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Conférence au lycée Jacques-Brel : le choix du chacal ou de la girafe

Membre du groupe de polyphonies corses I Muvrini, Jean-François Bernardini s’est investi depuis de nombreuses années, avec la fondation Umani, dans l’apprentissage de la non-violence.

Membre du groupe de polyphonies corses I Muvrini, Jean-François Bernardini s’est investi depuis de nombreuses années, avec la fondation Umani, dans l’apprentissage de la non-violence. Ce 27 janvier, il rencontrait trois classes du lycée Jacques-Brel.

 

Sur l’estrade, le conférencier brandit deux peluches : celles d’un chacal et d’une girafe. Pour prêcher la non-violence, le chanteur Jean-François Bernardini, membre fondateur du groupe de polyphonies corses I Muvrini, sait aller à l’essentiel. Ce 27 janvier, devant trois classes attentives de 2e générale, 2de bac pro commerce et 1e STMG du lycée Jacques-Brel, il s’expliquait en usant de métaphores animalières. Pourquoi, dans un monde de crocodiles, il vaut mieux être girafe que chacal, et surtout pas mouton.

Depuis plusieurs années, avec la fondation Umani, Jean-François Bernardini se rend dans les collèges et lycées, les prisons, participe à des forums et des formations et parle de ses convictions non-violentes. Il évoque le chef mafieux sicilien Bernardo Provenzano qui, après avoir coupé les ponts avec sa famille et favorisé l’assassinat de plus de 250 personnes, vivait comme un seigneur avant d’être arrêté et de finir ses jours en prison. Alors qu’il atteignait 83 ans, un journaliste lui posa la question : “Et si c’était à refaire ?” Le Capo di tutti lâcha : “Je ne peux pas répondre !”

Le conférencier sait capter l’attention des élèves. Suspendu à ses lèvres, ils attendent la suite. “Provenzano possédait tout mais, en regardant dans le rétroviseur de sa vie, pensant aux familles qu’il avait fait exploser, aux mères qu’il avait fait pleurer, il n’avait pas de quoi être fier. Avec cette question, ses neurones-miroirs se rallumaient. Tout cela parce qu’à 13 ans, en devenant guetteur pour la mafia puis tueur, il a laissé entrer en lui un virus terrible : l’argent !”

Il fait immédiatement la relation avec des tentations actuelles : “Vous croyez au paradis, vous entrez en enfer.” Il enchaîne avec les féminicides (600 femmes assassinées depuis 5 ans par un conjoint, ou ex-conjoint), la mort de George Floyd tué par un policier américain devant l’indifférence de ses collègues, parle du psychologue américain Marshall Rosenberg et de sa “communication non-violente”, passe au harcèlement mais aussi aux violences faites au corps par abus de sucre et manque de sport. Il raconte ensuite l’histoire d’un gamin de 13 ans tué par un autre de 13 ans et demi. Au procès, la mère du premier jura de tuer le deuxième. Elle alla le voir en prison, le recueillit à sa sortie, lui trouva du boulot et le rendit complètement différent. Elle avait éliminé le meurtrier de son fils en bouleversant complètement son profil.

“On ne parle jamais de la non violence, insiste Jean François, elle n’est pas enseignée en France. Etre non violent c’est reconnaître d’abord que tous nous sommes capables de violence. La colère peut nous tromper il faut apprendre à la contrôler”.

Jean-François Bernardini, qui a une grande habitude de la scène, ménage ses effets, prend des poses, s’empare de ses peluches. Cessons d’être un chacal pour appréhender le monde avec des yeux de girafe. À l’issue de sa prestation, une jeune fille le remercie. Il donne alors à tous un numéro de portable, sur lequel qui le désire peut laisser un sms. Alors qu’il discute avec le proviseur et son équipe, Jean-François reçoit un premier message de quelqu’un qui le remercie de comprendre ce que peuvent vivre les adolescents.


Les anticorps de la violence

Après la rencontre avec les élèves, Jean-François Bernardini a pris le temps de discuter avec l’équipe du lycée Jacques-Brel et la presse.

“Ce qui passe par l’émotion est retenu. Et c’est partout pareil, que je sois avec des joueurs de foot, des détenus et leurs gardiens ou des élèves. Je leur dis souvent : je ne suis pas en colère contre toi, je suis en colère pour toi ! Il faut apprendre à délaisser le langage chacal.”

Il parle aussi des formations qui aident à gérer des situations difficiles. “Le harcèlement progresse parce que le corps social est faible. Et l’industrie du divertissement fait du bon boulot pour initier les jeunes à la langue chacal.”

Citant la série coréenne Squid Game et son influence dans les cours de récréation, il aborde “les remparts éducatifs”. “Il existe une intelligence émotionnelle et, en France, nous avons sur ces questions un retard considérable. Saint-Denis est le seul espace universitaire à proposer des modules de non-violence.”

Sur sa prise de conscience, il explique avoir toujours eu cela en lui, et qu’il suffisait juste de passer à l’action, grâce à la fondation Umani. “Quand l’anticorps existe, vous ne pouvez plus le garder en vous. Je me suis formé.”

Ainsi, ses conférences sont-elles bénévoles. Il les a démarrées en 2011 et a vu, depuis, quelque 500 établissements. “Ce qui vient d’en bas doit devenir visible”, conclut-il.

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