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"Pedro Páramo" : du théâtre comme au cinéma

Sarkis Tcheumlekdjian s’attaque à un monument de la littérature mexicaine : “Pedro Páramo”, le roman de Juan Rulfo, pour une représentation au Théâtre de Vénissieux le 17 janvier. Avec un regard très cinématographique.

“Vous connaissez Gabriel García Márquez ? “Pedro Páramo”, c’est encore pire !” Après avoir mis en scène avec sa compagnie théâtrale Premier Acte deux textes de l’écrivain colombien, “Macondo” (le nom vient de la ville où se déroule “Cent ans de solitude”) et “Erendira” (inspiré par “L’incroyable et triste histoire de la candide Erendira et de sa grand-mère diabolique”), Sarkis Tcheumlekdjian s’attaque à un monument de la littérature mexicaine : “Pedro Páramo”, le roman de Juan Rulfo, pour une représentation au Théâtre de Vénissieux le 17 janvier.
Rulfo pire que García Márquez ? Sarkis fait allusion à cette frontière fragile qui, chez les écrivains sud-américains, délimite le rêve de la réalité, le monde des morts de celui des vivants. Chez Rulfo, plus encore que chez García Márquez, on ne sait jamais à qui l’on a affaire.
C’est Georges Bigot, metteur en scène dont on a pu voir au Théâtre de Vénissieux deux étapes de “L’histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge”, qui a conseillé à Sarkis de se plonger dans “Pedro Páramo”. “Quand il a vu “ Erendira”, il m’a mis le roman de Rulfo dans la poche. Sa narration est complexe et j’ai pris comme fil conducteur une enquête menée par un jeune homme, à la fois narrateur et narré, à la recherche de son père. J’aime mélanger le réel et le merveilleux, entraîner le spectateur dans le rêve. Et raconter la mort avec le sourire aux lèvres. Cette recherche du père par un homme d’une cinquantaine d’années me touche.”
Sur la scène du Théâtre de Vénissieux, les comédiens de Premier Acte sont en pleine répétition. Sarkis les suit, les aide, est très précis : rien dans leurs gestes, leurs déplacements, leurs regards, leur façon de prononcer une phrase n’est laissé au hasard. Il ne force pas les comédiens, les laissant arriver seuls à la construction définitive. “Je ne suis pas avant-gardiste, explique en aparté Sarkis, simplement observateur.”
Pour mieux se faire comprendre, il emploie un vocabulaire cinématographique, parlant de plans, de cadre. Car le metteur en scène sait drainer le regard du spectateur, comme s’il lui donnait à voir de temps en temps un gros plan. Deux personnages discutent à l’avant de la scène quand un son, une interjection, un crachat de noyau, un mouvement venant du fond attirent soudain l’œil. Avant que l’attention ne revienne aux deux interlocuteurs. Sarkis construit ses scènes comme les séquences d’un film, convoquant Buñuel, le “Dead Man” de Jarmusch, les westerns de Sergio Leone ou “Sur” de Fernando Solanas. De même, comme dans un film, il a travaillé l’ambiance sonore du spectacle, mélangeant des airs mexicains aux croassements des corbeaux, aux grincements des vieilles roues, au bruit du vent qui s’engouffre et au martèlement des sabots de chevaux.

“Pedro Páramo” : 17 janvier, 20 heures au Théâtre de Vénissieux.
Tarifs : de 8 à 18 euros.
Réservations : 04 72 90 86 68.

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