Et les souvenirs affluent. La tournée avec Maceo Parker et son big band, dont Owhy assurait la première partie : “Pour la dernière date, on est tous montés sur scène avec eux. Je n’osais pas y aller mais une de ses choristes m’a dit qu’on faisait le même métier. Alors, je me suis lâchée !” Elle cite encore M ou Zebda avant de conclure : “Que du bonheur !”
“Owhy était un groupe de rock à trois voix, j’étais la plus mélodique. C’était très festif, un peu fusion, avec du hip-hop, du jazz, de la funk.” La rencontre se produit en 1998 : à l’époque, Sandrine chante des reprises avec des copains, sur le campus de Saint-Martin-d’Hères. Dans le public, un des musiciens d’Owhy la remarque et lui propose de les accompagner sur scène.
“La scène, reprend Sandrine, je l’ai commencée en maternelle. C’est pour elle que j’ai fait énormément de théâtre, elle est mon exutoire. J’ai de la chance de faire un truc qui me régale !” Quand elle n’est pas Dame Drine, Sandrine enseigne la voix à l’école de musique de Vénissieux, au département des musiques actuelles. Elle reprend le fil de ses souvenirs : fan de Madonna à 14 ans (“Ça laisse forcément des traces”), élevée à la pop américaine et à la variété, elle se retrouve à chanter du rock : “Les premières virées en camion, les premières dates dans les trous paumés jusqu’au Zénith de Paris où nous étions avec Sinsemilia, des Grenoblois eux aussi.”
Après deux albums et un quatre titres, Sandrine quitte Owhy pour venir à Lyon enseigner le chant. “Je me mets à réfléchir sur ce que je fais, sur ce qui me fait évoluer artistiquement. Je passe un diplôme d’état qui est un vrai déclencheur. Du groupe, je redeviens un individu à part entière, quelqu’un qui s’exprime à 100% toute seule.” Sandrine rencontre Traction Avant et séjourne quatre années parmi les Mains nues, l’orchestre vocal de la compagnie. Elle recentre son travail sur la voix puis s’intéresse au spectacle de rue, collabore à des projets : “Vitae”, “Omphalos”, la Biennale de la danse… Alors qu’elle n’a pas la plume facile et accouche de ses textes dans la douleur, elle se met à écrire. “Moi et le mot, c’est une grande histoire d’amour. Dans Owhy, une personne tenait la plume et les compositions musicales étaient collectives. Je me suis dit qu’il fallait oser et ne pas lâcher.” Marc Bernard, le directeur de Traction Avant, a raison d’affirmer : “On n’a pas le temps de laisser les talents dans les placards.” Il pousse Sandrine au solo sur scène. Ce sera Dame Drine.
On la voit
“Mon spectacle sera hyper autocentré, s’excuse-t-elle presque. J’écris sur moi, c’est dramatique ! Je pars de mes ressentis, de mon vécu. Sur scène, je vais me mettre à la guitare, alors que je ne suis pas du tout guitariste. J’aurai aussi un looper, j’adore superposer les sons. Et je serai toute seule, avec Ludo (Micoud-Terraud) à la lumière.” Le spectacle sera électronique, polyphonique, avec une guitare saturée, avec des envies de challenge, un côté one-woman show. Elle annonce une reprise d’Owhy et une autre des Ogres de Barback. Elle se lance et trouve que, petit à petit, elle ose. Elle sait que les gens décalés l’attirent et que “être décalé, ça ne s’invente pas”. Qu’il n’est pas facile de s’appeler par exemple Philippe Katerine et d’aller au bout de son truc (le titre de Drine, “On m’voit”, est un peu dans la lignée du chanteur). Une drôle de dame, Drine ? Certainement et qui offrira un rock ‘n’ roll de dame.
Dame Drine à la salle Érik-Satie le 19 février à 20h30, le 20 février à 16 heures. Tarifs : 7 à 10 euros. Réservations : 04 72 90 11 80.
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