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Disparition de Lise London

Nous venons d’apprendre la disparition de Lise London ce 31 mars, à l’âge de 96 ans. À L’occasion du n°300, nous avions rencontré cette grande résistante dans son appartement parisien. Retour sur une rencontre riche en émotion.

Nous venons d’apprendre la disparition de Lise London ce 31 mars, à l’âge de 96 ans. En 2003, à l’occasion du n°300 d’Expressions, nous avions rencontré cette grande résistante dans son appartement parisien. Retour sur une rencontre riche en émotion.

Arrivée à Vénissieux à l’âge de 13 ans, Elisabeth Ricol a vu ses amis partir vers l’Espagne au sein des Brigades internationales. Elle s’est mariée à Auguste Delaune puis a rencontré Artur London à Moscou. À ses côtés, elle s’engage dans la Résistance et est déportée à Ravensbrück. Devenue Lise London, elle gagne Prague avec lui. Ce Tchèque est surtout connu pour être l’auteur de “L’aveu”, dont Costa-Gavras tirera un film célèbre en 1970. Simone Signoret incarne Lise dans ce pamphlet contre Staline et cette ode au communisme.
Lise London est l’auteur de plusieurs ouvrages autobiographiques, notamment “La mégère de la rue Daguerre” et “Le printemps des camarades”, publiés au Seuil.

Lise London : – “Je suis très attachée à Vénissieux. J’y suis arrivée à 14 ans. C’était alors un village d’environ 15.000 habitants. Nous venions de Saint-Etienne, où mon père était mineur de fond. Il était arrivé en 1900 d’Espagne. Après la première guerre mondiale, on a fait appel aux étrangers pour remplacer les morts. Moi, j’ai été naturalisée à 10 ans mais mes parents sont morts Espagnols. Nous habitions au 47 de la rue Jules-Ferry, dans une ancienne conserverie d’œufs. Au rez-de-chaussée, quatre ouvertures avaient été percées pour des portes. On avait élevé un étage pour quatre logements, avec des plafonds en papier d’emballage maintenu dans des cadres en bois. Pour chaque logement, il y avait trois pièces en enfilade. La lumière n’entrait que par la porte. Il y avait des infiltrations d’eau, qu’on ramassait avec des seaux. Par contre, il n’y avait pas d’eau courante : nous devions la tirer à la pompe, dans la cour. Pas d’électricité non plus, mais des lampes à pétrole. Papa avait conservé de la mine une lampe à carbure. Nous étions huit familles à vivre dans ces conditions.
J’ai quitté Vénissieux en 1934 et, quand j’y suis retournée après la guerre, j’ai été accueillie comme l’enfant prodigue. Je revenais des camps de concentration, avec Marie-Claude Vaillant-Couturier. Je l’ai conduite à Vénissieux, je voulais qu’elle voie dans quelles conditions épouvantables on avait vécu. Elle avait reçu une éducation bourgeoise, en Suisse. Quand nous sommes parties, elle m’a dit : “C’est terrible !”

“J’ai formé le premier groupe de sportives, à Vénissieux : on faisait de l’athlétisme et du basket. Ce club féminin était rattaché à la Fédération sportive du travail (FST). Pour convaincre les parents de laisser leurs enfants en culottes courtes, ça a été une révolution ! Avec Joseph Amadeo et Louis Dupic, nous avons également organisé des cours d’alphabétisation pour les enfants espagnols. Dupic, je le revois avec son copain Turel, ils étaient inséparables.
“J’ai travaillé chez Berliet comme dactylo-sténotypiste, puis à la fédération du parti communiste, à Lyon.

