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Culture

Un été de patrimoine à Gérard-Philipe : quelques beaux monstres

Avec quatre comédies italiennes au taquet, quel bel été nous propose le cinéma Gérard-Philipe !

 

Et si on passait un été au frais avec Alberto, Marcello, Stefania et Dalila ? C’est ce que propose le cinéma Gérard-Philipe, du 24 juillet au 10 septembre, avec son cycle italien d’Un été de patrimoine. Quatre films du meilleur tonneau — Le Célibataire (1955) et Adua et ses compagnes (1960) d’Antonio Pietrangeli, Divorce à l’italienne (1962) de Pietro Germi et Qui a tué le chat ? (1977) de Luigi Comencini —, quatre nectars parmi les innombrables réussites du cinéma transalpin des années soixante et soixante-dix dans lesquels on retrouvera donc pêle-mêle Alberto Sordi, Marcello Mastroianni, Stefania Sandrelli, Ugo Tognazzi, Dalila Di Lazzaro mais aussi Simone Signoret et Michel Galabru.

Après les téléphones blancs si typiques des comédies mussoliniennes des années trente, le cinéma italien a connu, dans le prolongement de la Seconde guerre mondiale, une belle reconnaissance internationale avec le néo-réalisme. Une quinzaine d’années plus tard, plutôt que de s’épuiser, le genre a trouvé une belle finalité en se renouvelant dans l’âge d’or de la comédie italienne. Les films signés par Mario Monicelli, Dino Risi, Ettore Scola, Antonio Pietrangeli, Pietro Germi, Luigi Comencini et quelques autres prenaient des héros issus du peuple avec leur lot de courage et de lâchetés, leurs fanfaronnades bien italiennes, leur phrasé rythmé, leur petitesse et leur grandeur. Incarnés par des acteurs tels qu’Alberto Sordi, Marcello Mastroianni, Vittorio Gassman, Ugo Tognazzi, Nino Manfredi ou Giancarlo Giannini, ils incarnèrent réellement le peuple italien, celui de la défaite et des compromissions, celui du courage et de la grandeur d’âme, celui de la séduction et de la mode. Car, dans les années soixante, grâce sans doute à des films comme La Dolce Vita, l’Italie et ses lieux emblématiques, telle la fontaine de Trevi, étaient devenus l’endroit où être.

Les quatre films à l’affiche du cinéma Gérard-Philipe font partie de cette immense corpus que sont les comédies italiennes. On aurait pu y ajouter des œuvres telles que Le Pigeon, Les Nouveaux Monstres ou Nous nous sommes tant aimés qui, tous, ont replacé l’Italie dans le cœur des spectateurs du monde entier. Programmé du 24 au 30 juillet, Le Célibataire est un film assez amer dans lequel le génial Alberto Sordi cache sa solitude sous des désirs de célibat. L’acteur installe là cette image de fanfaron veule, détestable et sympathique, pitoyable et grandiose comme le sont la plupart des personnages des comédies italiennes. Avec, en outre, l’omniprésence de la mamma.

On retrouve le même cinéaste, Antonio Pietrangeli, avec Adua et ses compagnes, proposé du 31 juillet au 6 août. Pietrangeli est resté dans l’histoire du cinéma italien avec des films qui traitent de la condition féminine. Adua (Simone Signoret) et ses compagnes (Sandra Milo, Emmanuelle Riva, Gina Rovere) sont quatre prostituées qui décident d’ouvrir un restaurant et qui tombent sous la coupe de celui qui est prêt à les aider financièrement. Signé par quelques-unes des meilleures plumes de l’époque — outre Pietrangeli, citons Ettore Scola, Ruggero Maccari et Tullio Pinelli —, le scénario et les dialogues vachards battent en brèche l’hypocrisie, tant celle des hommes que de la société, et nous amuse avec ses travers.

C’est également l’hypocrisie que Pietro Germi va placer au cœur de Divorce à l’italienne, en se moquant de la loi qui interdisait alors aux Italiens de divorcer, empêtrés qu’ils étaient avec les diktats de la religion catholique. Comme Marcello Mastroianni ne peut pas divorcer, il va tout faire pour se débarrasser de son épouse encombrante et horripilante à souhait (Daniela Rocca) qui, à tout bout de champ, susurre le diminutif de son mari (« Féfé, fais-moi du café »). D’autant plus qu’entre temps, Marcello a rencontré la jeune et jolie Stefania Sandrelli. Le scénario est corrosif, politique et transforme ce qui pourrait n’être qu’un réquisitoire soutenu en délicieuse comédie où tel est pris qui croyait prendre. Qui sera visible du 21 au 27 août.

Beaucoup plus récent, puisque le film date de 15 ans après Divorce à l’italienne, Qui a tué le chat ? sera projeté du 3 au 10 septembre. Comencini est un réalisateur à la découverte beaucoup plus tardive en France. Plutôt délaissé chez nous à la grande époque des Risi et Scola, peut-être parce qu’il avait eu le tort de réaliser un épisode peu réussi de la saga Don Camillo, Comencini a bâti une œuvre variée, allant de la comédie pure au drame de l’enfance, qui s’est faite connaître en France dans le désordre. Ainsi, L’Incompris (1966) a-t-il accédé à nos salles en 1974, À cheval sur le tigre (1961) en 1976 et L’Argent de la vieille (1972) en 1977, la même année que Qui a tué le chat ?, qui venait de sortir en Italie. Difficile ainsi, pour qui s’intéressait au cinéma italien, de se faire une opinion exacte sur le cinéaste.

Qui a tué le chat ? s’avère être un réel jeu de massacre dans lequel un frère et une sœur (Ugo Tognazzi, tout en bouclettes, et Mariangela Melato) vont se mettre en devoir d’expulser les derniers locataires qui restent dans leur immeuble afin de pouvoir le vendre. Cupidité, mauvaise foi, cynisme, exubérance, folie sont autant de termes qui croisent la route de nos deux zozos, auxquels s’ajoute le plaisir de voir toute cette belle agitation. D’autant que l’on retrouve au générique Dalila Di Lazzaro et Michel Galabru.

Vous voulez passer de belles vacances italiennes au frais et à peu de frais ? Rendez-vous au cinéma Gérard-Philipe !

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