C’est un scénario désormais rodé. Les forces de l’ordre n’ont plus à employer la manière forte. Les occupants des bidonvilles, habitués à l’errance dans l’agglomération, préfèrent partir d’eux-mêmes quand ils savent que l’expulsion est devenue inévitable. “Nous les avions prévenus, quand la police est arrivée à 6 heures, il n’y avait plus personne”, confirmait le service de presse de la préfecture.
Occupé depuis septembre dernier, le camp installé en bordure du terrain du Puisoz, à proximité de la station de métro Parilly, a « abrité » jusqu’à une centaine de personnes. Si leur départ ne règle en rien le problème de l’accueil des Roms dans l’agglomération, il est vécu comme un énorme soulagement par les riverains. Fin juin, à l’occasion d’une réunion de concertation organisée par la Ville sur le projet de réaménagement de la place Jeanne-d’Arc, les habitants avaient laissé éclater leur colère, détaillant par le menu tous les désagréments, tant en termes d’hygiène que de sécurité, auxquels ils étaient confrontés. La situation devenait extrêmement tendue.
Le maire, Michèle Picard, avait du reste écrit au préfet quelques semaines plus tôt pour s’inquiéter des “vives tensions” entre les familles roumaines et les riverains. Et demander à l’État de prendre ses responsabilités, en faisant appliquer l’ordonnance d’expulsion prononcée au printemps, à la suite de la procédure judiciaire engagée par la société Leroy Merlin, propriétaire du terrain.
Le délai d’exécution de cette ordonnance était arrivé à terme le 15 mai. La préfecture aura donc attendu presque deux mois après la date butoir fixée par la justice pour contraindre ces familles roumaines au départ. Des familles qui se sont probablement réinstallées quelque part, sur un terrain vague ou dans un local inoccupé. La « patate chaude » continue de circuler. Les Roms vivent toujours dans des conditions inhumaines. D’autres riverains seront à leur tour incommodés. L’incompréhension grandit. Quand sortira-t-on de cercle vicieux ?
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