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Les bancs de la communale

Les enseignants de l'école de garçons en 1959

Gérard Petit et l’association Viniciacum se sont penchés sur le passé scolaire de la ville. De ces recherches est né un opulent ouvrage, abondamment illustré : “Vénissieux École du Centre 1911-2011 et deux siècles de mémoire scolaire”.
Un sacré boulot ! C’est ainsi que Gérard Petit et les membres de l’association Viniciacum, dont il est le président, qualifient le travail qu’ils viennent d’accomplir : retracer, à l’occasion du centième anniversaire de l’école du Centre, deux siècles de mémoire scolaire à Vénissieux. “En 1991, pour les 80 ans de l’école dont M. Cornand était le directeur, j’avais rédigé un petit historique en quelques pages, se souvient Gérard Petit. J’avais fait pour cela des recherches aux archives municipales et réuni quelques photos.”
En cette année 2011, la première école de Vénissieux vient de fêter son centième anniversaire en présence de nombreux participants, réunis autour de la section Retrouvailles de l’amicale laïque de l’école, de l’administration et du personnel enseignant du groupe scolaire, ainsi que des parents d’élèves. La participation de Viniciacum est représentée par un livre de 244 pages, abondamment illustré : “Vénissieux École du Centre 1911-2011 et deux siècles de mémoire scolaire”.
“Nous ne sommes pas des historiens professionnels, remarquent Gérard Petit et Marie Evangelista, une des adhérentes de Viniciacum. Nous avons juste voulu parler de l’enseignement à Vénissieux depuis ses débuts. Les premières écoles communales étaient tenues par les religieux, bien que reconnues comme publiques. Nous évoquons l’école du Moulin-à-Vent, Pasteur, Parilly, le Charréard et Gabriel-Péri, appelée “l’école des Minguettes”, mais le plus gros morceau reste l’école du Centre.” C’est curieusement pour les dernières années que les chercheurs ont eu le plus de mal à recueillir des éléments. “Nous n’avons pas accès aux dossiers de carrière, qui sont encore confidentiels. Nous nous sommes donc arrêtés aux années 60-70. D’autres reprendront la relève. Mais nous avons pris soin d’interroger les actuels directeur et directrice.”
“Nous avons retenu les événements qui ont impressionné les enfants des différentes générations”, poursuivent-ils. Parmi les grands événements dont ils se souviennent figurent la guerre de 14-18 et bien sûr, l’explosion de l’arsenal. “Certains racontent qu’à la fin de la guerre, une maquette du monument aux morts a été montrée dans toutes les classes, qui ont été rassemblées au cimetière pour son inauguration. Il est question aussi de la guerre de 40. Nous avons trouvé beaucoup de détails dans l’ouvrage de Maurice Corbel. L’histoire de Banette et Planchon traverse également de nombreuses interviews : à Vénissieux vivaient beaucoup de cheminots et le sacrifice de Marcel Banette et Louis Planchon, leurs deux collègues qui, en 1948, ont péri en tentant d’arrêter leur train devenu fou, a marqué les mémoires. Nous évoquons aussi les enterrements d’enseignants ou de directeurs d’école, auxquels les enfants assistaient : je me souviens moi-même avoir été, en 1964, à l’enterrement de Joannès Vallet, avec tous les élèves de Vénissieux.”
La famille Vallet est justement beaucoup mentionnée dans le livre. “Six de ses membres ont été enseignants entre 1890 et 1947, reprend Gérard Petit. Et même jusqu’en 1958, puisqu’un directeur, M. Dubois, leur était apparenté. Jean Vallet est arrivé à Vénissieux en 1890, du temps de Jules Ferry. C’était un hussard de la République. Il est devenu le premier directeur de l’école de garçons du Centre en 1911 et a créé dans l’entre-deux-guerres l’œuvre des enfants, qui a permis d’envoyer les gosses dans des familles d’accueil, hiver comme été.” Pendant les événements de 1968, l’école du Centre étant devenue lieu de rassemblement syndical des enseignants, est restée fermée quelque trois semaines. “Il n’y avait plus d’essence. Quand le garage Galichet a été réapprovisionné, la file de voitures s’allongeait sur toute la rue Jean-Jaurès, traversait la place Sublet et continuait sur la rue Gambetta !”
Faire revivre le quotidien
Le travail a été de longue haleine pour réunir tous ces renseignements. Il a fallu consulter les archives municipales et départementales (“On y a passé des journées !”), retrouver les bulletins de l’instruction publique : “Tous les mois, les écoles recevaient un bulletin contenant les lois nationales, les informations légales et les mouvements du personnel. Ces bulletins nous ont beaucoup aidés, de même que les dossiers de carrière des enseignants, accessibles jusqu’aux personnes nées en 1900. Grâce au sénateur Guy Fischer, qui nous a apporté une aide importante, nous avons pu avoir des dérogations pour quelques dossiers postérieurs. Nous l’avons aussi rencontré en tant qu’ancien instituteur.”
Autres grandes sources d’informations : les témoignages directs. Cela fait longtemps que Gérard Petit s’entretient avec les anciens au sujet du passé de sa ville, des rencontres qu’il a poursuivies pour ce livre (“J’ai plein de notes chez moi, je vous dis pas… Une vache n’y retrouverait pas son veau !”).
“À Vénissieux, nous avons eu la chance d’avoir de bons enseignants. Plusieurs témoins se sont rendu compte, avec le temps, que leurs instituteurs étaient totalement impliqués dans la réussite de leurs élèves, poursuit-il. En obtenant le certificat, on pouvait devenir fonctionnaire. Savoir écrire était donc essentiel. Nous voulions rendre hommage à ces anciens, garder la mémoire des dates, des personnes.” Les amicales laïques ont aussi leur importance : “Créées après la Seconde Guerre mondiale, à une époque où les gens n’avaient pas de voiture et peu de distractions, elles ont permis aux enfants de se cultiver un peu plus, d’apprendre le solfège, de pratiquer des sports.”
Côté illustrations, Gérard Petit et Marie Evangelista sont fiers d’avoir pu réunir de nombreuses photographies. “Avec les interviews, on a pu intégrer une ou deux photos d’enfance des témoins. M. Fortune, c’était le photographe de Vénissieux. Dans les écoles, pour les photos de classes, les frères et sœurs étaient regroupés avec l’aîné, afin de réduire les dépenses des familles.”
Au fur et à mesure de l’avancement du travail, les chercheurs amateurs ont aussi découvert que tous les maires de Vénissieux, depuis Jean-François Garapon (premier magistrat entre 1876 et 1879), ont pris soin de développer l’hygiène et la santé dans les écoles. “Ainsi, dès 1928-29, des douches sont installées à Pasteur et à Parilly. Et les enfants reçoivent des oranges, des bananes, du sucre, du Cacolac. Plus tard, du temps du maire Louis Dupic, des repas gratuits sont servis à midi aux enfants des grévistes. D’ailleurs, à Vénissieux, les enseignants étaient mieux lotis que dans d’autres communes.”

Jusqu’à fin novembre, on peut commander le livre par souscription, au prix de 20 euros. Les bulletins sont disponibles à la Maison des associations Boris-Vian (13, avenue Marcel-Paul), où les livres pourront être retirés le 15 décembre de 15 heures à 20 heures et le 17 décembre de 9 heures à 12 heures.
À partir du 1er décembre, le prix de vente passera à 24 euros.
Renseignements : 04 72 90 43 86
viniciacum@wanadoo.fr

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