Député sortant dans une circonscription qui penche historiquement et de façon marquée à gauche, Idir Boumertit était le favori de ces élections législatives anticipées. Il n’a pas trébuché : dimanche 7 juillet, le Vénissian, sous la bannière du Nouveau Front populaire, a largement battu Cédric Mermet, le candidat envoyé par le Rassemblement national.
Sur fond de participation stable (58,50% ce dimanche, 59,80% le précédent), le candidat de l’union de la gauche, soutenu notamment par la majorité municipale de Vénissieux, a en effet obtenu 65,03% des suffrages sur l’ensemble de la circonscription. Avec 26 974 voix, il gagne plus de 5 000 voix par rapport à son score du premier tour. Le signe que le front républicain a fonctionné. Ludovic Almeras (Ensemble, non-qualifié pour le second tour), qui avait obtenu près de 7 000 voix le 30 juin, avait en effet clairement appelé à faire barrage au candidat du RN. Un appel manifestement entendu par une majorité de ses électeurs.
Cédric Mermet, qui se présentait pour la première fois dans la circonscription, a pour sa part obtenu 14 508 voix (soit 34,97% des suffrages). Il ne progresse « que » de 1 871 voix, dont une partie vient probablement des électeurs de David Mazzone (LR, 2 059 voix au premier tour), lequel n’avait pas appelé à faire barrage à l’arrivée d’un nouveau député du RN à l’Assemblée nationale.
À Vénissieux, Idir Boumertit a confirmé sa nette avance sur son adversaire. Il termine en effet avec 75,21 % des suffrages, contre 24,79 % pour Cédric Mermet — pour respectivement 60,32% et 20,88% le 30 juin. Son score augmente de près de 1900 voix. Au premier tour, rappelons que le candidat macroniste Ludovic Almeras en avait obtenu près de 2200, ce qui montre là aussi le bon fonctionnement de la dynamique de front républicain. Cédric Mermet, pour sa part, gagne seulement 450 voix. Observons également la forte progression du nombre de bulletins blancs entre les deux tours, qui passe de 220 à 746.
Un mot, enfin, de la participation : elle est restée stable par rapport au 1er tour, à 57,05%.
Les réactions locales
Idir Boumertit, député de la 14e circonscription
« Merci de votre vote en ma faveur sur la 14e circonscription du Rhône, car vous avez voté en faveur de plus de justice sociale et de solidarité citoyenne. Merci aux militant(e)s toujours à mes côtés, merci aux sympathisant(e)s et à tous ceux et toutes celles qui ont œuvré pour que les idées et le programme du Nouveau Front Populaire l’emportent ici ! Vous avez donné une force à ce programme et à cette gauche retrouvée, qui nous oblige, qui oblige nos responsables nationaux. La République authentique et la France progressiste, voici ce à quoi nous aspirons !
Le combat est devant nous, car notre pays est entré dans une zone de turbulences. Il va falloir trouver d’autres manières de faire pour qu’une gouvernance soit possible. Chacune de vos voix, au-delà du nombre de députés, va peser lourdement dans les négociations à venir. Mais le risque fasciste est toujours là, plus menaçant que jamais. Le moment est grave. Des nuages noirs se sont amoncelés dans le ciel de notre pays. Comptez sur moi pour ne pas baisser la garde !
Je le dis clairement aux Françaises et aux Français, nous avons entendu vos espoirs, vos colères et vos attentes. Nous le NFP, proposerons des solutions fortes, généreuses, pour tous et toutes, des solutions réalistes, financées et qui impliquent un supplément de solidarité et de justice sociale. J’espère que chacun l’entendra et le comprendra. Nous nous en sortirons tous ensemble, chacun faisant des efforts à la mesure de ses moyens. »
Cédric Mermet, candidat pour le Rassemblement national
« Dimanche 7 juillet, comme dans toute la 14e circonscription, les Vénissians ont été plus nombreux que jamais à refuser les caricatures et les manœuvres des appareils parisiens en choisissant notre projet fraternel et républicain de redressement national ; je les félicite pour leur lucidité et les remercie pour leur soutien.
En imposant une campagne accélérée, le président de la République ne m’a pas permis d’expliquer et de convaincre autant que je l’aurais souhaité. La très faible exposition médiatique de notre circonscription et l’absence de débat avec M. Idir Boumertit ont contribué à cette absence de clarification démocratique.
Je sais que le projet irréaliste et dangereux du Nouveau Front populaire ne résistera pas plus à l’épreuve des faits que la politique déjà contestée de la municipalité communiste à la dérive. Vénissieux mérite mieux que le clientélisme et le séparatisme dont souffrent en premier lieu les plus fragiles et les plus modestes.
Au bout du compte, les résultats de ces élections législatives m’apparaissent profondément déconnectés des échanges que j’ai pu avoir avec les Vénissians de toutes origines. Je continuerai à travailler pour l’alternance possible et nécessaire avec tous ceux qui nous ont rejoints. Cette campagne est fondatrice. « Tout commence », comme disait Jordan Bardella au soir du second tour. »
Michèle Picard, maire de Vénissieux
« Le Nouveau Front Populaire sort en tête de cette élection, il faut s’en féliciter et constater que le barrage républicain contre l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir a joué son rôle. [Mais] l’arrivée en tête du Nouveau Front Populaire ne doit pas faire écran au fait que le Rassemblement National continue de progresser en termes de sièges par rapport à 2022. Ce vote pour l’extrême droite n’est pas seulement un vote de colère, mais l’expression d’un malaise social profond. (…)
Le défi à gauche est clair. C’est politiquement qu’il nous faut convaincre et rassembler les classes populaires et ouvrières, dont beaucoup sont partis à l’extrême droite. C’est sur le terrain, en redonnant un espoir aux travailleurs et aux plus modestes, en instaurant une vraie justice sociale, en renforçant les services publics sur tout le territoire de la République, que les forces de gauche renoueront avec leurs principes et leurs valeurs. C’est à cette condition seulement que l’espoir se lèvera en France.
Il nous faut relancer la bataille pour l’unité et la cohésion du peuple. Face à l’extrême droite qui stigmatise et des politiques libérales qui creusent les inégalités et aggravent la précarité et la pauvreté, les forces de gauche, dans le respect de leur diversité, doivent s’unir pour transformer notre société en profondeur et lui redonner le cap de notre <>République indivisible, laïque, démocratique et sociale. »
Lotfi Ben Khelifa, conseiller municipal (Groupe de gauche progressiste, socialiste et écologiste)
« On ne peut que se réjouir de la défaite de l’extrême droite qui a malheureusement doublé sa représentativité au sein de l’Assemblée Nationale. Évidemment on se félicite de la victoire du Nouveau Front Populaire contre l’extrême droite et contre Emmanuel Macron qui avait promis de la combattre, mais en réalité lui a servi de marchepied.
À présent la gauche doit entendre la France qui souffre, cette France qu’Emmanuel Macron a fracturée à coups de 49.3 et de réformes contre le peuple. »
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