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Culture

La grande tourmente du Grand soir

@ Christian Delvoye

Dès qu’ils sont quelque part, c’est pour foutre la pagaïe et c’est aussi pour cela que le public les adore. Ce 22 mai, le festival de Cannes propose, dans le cadre d’Un Certain Regard, la projection du “Grand soir” de Gustave Kervern et Benoît Delépine, les deux joyeux drilles du Groland qui se sont révélés, de film en film, des cinéastes qui comptent.
Le matin à Cannes, sur l’une des terrasses du palais, les photocalls s’enchaînent. Là, devant des cohortes de photographes qui hurlent leurs noms pour décrocher une photo de face, les équipes des films de la journée se succèdent. Brad Pitt et ses collègues de “Killing Them Softly” sourient à tout va lorsqu’un individu hirsute s’introduit auprès de l’acteur et déclenche les flashs. C’est Gustave Kervern, venu squatter sympathiquement les photos de son camarade américain. Le beau Brad se marre et se prête au jeu. Quand c’est au tour de Kervern, Delépine, Benoît Poelvoorde et Albert Dupontel de passer sur le photocall, ils saccagent tout.
Un peu plus tard, sur la scène de la salle Debussy, mêmes démonstrations ébouriffantes qui mettent le public dans leurs poches, y compris le jury d’Un Certatn Regard, mené par un Tim Roth hilare. Après avoir dit tout le bien qu’il pensait des jurés, Kervern passe à des menaces dignes des films de Tarantino, dans lesquels on retrouve souvent Tim Roth : on sait où il habite, on sait quelles écoles fréquentent ses enfants, etc. Le film n’a plus qu’à démarrer, le public est d’ores et déjà acquis.
“Le grand soir” est un film foutraque, sympathique en diable, peuplé par des acteurs.complètement barrés, de Dupontel à Poelvoorde, de Brigitte Fontaine à Gérard Depardieu en passant par Yolande Moreau et Bouli Lanners. Ce n’est pas tant l’histoire qui importe ici que tous ces personnages croisés dans le film, ces phrases percutantes entendues et qui restent dans les oreilles, à propos de la crise, des banques qui sont les véritables propriétaires des maisons, des déserts des zones commerciales. Le titre l’annonce : sous la loufoquerie, le propos est politique.
Alors bien sûr, la narration se perd parfois, comme elle le faisait déjà dans “Mammuth” ou dans les autres films du tandem. Mais c’est aussi leur style : on accroche ou pas. Mais si on le fait, alors “Le grand soir” vous promet d’excellents moments.
À l’issue de la projection, Kervern et Delépine rappellent que le record d’applaudissements à Cannes a été de six minutes et l’équipe propose aux spectateurs de le battre. Pour les aider, Gustave se met torse nu. J’avoue que je n’ai pas attendu de savoir si oui ou non le record était battu. Le problème à Cannes, c’est qu’il faut toujours courir pour arriver à temps à la projection suivante. J’espère pour “Le grand soir” qu’il va s’inscrire dans les annales du festival.
Le film est diffusé au cinéma Gérard-Philipe en sortie nationale à partir du 6 juin.

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