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L’agriculture urbaine, ça pousse !

À Vénissieux, près de 400 jardiniers urbains se partagent onze hectares de parcelles à cultiver. Gérés par des associations indépendantes, ces jardins permettent d’envisager une manière alternative de se nourrir et remplissent un rôle social.

À Vénissieux, près de 400 jardiniers urbains se partagent onze hectares de parcelles à cultiver. Gérés par des associations indépendantes, ces jardins permettent d’envisager une manière alternative de se nourrir et remplissent un rôle social.

En 2030, plus des deux tiers de la population mondiale sera citadine. Mais en ville, la verdure n’a pas dit son dernier mot. Dans les grandes cités comme dans les petites, les agriculteurs urbains revendiquent le droit de cultiver tomates, vignes ou concombres pour leur plus grand plaisir… ou pour ne plus subir les diktats de la grande distribution.

À Vénissieux, on trouve près d’une dizaine de jardins communautaires ou familiaux, qui totalisent 110 650 m2 et plus de 360 parcelles. “C’est un phénomène qui s’accentue. Nous constatons une montée en puissance de la demande. Par exemple, le jardin de l’Espéranto va bientôt augmenter le nombre de ses parcelles”, note Jean-Maurice Gautin, adjoint au cadre de vie. Qui précise que les jardins dans la commune sont administrés de manière autonome par des associations, en partenariat avec la Ville. “Les associations font un excellent travail, et contribuent au maintien de la biodiversité”, juge-t-il.

Plus qu’un loisir
Le long du boulevard périphérique, boulevard Pinel, s’étendent les jardins de l’abbé Billot. Gérées par l’association “Jardins du Lyonnais et de la Xavière”, les 53 parcelles de 200 m2 sont toutes équipées d’un robinet et disposent d’un cabanon, qui prend le week-end des airs de résidence secondaire. Les pesticides chimiques y sont interdits : chacun composte et fait sa tambouille d’engrais, de désherbant et d’insecticide nature.

“Les jardiniers viennent tous des alentours, que ce soit de Vénissieux ou de Lyon 8e. Pour un loyer de 76 euros par an, ils viennent quand ils veulent, presque tous les jours dès que l’hiver tire à sa fin, explique Pierre Vincent, responsable du jardin depuis une quinzaine d’années, et de sa propre parcelle depuis 20 ans. Ici, les gens sont âgés de 35 à 83 ans, la grande majorité est retraitée et présente depuis longtemps. 20 ans en moyenne ! Preuve que le jardinage conserve, seules une ou deux parcelles se libèrent chaque année.”

Pour Pierre Vincent, “les champions du jardin, ce sont les Portugais”. De fait, le jardin de Manu est impressionnant. Haricots, fèves, ail et échalote, carottes et radis, blettes et épinards… Les plants sont tirés au cordeau, les pommes de terre alignées comme à la parade, et cernées par les fleurs. Le long du chemin qui traverse la parcelle, des arbres fruitiers : prunier, pêcher, pommier, figuier, et même des pieds de vigne ! Noël, jeune retraité, n’abandonnerait ce “havre de paix” pour rien au monde. “Même la circulation du périph’, je ne l’entends plus. C’est comme vivre à côté d’un torrent, à force, on n’y fait pas attention.” Il s’est mis récemment au jardinage, en demandant conseil et en allant sur Internet. “Je fais ce que je peux mais qu’est-ce que ça me fait du bien !”

Autre lieu, ambiance plus calme. Aux jardins familiaux rue de l’Espéranto, les 47 jardiniers se partagent 45 parcelles, dont la taille oscille entre 100 et 200 m2. Évelyne Béroud, la secrétaire, rappelle que les structures qui gèrent les jardins ouvriers ou familiaux ne sont pas des prestataires. “Nous sommes une association. Il y a une vie en commun, avec des gens qui mouillent le maillot pour le bien de tous. On demande donc aux membres de participer à une matinée (sur quatre) d’entretien des espaces collectifs. Ils doivent aussi entretenir leur jardin, respecter le règlement qui impose notamment de ne pas planter d’arbres fruitiers, faire attention à leur consommation d’eau…”

Le bonheur, ça se cultive
La convivialité est à ce prix, et tous s’en accommodent sans ciller. D’Albert, jeune retraité qui “plante un peu de tout” et vient plusieurs fois par semaine, pour le plaisir de “cultiver des fruits et des légumes qui n’ont pas le même goût qu’au supermarché”, à Renée et Gilbert, un couple de retraités qui vient régulièrement planter petits pois, carottes, fraises et tomates. “Ça nous occupe et puis on sait ce qu’on mange”, sourit Renée.

