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Culture

Sandra Lorenzi, une artiste à pied d’œuvre

Invitée à l’espace Madeleine-Lambert, cette jeune plasticienne de Montreuil transforme la salle d’expo en d’étranges constructions déconstruites aux multiples références, où tout est suggéré sans être vraiment désigné. Impressionnant !

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Invitée à l’espace Madeleine-Lambert, cette jeune plasticienne de Montreuil transforme la salle d’expo en d’étranges constructions déconstruites aux multiples références, où tout est suggéré sans être vraiment désigné. Impressionnant !

La vision d’ensemble est forcément impressionnante. À tel point qu’on ne reconnaît pas l’espace d’arts plastiques Madeleine-Lambert, où Sandra Lorenzi présente “Prospective des murs # 1 – Depuis que les bals sont fermés”. L’impression générale de cette exposition-installation est déstabilisante, tant une multitude d’idées et d’interprétations vous traversent l’esprit. Devant vous, une série de murs pas tout à fait montés séparent l’espace. Un chantier ? Des ruines ? Et les questions affluent : où est l’intérieur, où est l’extérieur ? Ces parois protègent ou enferment ? Les circulations qui se créent entre elles, les objets semblant être abandonnés là, tapis, table, lavabo collectif ou duvet, parfois coupés en deux, renvoient à des problématiques dont l’actualité est particulièrement riche. Du mur anti-Mexicains de Trump au rejet des migrants, de la casse des camps palestiniens aux sans-abri, tout est ici suggéré sans être jamais affirmé.

Valses légères, trop éphémères

À l’origine de tout cela, une jeune artiste originaire de Nice et vivant à Montreuil, Sandra Lorenzi. “Les sources de mon travail sont hétéroclites, avec des questions de mémoires, de références historiques, de symboles. Mais aussi de limites, de frontières, d’espace privé et collectif, d’intérieur et d’extérieur, de construction et déconstruction, avec des résonances politiques. Les choses ne sont pas figées dans un état mais suffisamment précises pour orienter la lecture.”

Avec l’aide des maçons de la direction du Patrimoine pour la pose des parpaings, Sandra a donc conçu une installation éphémère pour laquelle elle s’est d’abord imprégnée de l’espace et de la ville. “Vénissieux est géniale pour ça, c’est une cité chargée d’histoire : Berliet, les Minguettes, la Résistance, le camp des enfants juifs… L’idée du zonage est venue de Vénissieux, une ville qui a vu naître de grands mouvements de contestation, comme la Marche. C’était un écrin politique qui pouvait porter le projet, un projet collectif avec les équipes de la municipalité, un partage de compétences.”

Rien n’est ici laissé au hasard. Le sous-titre de l’expo, “Depuis que les bals sont fermés”, vient de l’utilisation d’origine de la salle d’expo, qui a accueilli pendant longtemps de grands bals. C’est aussi le titre d’une chanson de Damia, que l’on pourra entendre, diffusée par un haut-parleur, avec aussi des bruits urbains (klaxons, circulation, foule) enregistrés par Sandra à Beyrouth. Tandis que Damia évoque “les valses légères, trop éphémères” et ces “beaux souvenirs qui parlent d’amour”, Sandra sait parfaitement que la chanson, écrite par Vincent Scotto et Rachel Thoreau, parle de l’occupation.

Quant au titre de la manifestation, l’artiste explique qu’il est venu assez rapidement : “Prospective, un néologisme que l’on entend et voit beaucoup dans la presse ces temps-ci — NDA : une démarche qui consiste à préparer aujourd’hui le lendemain — contient à la fois les mots perspective et prospection. Il fait penser aussi aux think tanks qui réfléchissent sur l’écologie, par exemple. La prospective des murs renvoie à une réalité assez violente. On ne sait pas trop ce que c’est mais les murs, en revanche, on en construit de plus en plus. On parle aussi beaucoup d’encastellement en ce moment, une idée de transformer l’habitat en forteresse. Ici, on ne sait plus de quel côté se situe la sécurité. Nous sommes plutôt dans un entre-deux. Pour cette raison, les objets que j’ai placés sont importants, qui désignent la perte du réel.”

Et à ceux qui relient facilement la culture aux dépenses inutiles, Sandra répond par une citation de Georges Bataille dans “La part maudite” : “Le gaspillage est une des données les plus nécessaires de la culture.” Elle ajoute : “L’art et le lieu d’exposition sont un des domaines où l’on peut dire des choses avec des moyens, en valorisant l’absurdité de ces moyens.”

“Prospective des murs # 1 – Depuis que les bals sont fermés” de Sandra Lorenzi.
Du 26 novembre au 21 janvier à l’espace Madeleine-Lambert (Maison du peuple), du mercredi au samedi de 14 h 30 à 18 heures et sur rendez-vous. Entrée gratuite. Vernissage le 25 novembre à 18 h 30. Renseignements : 04 72 50 89 10 – 04 72 21 44 44 – Voir aussi le site de la ville.

 

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