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Minguettes 1981-2011 : une histoire inachevée

La conférence-débat consacrée au 30e anniversaire de l’été chaud a attiré la foule. Dans une ambiance parfois passionnée, le constat a été unanime pour dire qu’il restait beaucoup à faire. Trente ans après, c’est comme si les braises  étaient encore chaudes. Le sujet reste épidermique. Et continue de passionner. Autour du maire, Michèle Picard, plusieurs grands témoins avaient été invités : son prédécesseur, André Gerin, qui était alors conseiller municipal et régional ; Guy Fischer, premier adjoint au moment des événements ; le père Christian Delorme, resté dans l’histoire comme “le curé des Minguettes” même s’il n’a jamais eu en charge cette paroisse ; le préfet pour l’égalité des chances, Alain Marc ; ainsi que plusieurs techniciens. L’un de ces techniciens, Jean Frebault, qui était directeur de l’agence d’urbanisme de la Courly, a parlé d’“élément fondateur” : “Après ces événements, un autre regard a été porté sur les banlieues. Beaucoup de choses ont été remises en question dans notre approche.” En particulier la façon d’appréhender l’urbain : réhabilitations, réaménagement des espaces extérieurs, démolitions, puis reconstructions, en rupture avec le modèle des grandes tours qui s’étaient vidées de leurs habitants dès le milieu des années soixante-dix. “On s’est retouvé avec 2 200 logements vacants”, rappelait André Gerin.
Aux Minguettes, l’effort a aussi porté sur les infrastructures (tram T4) et l’implantation d’équipements publics de qualité (l’école de musique, le cinéma, le pôle hospitalier, Bioforce…). “En trente ans, le quartier a connu une mutation et une rénovation incroyables, citées en exemple, une métamorphose qui sert de référence à d’autres villes”, observait le maire.
Oui, mais… L’urbain ne fait pas tout. Et Michèle Picard était la première à le souligner : “Malgré tous ces efforts, des problèmes de fond demeurent (…). Le danger, c’est de croire que la Politique de la ville peut se substituer aux missions régaliennes de l’État. Le sommet de la pyramide, c’est le droit commun, la primauté de l’Éducation nationale, de l’accès à la santé, à la formation pour tous, c’est l’application du pacte républicain.”
Le préfet délégué pour l’égalité des chances en est lui-même convenu : “Aujourd’hui, c’est sur le développement social, économique, humain, culturel, qu’il nous faut mettre le paquet. La politique de la Ville s’est peut-être un peu embourgeoisée, il faut lui donner un second souffle.”

Après l’urbain, l’humain ?
Après l’urbain, ce serait donc l’heure de l’humain. L’heure de changer à nouveau le regard que l’on porte sur les quartiers populaires, et d’abord sur leurs habitants. “Le problème central, soulignait Guy Fischer, c’est la façon dont on considère l’autre, l’étranger, c’est la discrimination, l’injustice.” Avant lui, le père Delorme avait rappelé la dimension “raciale” des émeutes de 1981 : “Il ne faut pas oublier qu’il y avait une volonté du gouvernement d’inverser les flux migratoires, avec de nombreuses expulsions vers le Maghreb. La France ne savait pas comment gérer la présence de personnes d’origine étrangère. Je ne suis pas sûr qu’elle sache mieux le faire aujourd’hui.”
Plusieurs intervenants ont poussé la critique un peu plus loin. Parfois avec excès, à l’image de cet homme qui a qualifié de “squelettique” le bilan de ces trente dernières années. “Vous ne répondez pas aux problèmes, affirmait-il, vous continuez à vous donner une posture.” Djida Tazdaït, qui a vécu ces événements avant d’embrasser une carrière politique – elle a notamment été députée européenne – estimait que “deux mondes continuent de s’ignorer (…). Tant qu’on n’aura pas le sentiment que les décideurs aiment les gens des quartiers, on n’avancera pas.” Jeff Ariagno, élu municipal socialiste, faisait lui aussi le constat de l’immobilisme : “Ce soir, il y a beaucoup de verbes à l’imparfait qui auraient dû rester au présent.”
Pour finir, Marie-Christine Burricand, conseillère générale communiste, prenait le contre-pied : “On ne peut pas dire que l’aventure humaine n’a pas existé aux Minguettes. Nous avons mené des batailles, des mobilisations pour améliorer le quartier, par exemple pour obtenir l’arrivée du tramway.” Et de conclure sur une analyse marxiste : “Le problème de fond, c’est la fracture sociale. C’est tout une partie de la France qui souffre aujourd’hui, pas seulement la jeunesse issue de l’immigration. La solution est dans l’union de la classe populaire.”

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