“De mai 1934 à septembre 1936, j’étais à Moscou. Je me suis mariée en 1933 à Vénissieux avec Auguste Delaune, un permanent parisien du parti communiste, qui était secrétaire national de la FST. Il est venu à Lyon, en 1932, pour l’organisation de la Spartakiade, lancée par l’Internationale rouge des sports, sous le signe de la fraternité entre sportifs de tous les pays et de l’antifascisme. Delaune connaissait Jeannette Veermersch, qui dormait à la maison quand elle était dans la région. Jeannette l’amena à Vénissieux, où il fut vite adopté par la famille. Après notre mariage, Delaune est allé tout de suite à Moscou, pour suivre l’école Lénine. Je l’ai suivi peu après et je suis devenue dactylo au Komintern. Delaune, lui, était allé en Asie. J’étais une femme sans mari. C’est là que j’ai connu l’homme de ma vie, Artur London. On a vécu ensemble dès février 1935 et on s’est mariés en 1946.

“En octobre 1936, la direction du parti communiste français charge Maurice Tréand de constituer les Brigades internationales. Je collabore avec lui, Jean Cristofol, Jean Catelas et Prosper Moquet. Je vais à Barcelone, puis à Albacete. En avril 1938, je reconnais Manuel Amadeo, l’aîné des frères, à Albacete. J’étais très proche de cette famille, à Vénissieux, et surtout de Joseph. Nous étions comme frère et sœur et avions formé le Mouvement de la jeunesse communiste. Joseph avait fait partie des 35.000 brigadistes, les “Volontaires de la liberté”, qui ont combattu en Espagne. Je demande à Manu “Et Jo ?” Il m’apprend qu’il a été tué tout de suite sur le front de Madrid. Quand je suis retournée à Vénissieux fin 1945, j’ai retrouvé avec émotion la famille Amadeo. Je leur racontai ma dernière rencontre avec Manuel. Sa femme espérait encore qu’il réapparaîtrait un jour. Il avait été porté disparu après la bataille de l’Ebre mais elle n’a jamais reçu d’avis de décès. J’apprends que Louis Amadeo, un autre frère, est tombé dans le maquis du Vercors, lors des derniers combats livrés contre les Allemands. La rue où cette famille habitait s’appelle aujourd’hui rue des Frères-Amadeo pour perpétuer la mémoire des trois frères.

“Une des dernières fois où je suis venue à Vénissieux, c’était pour la signature de mes livres. Il n’y en avait pas assez. Il a fallu envoyer aux personnes qui ne pouvaient plus en acheter des étiquettes autocollantes avec ma signature.

“Et “Expressions”, c’est quoi, exactement ? (On lui en montre un exemplaire) Ah oui, ce type de journaux, c’est très bien. C’est une liaison très forte entre la mairie et la population. Nous, on avait à peine la radio, pas de télé, et les gens étaient très liés. La télé a interrompu cela, a cassé ce tissu.  Ce que je vois dans votre journal, les comités de quartier, tout cela, c’est très bien !”

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1 Commentaire

  1. GIRAUD-CARRIER Roland

    2 avril 2012 à 22 h 54 min

    Merci pour votre témoignage,
    n’hésitez pas à venir chercher d’autre infos sur notre site, http://www.acer-aver.fr
    Rol. sitemestre de l’ACER (les amis des combattants en Espagne républicaine) dont Lise était présidente d’honneur.

  2. GIRAUD-CARRIER Roland

    2 avril 2012 à 22 h 54 min

    Merci pour votre témoignage,
    n’hésitez pas à venir chercher d’autre infos sur notre site, http://www.acer-aver.fr
    Rol. sitemestre de l’ACER (les amis des combattants en Espagne républicaine) dont Lise était présidente d’honneur.

  3. GIRAUD-CARRIER Roland

    2 avril 2012 à 22 h 54 min

    Merci pour votre témoignage,
    n’hésitez pas à venir chercher d’autre infos sur notre site, http://www.acer-aver.fr
    Rol. sitemestre de l’ACER (les amis des combattants en Espagne républicaine) dont Lise était présidente d’honneur.

  4. GIRAUD-CARRIER Roland

    2 avril 2012 à 22 h 54 min

    Merci pour votre témoignage,
    n’hésitez pas à venir chercher d’autre infos sur notre site, http://www.acer-aver.fr
    Rol. sitemestre de l’ACER (les amis des combattants en Espagne républicaine) dont Lise était présidente d’honneur.

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