Parmi les passionnés, Éliane Levet. Cette ancienne infirmière pédiatrique, férue de jardinage, compte déjà plusieurs prix aux concours des balcons et maisons fleuris. Dont le premier, dans la catégorie… “Jardin potager fleuri”. Mais contrairement aux apparences, Éliane Levet a appris sur le tard, “beaucoup dans les livres”, puis sur le terrain. Sur sa parcelle, jonquilles, primevères et pensées côtoient oignons, échalotes, choux et tomates. Liste non exhaustive, tant s’en faut, car cette passionnée est là presque tous les jours, même en hiver. Intarissable, jamais avare d’un conseil ou d’une anecdote, elle a fait de cette passion un art de vivre. “Le jardinage, c’est le partage. On a toujours un peu de ceci ou de cela en trop, alors c’est un plaisir de donner.” Et de conclure, avant de nous raccompagner au portail : “Vous prendrez bien un peu de romarin ?”

Nous voici quelques kilomètres plus loin, au jardin de l’Envol. Ce “jardin collectif d’insertion sociale” s’étend sur un terrain municipal de 2 500 m2, dont la moitié est travaillée, en bas du coteau est du plateau des Minguettes. Il est administré par l’association Le Passe-Jardin. Toute l’année, en toutes saisons, une trentaine de personnes font vivre ce lieu où l’on cultive le lien social et les salades sur un terreau de solidarité.

“Avec ces jardins partagés, Vénissieux dispose d’un espace de biodiversité en plein centre-ville. On produit en moyenne deux tonnes de légumes et de fruits sains chaque année, détaille Sylvie Minot, animatrice depuis huit ans. On apporte ainsi une alimentation saine à des personnes parfois en difficulté sociale ou handicapées. Sinon, jardiner ensemble sociabilise, mais permet surtout de se recentrer sur l’essentiel : la terre qui nous fait manger. Jardiner rend meilleur !” Patricia, qui se définit en plaisantant comme une “spécialiste purin”, ne dit pas autre chose. “Ici, on partage nos soucis et notre bonne humeur, on oublie nos douleurs et nos peines.” Le bonheur serait-il donc dans le pré ?

Avec François Toulat-Brisson


Pratique


Pour toute demande par courrier postal, joindre une enveloppe timbrée à l’adresse du demandeur.
● Les jardins familiaux de Vénissieux

2, rue de l’Espéranto
> Association des Jardins familiaux de Vénissieux
8, bd Laurent Gerin
69 200 Vénissieux

● Association des jardins du Lyonnais

En limite de Feyzin, Saint-Fons et Vénissieux
> Association des Jardins du Lyonnais
46, chemin Moulin-Caron
69130 Écully
04 72 86 97 02 ou jardinslyonxaviere@gmail.com

● Les jardins de l’abbé Billot

279 bis, bd Pinel
> Association des Jardins du Lyonnais et de la Xavière
Section Billot
46, chemin Moulin-Caron
69130 Écully
04 72 86 97 02 ou jardinslyonxaviere@gmail.com

● Association des jardins de la Garenne
Ex-Renault Trucks, en face du nouveau cimetière
> Association des Jardins de la Garenne
M. Miled Khelifa, président
Chez Néji Khalifa
52, rue Gabriel-Péri
69 200 Vénissieux

● Le jardin partagé Jules-Guesde
53, rue Joannès-Vallet
Jardin partagé par des habitants du quartier
> M. Pierre Matéo
Tél. : 04 72 21 44 44 (hôtel de ville) ou pmateo@ville-venissieux.fr

● Le jardin de la Passion
65, bd Lénine
Jardin partagé ouvert aux habitants des Minguettes
> Mme Coraline Depys
Centres sociaux des Minguettes
5, rue Aristide Bruant
69 200 Vénissieux
04 72 21 50 80 ou accueil.vailland@csxminguettes.com

● Le jardin de l’Envol
1A, rue de la Démocratie
Jardin associatif d’insertion
> Le Passe-Jardins
Mme Sylvie Minot
131, rue Challemel-Lacour
69008 Lyon
06 75 56 42 72

● Les jardins SNCF

rue Jules-Vallès
Jardin partagé par des habitants du quartier
CE – SNCF
5, avenue Jules-Vallès
69200 Vénissieux

● Les jardins du Parc

bd du Stade / bd des Turfistes
> Les Jardins du Parc
36, rue Émile-Bollaert
69500 Bron

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