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Guy Créquie : un messager

Vénissian depuis 1971, Guy Créquie a écrit 36 livres en quarante ans, essais philosophiques et recueils poétiques. Il est aussi, sous le nom de Gil Conti, un adorateur du ténor Mario Lanza à qui il a rendu hommage dans plusieurs CD. Parcours de celui qui se présente comme un messager, de la Paix et de la Terre.

Vénissian depuis 1971, Guy Créquie a écrit 36 livres en quarante ans, essais philosophiques et recueils poétiques. Il est aussi, sous le nom de Gil Conti, un adorateur du ténor Mario Lanza à qui il a rendu hommage dans plusieurs CD. Parcours de celui qui se présente comme un messager, de la Paix et de la Terre.

Qui est réellement Guy Créquie, serait-on en droit de se demander. Ce monsieur affable de 77 ans qui nous reçoit simplement chez lui, dans le quartier Darnaise, affiche à son compteur 36 livres (“depuis 1980”, précise-t-il) et plusieurs CD, ceux-là enregistrés sous le nom de Gil Conti. Essais philosophiques, recueils de poésie et chant lyrique font partie de son palmarès. Et pourtant, se plaint-il, il reste dans sa ville un inconnu.

Le personnage peut se faire insistant en réclamant les hommages dus, lui qui parle d’un “manque de reconnaissance”. Lorsque vous le rencontrez, il montre rapidement médailles, lettres de félicitations et diplômes reçus grâce à ses divers ouvrages, qui lui font dire qu’il est “sans doute le Vénissian faisant le plus honneur à Vénissieux, avec une centaine de reconnaissances ou de titres internationaux”.

Puis il s’assoit et parle avec passion de son travail. Il sort d’un tiroir la version anglaise d’un livre sur Gandhi, dont la traduction sort aux éditions du Cordeau. Dans cet ouvrage collectif, conçu par la Global Harmony Association, son nom est entouré de prix Nobel de la paix (Adolfo Esquivel, John Avery, Mairead Maguire Corrigan), d’un ancien président indien (Abdul Kalam), de philosophes, d’historiens, etc.

Originaire de Villefranche-sur-Saône, Guy Créquie s’installe d’abord à Lyon et, en 1971, à La Darnaise. “Je n’avais qu’un certificat d’études et un CAP de commerce, obtenu en 1961, quand j’ai pu passer en 1986 un diplôme universitaire.” Auparavant, à l’armée, il est affecté à l’école de météorologie du fort de Saint-Cyr, en région parisienne. “J’ai travaillé pendant un an en station, à Strasbourg-Entzheim. Je suis entré au Parti communiste en 1966 et grâce au mouvement ouvrier, j’ai beaucoup lu, rencontré des gens. Cela a été formateur.”

Alors qu’il est au gouvernement (de 1981 à 1984), le ministre communiste Anicet Le Pors instaure une troisième voie d’accès à l’ENA, l’école nationale d’administration. Elle est ouverte aux actifs du secteur privé et à ceux ayant un mandat d’élu dans les collectivités territoriales. “J’étais syndicaliste à l’UD CGT, reprend Guy Créquie, et je me présente en 1983. J’échoue de 1,5 point. Je n’étais pas prêt et devais m’adapter aux méthodes classiques. Je me réinscris l’année suivante, au moment où l’ENA est décentralisée à Grenoble. La troisième voie n’était plus aussi bien vue par celui qui avait remplacé le ministre.”

Guy est recalé. “En septembre 1984, nouveau coup dur. Mon livre Les Chrétiens et les défis du troisième millénaire est démoli dans une critique de L’Humanité.”
Démoralisé par ce qu’il pense être un quiproquo, l’auteur est pourtant content de son travail auprès des religieux. “J’avais dialogué des milliers d’heures et avais été un des premiers communistes à rencontrer les contemplatifs du Carmel.” Sa passion est intacte, lui qui cite la psychanalyste Michèle Bertrand, le philosophe Lucien Sève, Marx, Engels, Lénine, l’encyclique Quanta Cura ou André Moine, animateur de dialogues entre communistes et chrétiens.

Ministère de la Paix

Il se lance alors un nouveau défi, la poésie. “L’idée m’est venue en écrivant Ministère de la paix. Je me suis toujours demandé pourquoi il existait un ministère de la guerre et pas un de la paix. Pour ce poème, j’ai reçu des remerciements de l’ONU, de Jean-Paul II, de Chirac. J’ai ainsi écrit par la suite 14 recueils poétiques.” Son dernier, qui vient de sortir, s’intitule Poésie planétaire.

“J’ai voyagé dans soixante pays. J’ai chanté dans les favelas de Rio de Janeiro, j’étais à Prague en août 1968 lors de l’arrivée des chars russes, j’ai été expulsé de l’aéroport de Madrid en 1971 par la police franquiste, j’ai chanté sous les balles en 1989 au Sri Lanka…”

Avec Poésie planétaire et le livre sur Gandhi, Guy Créquie va encore publier Avec la pandémie de la Covid-19 (hâtons-nous de rendre la philosophie populaire et nécessaire), dont le titre rappelle un conseil de Diderot. Car ce messager de la paix — sous ce titre est parue son autobiographie aux éditions du Cordeau —, ne cesse de se passionner pour les questions d’actualité. “Le pays de l’exception culturelle, dit-il encore à ce propos, devient celui de la liquidation culturelle.”

Hommage à Mario Lanza

Curieusement, et de son propre aveu, la véritable vocation de Guy Créquie n’était pas plus le syndicalisme que la philosophie ou la poésie mais bien le chant lyrique. “Je suis né quasiment aveugle, souffrant de presbytie, de strabisme, ayant des problèmes de fond d’œil et de rétine. J’ai été pris en main par le professeur Paufique et de 1/10e à 6 ans, je suis passé à 7/10e à 20 ans. Cela a massacré ma scolarité. En 1961, je me suis présenté au concours pour amateurs “Les n°1 de demain“. J’avais, m’a-t-on appris, une voix de ténor lyrique dramatique. À Villefranche, on me surnommait Caruso.”

Lucien Morisse lui trouve un pseudo, Gil Conti, mais Guy ignore sa convocation. “J’étais entretemps entré à EDF et devenu syndicaliste. Je suis resté plus de quarante ans sans chanter et m’y suis remis. Depuis, je l’ai fait pour des cérémonies à Hiroshima, sur le lac Michigan ou à Budapest. Ma référence reste Mario Lanza, un ténor mort à 38 ans, en 1959.”

Gil Conti lui a rendu hommage en enregistrant ses grands airs, tels que Una furtiva lagrima de Donizetti, Be My Love (écrite pour Lanza pour le film Le Chant de la Louisiane) ou Besame mucho.

Gandhi et depuis, éditions du Cordeau, 28 euros.
Poésie planétaire, Nombre7 Éditions, 12 euros.
Avec la pandémie de la Covid-19 (hâtons-nous de rendre la philosophie populaire et nécessaire), éditions du Cordeau, à venir.

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