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L’informatique en héritage

Brahim et Mehdi Hannaizi sont père et fils dans le civil. Au travail, on les retrouve dans l’entreprise familiale, qui les réunit autour d’une passion commune, l’informatique. Portrait croisé.

Brahim et Mehdi Hannaizi sont père et fils dans le civil. Au travail, on les retrouve dans l’entreprise familiale, qui les réunit autour d’une passion commune, l’informatique. Portrait croisé.

Tout petit déjà, son intelligence n’avait rien d’artificiel. “Lorsque mon père a commencé à m’initier à l’informatique, j’avais cinq ans, se souvient Mehdi Hannaizi. J’ai découvert un terrain de jeu absolument magnifique. Cet ordinateur a été mon premier jeu de construction. Très vite, mon père a commencé à me ramener du travail des composants informatiques et des logiciels. Je les utilisais pour augmenter les performances de mon jouet. J’intervertissais des pièces, j’en rajoutais d’autres, je fracassais beaucoup de choses aussi…”

“Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il a commencé à lire à trois ans, et qu’à cinq ans il effaçait déjà des fichiers sur ses disquettes”, enchaîne son père, Brahim. À l’époque, ce dernier — arrivé d’Algérie en 1981 à Vénissieux — travaillait déjà comme ingénieur informatique pour de grandes entreprises, dont certaines situées à l’étranger. “Je suis devenu ingénieur en 1998 après dix ans d’études, précise-t-il. J’ai notamment étudié en Angleterre, où j’ai eu la chance de participer à un projet pour Microsoft.” Intarissable sur les qualités de son fils, il poursuit : “Quand Mehdi se trompait dans ses montages informatiques, je lui montrais ce qui n’allait pas, je lui expliquais le fonctionnement des appareils. Il comprenait vite, car il avait cet avantage d’être capable de lire, notamment des notices techniques, et d’ingurgiter beaucoup de choses”. Quelques années plus tard, Mehdi conçoit son premier programme, un logiciel capable d’écrire “bonjour”. “Aujourd’hui, on pourrait presque en rire, mais à l’époque c’était très compliqué”, se souvient Brahim.

“D’une certaine façon, ces tâtonnements ont fait naître en moi les prémices d’un certain esprit d’entreprise, reprend Mehdi. J’ai ma liberté, je teste des trucs. Si ça marche, tant mieux, sinon tant pis, mais j’aurais essayé d’améliorer quelque chose. Charge à moi de réparer mes bêtises et de réessayer plus tard. Je revendique la liberté d’entreprendre et le droit d’échouer.”

Fidèles à l’entreprise familiale
Début 2005, Brahim crée sa propre entreprise, HB Emtec, qu’il installe dans son appartement du Monery. “Je voulais travailler sur mes propres projets, avoir quelque chose à moi”, confie-t-il. Il se spécialise dans la création de sites web et l’édition de logiciels. Parallèlement, il se lance dans les services par Sms : menus diététiques, coiffure à domicile, interprétation des rêves… Des innovations qui lui valent en 2006 le prix de la Ville de Vénissieux. Et finissent d’entraîner son fils avec lui dans l’aventure. En 2008, Mehdi — qui vient d’inventer un système de blog par Sms — prend les rênes de la société. “C’est lui le gérant. Moi je fais du commercial et du développement. On travaille aussi ensemble sur certains projets éducatifs, dont certains sont en langue arabe”, explique Brahim.

Après être passés par la même école — L’Institut national des sciences appliquées de Lyon (INSA) — père et fils se retrouvent donc dans leur entreprise familiale de Vénissieux. Un choix assumé, malgré des fins de mois “plus difficiles”. “J’ai tenté ma chance dans les grands groupes, mais j’y ai trouvé un fonctionnement qui ne me convient pas, expose Mehdi. À chaque fois, vous devez rentrer dans un moule prédéfini ou il n’y a pas vraiment de place pour l’originalité, avec un plan de carrière sans surprise et un salaire qui ne correspond pas à votre parcours. Je me suis dit que ce genre de pitreries n’était pas fait pour moi.”

Sans surprise, Brahim se situe sur la même longueur d’onde. “En réalité, un jour on a pensé à devenir plus grand. Mais grandir, ce serait perdre notre liberté, s’éloigner de notre famille. Est-ce que c’est l’argent qui doit l’emporter sur la vie ? Non. Si l’argent était notre seul moteur, on enverrait des CV dans le privé. On gagnerait peut-être deux ou trois fois plus, mais on ne serait pas heureux. Ici, on produit des choses dont on est fier.”

En route pour l’intelligence artificielle
Parmi ces “choses”, on peut signaler la dernière innovation, Rakwin. Il s’agit d’un porte-clefs connecté qui protège les portables du vol. Lorsque le portable du propriétaire s’éloigne trop, il déclenche une alarme stridente et ingérable, puis verrouille le téléphone. Mais à l’heure de la commercialisation à outrance des données personnelles, aucun abonnement n’est nécessaire pour l’utiliser. Fidèles à leurs valeurs, les deux ingénieurs ne collectent aucune donnée personnelle.

Et après ? Les idées ne manquent pas. Tandis que Mehdi poursuit le développement de Rakwin — dont les ventes commencent à décoller — Brahim réfléchit à un projet informatique à vocation humanitaire pour des autistes algériens. “Le prochain projet d’envergure sera centré autour de l’intelligence artificielle, annonce Mehdi. L’intelligence artificielle, c’est un potentiel fabuleux. C’est un peu comme si on avait une source d’énergie pure entre les mains. Soit on décide d’en faire une belle centrale qui donne de l’électricité à toute une ville, soit on décide de la jeter quelque part pour voir comment elle explose.” Pour les deux passionnés, l’intelligence artificielle n’est donc pas un danger. “On posait la même question lorsque les tout premiers ordinateurs sont arrivés, conclut Mehdi. Tout dépend de ce que vous voulez en faire. Ce n’est qu’un outil, qui ne peut pas travailler sans un expert humain.”

http://hbemtec.com

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