Officiellement, hormis l’État et SNCF Réseau qui portent le projet, tout le monde ou presque est contre. Pas contre l’objectif de désengorger le nœud ferroviaire lyonnais et de privilégier le transport des marchandises par le train, mais contre l’itinéraire envisagé pour la partie sud du Contournement ferroviaire de l’agglomération (CFAL). La Région, la Métropole, le Département, la Chambre d’agriculture, la grande majorité des élus locaux ont exprimé leur opposition, à tout le moins leurs réserves. Et bien sûr les habitants du Sud-Est lyonnais, qui redoutent de voir passer des trains dans leurs jardins. Depuis quinze ans, on ne compte plus le nombre de manifestations, chaînes humaines, conseils municipaux extraordinaires et autres initiatives tant citoyennes que politiques visant à imposer l’idée qu’un autre tracé est possible, dans des zones moins peuplées, plus à l’est, le long de la ligne de trains à grande vitesse (LGV) existante.
En vain ! L’État et SNCF Réseau (alors RFF) ont tranché en 2009 en choisissant parmi les différents fuseaux envisagés le plus court et le moins cher. Dans le prolongement de la partie nord du contournement ferroviaire _ déjà déclaré d’utilité publique entre Leyment et Saint-Pierre-de-Chandieu _ la partie sud doit traverser le Val d’Ozon jusqu’à la gare de triage de Sibelin en passant par Toussieu, Mions, Corbas et Feyzin, avant de repiquer sur les lignes de la Vallée du Rhône. “Une vision au rabais de l’aménagement du territoire, comme le fut déjà la Rocade est” : c’est ainsi que le conseil municipal de Vénissieux qualifiait cette décision en 2009, dans une motion votée à l’unanimité.
“Le pire des tracés”
Une consultation préalable a été menée en 2014 et 2015 et une validation du tracé par le secrétaire d’État aux Transports, Alain Vidalies, pourrait intervenir sous peu. Mais le collectif Fracture, qui regroupe dix associations de riverains représentant 28 communes (dont Vénissieux), est déterminé à poursuivre le combat. “Le tracé envisagé est le pire de tous, martèle Gilles Renevier, le président. Il passe dans une zone peuplée qui va encore se densifier, qui est déjà traversée par de nombreux pipelines et sous laquelle se trouve la grande nappe phréatique de l’Est lyonnais. Nous ne cessons de le répéter depuis quinze ans en pure perte. Mais nous ne sommes pas à court d’arguments. Le 26 avril va s’ouvrir l’enquête publique sur le Plan de prévention des risques technologiques (PPRT) de la Vallée de la Chimie. Or la réalisation du CFAL prévoit un aménagement de la gare de triage de Sibelin qui est au cœur du périmètre, ce qui nous paraît incompatible avec les mesures de restriction prévues par les PPRT pour limiter les risques.”
Ce n’est pas par hasard que Fracture a décidé d’organiser sa prochaine mobilisation le dimanche 30 avril, à 14 heures, à l’entrée nord du site de Sibelin, précisément là où le CFAL doit déboucher.
Note : lire aussi l’interview de Jean-Luc Da Passano,
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