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“Grand débat” : que disent les “cahiers de revendications” à Vénissieux ?

Mis en place le 24 décembre, les « cahiers de revendications » adressés au président de la République se remplissent peu à peu. Nous avons consulté celui du hall de l’hôtel de ville.

Mis en place dès le 24 décembre à Vénissieux, les « cahiers de revendications » adressés au président de la République se remplissent peu à peu. Nous avons consulté celui du hall de l’hôtel de ville.

« Je vous écris, Monsieur le Président… » Dans le gros cahier sur la petite table, à l’entrée de la mairie, une centaine de pages sont remplies. Chacune comporte trois parties à compléter : « Habitant de Vénissieux, je demande…, je propose…, je souhaite que soient traités par ordre de priorité les problèmes suivants… »

Parfois, ce ne sont que quelques phrases inscrites hâtivement. Mais souvent, doléances et témoignages occupent toute la page, se poursuivent même au recto de la feuille. Presque tous anonymes, les propos sont précis, argumentés, quelquefois très personnels. Ils expriment un ras-le-bol et des demandes déjà entendues ailleurs, dans des manifestations de retraités, par exemple, ou dans certains partis, syndicats ou associations. Mais aussi, tout simplement, dans les discussions entre amis ou collègues ou sur les ronds-points…
On y trouve d’ailleurs beaucoup de revendications popularisées par les “gilets jaunes”, telles que le référendum d’initiative citoyenne (RIC), la baisse des taxes ou du prix de l’essence. Enfin, un mot revient beaucoup dans ces textes, le mot « peuple ».

Travail et pouvoir d’achat
« Il faut du travail pour tous, car le chômage coûte cher », « c’est une condition pour l’accessibilité à la dignité ». La quasi-totalité des contributions demandent la revalorisation du SMIC ou de la pension d’invalidité, la hausse des salaires ou du point d’indice des fonctionnaires… Des propositions précises : « rétablir les APL pour tous », « baisser la TVA sur les produits de première nécessité », « arrêter l’avance des frais de santé, on n’a pas les moyens ». Le 10 janvier, une personne demande « que les magasins acceptent trois tickets resto aux caisses ».

« Fonctionnaire, je perçois 1 400 euros par mois, sans aucune aide, je n’y arrive pas, je survis » confie une mère seule. Tandis qu’un père réclame « une aide financière pour les jeunes sans travail. Mon fils de 22 ans ne peut même pas se payer le permis de conduire qui lui est demandé par les employeurs potentiels ». « Je voudrais arrêter de rogner partout mais regarder en haut, lever les yeux ! » écrit-on le 11 janvier. « SOS pour nous, les prochains pauvres », lit-on sur la page suivante.

Les cahiers révèlent l’exaspération des retraités, qui exigent que « la CSG sur les pensions soit supprimée », « que les retraites soient revalorisées et indexées sur l’inflation, et pour qu’il n’y ait pas de remise en cause de cette disposition, qu’elle soit inscrite dans la Constitution » !

Justice sociale et fiscale
Le rétablissement de l’ISF est l’un des best of des cahiers, souvent lié à une dénonciation de l’inégalité devant l’impôt. « Refaites payer les riches qui le sont tant », « arrêtez de faire payer par une partie de la population les réductions de taxes des autres ». « Je demande le retrait du CICE pour les riches entreprises qui font du chiffre », « l’interdiction de l’optimisation fiscale ».

« Nous voulons vivre de notre travail sans être asphyxiés par des taxes, encore des taxes, toujours des taxes », s’exclame-t-on mi-janvier à la manière de Danton… « Les impôts seront acceptables lorsque chacun s’en acquittera en fonction de ses gains réels. Pas comme toutes ces vedettes, sportifs, super patrons, actionnaires, à Saint-Barth ou ailleurs. »

Abolition des privilèges !

Le RIC porté par les « gilets jaunes » est très présent, censé permettre « un regard sur les grandes lois du pays et l’utilisation de notre argent », « la prise en compte réelle de la population à l’échelon local et national », mais aussi « revoir la politique d’accueil des migrants ».

« Écoutez et prenez en compte les cris du peuple », dit-on au président. D’autres proposent de « tenir compte du vote blanc », d’instaurer « la proportionnelle à toutes les élections », de « rétablir la présence de députés issus du peuple », de créer « une assemblée constituante dans chaque département, de décentraliser sur tout le territoire le pouvoir concentré à Paris ».

« Les médias sont au service des riches et des puissants, n’informent plus mais fabriquent des opinions qui vont dans le sens de leurs Maîtres » déclare « un sujet de Sa Majesté et de ses Princes »… La référence à l’Ancien Régime est fréquente dans ces écrits, donnant aux cahiers de doléances de 2019 un air de parenté avec leurs ancêtres de 1789…
Ainsi cette double page rédigée le 11 janvier par « un ouvrier de 72 ans du bon peuple qui s’excuse de son langage non poli » (il commence en effet par « la politique, ça pue ! »), adressée « à nos Princes d’en haut ». « Suppression des privilèges ! » s’exclame-t-on à Vénissieux le 14 janvier, comme un écho du 4 août 1789 qui avait mis fin à la féodalité.

“Soyez poli, M. le Président !”

Le Président (à qui ces cahiers sont adressés) est souvent interpellé. « Que M. Macron nous respecte, la violence de ses propos engendre la violence ». « Soyez poli, ne nous menacez pas ». Le 14 janvier, une contribution fait un parallèle saisissant : « Je demande que soient remboursés tous les médicaments contre la maladie d’Alzheimer, et non pas la moitié, comme depuis le 1er août 2018, depuis que le couple Macron s’est fait construire une piscine au fort de Brégançon ».

C’est aussi au président que s’adressent ces Vénissians au bas de leur contribution : « Merci de m’avoir permis de m’exprimer autrement que par vote », « j’espère que ces doléances ne seront pas vaines, que cela vous grandira et grandira la France, sinon bonjour le chaos ».

« Je demande en criant haut et fort que quand une loi est faite pour faciliter la vie du peuple, on regarde la suite de cette loi. Le plus important pour moi, c’est que tous les gouvernements successifs évitent les dépenses inutiles comme tous les ménages qui sont en bas et se battent pour garder leur dignité. »
(Anonyme, Vénissieux, le 24 décembre 2018)

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