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Contre la disparition du PEAD, il faut se mobiliser d'urgence

Comment vit-on avec moins de 954 euros par mois ? “Ce n’est même plus de la grande pauvreté, c’est la misère”, lançait un intervenant au cours du débat du Grand Rendez-vous de la Ville sur le thème “Vénissieux, une ville solidaire pour une vie digne”. Plus d’une centaine de personnes étaient présentes pour entendre et dialoguer avec Michèle Picard et trois grands noms de la solidarité : Julien Lauprêtre, président national du Secours populaire français, Christophe Deltombe, président d’Emmaüs France, et Didier Lesueur, de l’Observatoire de l’action sociale décentralisée.

 

Les chiffres s’empilent et tous décrivent une situation qui ne cesse d’empirer. Dans notre pays, près de 8,2 millions d’hommes et de femmes vivent avec moins de 954 euros par mois, 50% d’entre eux ont moins de 773 euros mensuels, insistait le maire. En 2009, 300000 personnes supplémentaires sont passées sous le seuil de pauvreté.

Dans notre ville, la situation est à l’avenant. Ainsi, en 2007, plus de 27% des Vénissians vivaient en-dessous du seuil de pauvreté soit le double de la moyenne nationale. Au CCAS, qui traite désormais quelque 6050 dossiers,  le montant des aides sociales accordées a augmenté de 30% en deux ans. “Le taux de bas revenus pour les Vénissians atteignait 35% contre 17% pour le département. Et le chômage des jeunes est quasi structurel dans certains quartiers. Entre juin 2010 et 2011, le nombre de chômeurs de longue durée a augmenté de 52%”, rappelait Michèle Picard au cours de cette table ronde animée par Bruno Lachnitt, de la Mission régionale d’information sur l’exclusion (MRIE).

Le cri de colère de Julien Lauprêtre
Et dans ces familles pauvres, les enfants trinquent particulièrement. Une étude menée par la MRIE en Rhône-Alpes, Ile de France et Paca, rend compte de l’ampleur des situations de pauvreté infantile. Bruno Lachnitt précisait : “En Rhône-Alpes en 2009, 22,2% des enfants de moins de 18 ans vivaient dans une famille à bas revenus ; ils étaient 24,6% en Ile-de-France et 33,3% en PACA.” Si on en reste à cet indicateur, Rhône-Alpes est donc  la moins touchée de ces trois régions par la pauvreté des enfants. Mais si l’on regarde la répartition géographique de ces enfants, on constate que Vaulx-en-Velin tient la première place (51,1%) suivie de Vénissieux (48,5%). Près de 45% des enfants les plus pauvres vivent dans une famille monoparentale.

Face à cette situation dévastatrice, Julien Lauprêtre, président national du Secours populaire, lançait un véritable cri de colère. “Au Secours, nous devons faire face à un raz-de-marée de la misère. Et nous risquons de vivre un tsunami alimentaire, car l’Europe envisage de diminuer de 75% son programme d’aide aux plus démunis.”

Ce PEAD permet de distribuer, via 240 associations, une aide tirée des stocks de la politique agricole commune à plus de 13 millions de personnes. Dix-neuf des vingt-sept États de l’Union Européenne y ont recours, en tête desquels l’Italie, la Pologne et la France. “Ces deux dernières années, le niveau des stocks était si bas que l’UE a dû le compenser par d’importants achats de nourriture. Mais six États (Allemagne, Royaume-Uni, République tchèque, Suède, Danemark, Pays-Bas) sont opposés à de tels achats,  les jugeant incompatibles avec la PAC.”

En France quatre associations reçoivent cette aide, qu’elles redistribuent à 3,5 millions de personnes : la Fédération française de la  banque alimentaire, la Croix Rouge, le SPF et les Restos du Cœur.  “Nous appelons les ministres à prendre leurs responsabilités pour trouver une solution rapidement et éviter une crise humanitaire dès 2012. Nous sommes face à une situation inédite, alors que nous n’avons jamais eu autant de demandes de personnes en grandes difficultés : des jeunes, des retraités, des familles monoparentales, des travailleurs pauvres, mais également des petits artisans et des anciens cadres” , a expliqué Julien  Lauprêtre. “45 millions de repas fournis par le SPF venaient l’an dernier de l’Europe, précisait-il : cela représente 1 euro par Européen et par an.”

Partageant cette colère, Christophe Deltombe, le président national d’Emmaüs, faisait part d’une autre préoccupation, liée au logement : il en manque 8,5 millions. “Le budget de l’accueil d’urgence est en nette diminution. Mais nous disons que le déficit public ne doit pas peser sur les budgets sociaux. On met à l’écart les plus pauvres alors que s’ils sont aidés, ils participent à la vie économique.” La preuve par Emmaüs, ses 116 communautés et ses 85 structures d’insertion : chaque année, les compagnons récupèrent 225 000 tonnes de déchets, dont 190 000 tonnes sont remises en état et repartent dans le circuit économique. 10% des recettes sont alors dégagées pour d’autres actions de solidarité… “Les plus exclus peuvent devenir des acteurs de la société. Ce sont des citoyens comme les autres.”

“L’heure est à l’urgence : urgence sociale, urgence humaine, urgence d’une politique gouvernementale et d’un modèle de société à revoir de A à Z, insistait Michèle Picard en conclusion des discussions. Car la pauvreté n’est pas une fatalité,  mais le fruit du capitalisme financier et du maintien de son fonctionnement par les états.” Le maire suggérait également de lancer une carte-pétition destinée à l’Union européenne pour exiger le maintien du Programme d’aide alimentaire aux démunis.

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