) et membre du laboratoire de l’égalité”.
Lors de cette soirée passionnante, toutes ont rappelé chiffres à l’appui que l’égalité homme femme est encore loin d’être acquise aussi bien dans le domaine professionnel que privé. “Une femme meurt sous les coups de son compagnon tous les deux jours et demi : 75 000 viols sont commis par an, soit un toutes les 7 minutes, la grande majorité étant commis dans la sphère familiale”. Quant à la parité il reste beaucoup à faire. “13, 8 % des maires seulement sont des femmes. Et très peu ont la charge d’une commune de plus de 10 000 habitants. Ajoutons à la liste les différences salariales, les retraites, la précarité des mamans élevant seules leurs enfants, le travail à temps partiel …” , insiste Michèle Picard. D’où l’importance de socialiser les enfants et de faire passer des valeurs très tôt. “Pourquoi offrir systématiquement une poupée à une petite fille ? interroge Violaine Dutrop-Voutsinos. Pourquoi aujourd’hui encore certains parents ne poussent pas leur fille dans leurs études avec comme seule explication qu’il faut concilier leur vie de mère et leur vie professionnelle ? “
“Il faut changer la vision des femmes dans les quartiers populaires, ajoute Annick Marnas-Abry . Pourquoi une jeune fille ne peut pas s’habiller comme elle le souhaite. Pourquoi un garçon qui a plusieurs aventures est un Don Juan alors que les filles qui ont plusieurs petits amis sont des filles de mauvaise vie ….” Un débat qui se terminait par les propos de Brigitte Martel-Boussant, qui rappelait que la mobilisation est loin d’être terminée. “Ensemble en nous positionnant de manière forte, nous allons y arriver”. Rappelons que ce n’est que depuis 1965 que les femmes ont droit à avoir un chéquier sans demander l’autorisation à leur mari.
Derniers commentaires