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Waleed Abu Mwais, maire de Jénine : “Les relations internationales sont cruciales pour nous”

Le maire de la ville de Jénine, Waleed Abu Mwais, vient d’achever son premier séjour à Vénissieux. Les deux communes sont désormais liées par un traité d’amitié. Rencontre à Expressions avant son retour dans la dure réalité palestinienne.

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Waleed Abou Mwaiis, élu du Fatah, le parti laïque fondé par Yasser Araft, a été maire de Jénine une première fois de 1995 à 2005. Il a été réélu en 2012, après un intermède de sept ans assuré par le mouvement islamiste Hamas, l’autre grand parti palestinien.
Jénine est une ville de 60 000 habitants située au nord de la Cisjordanie. Elle comprend un important camp de réfugiés qui a été la cible d’un violent assaut de l’armée israélienne, en 2002, dans le cadre de l’opération Rempart. Assaut qui fait des centaines de victimes, des milliers de blessés et personnes déplacées, et qui a détruit quasiment toutes les infrastructures de la cité.
C’est à la suite de cette opération militaire que s’est constituée l’association Jénine-Vénissieux, pour permettre la prise en charge médicale en France d’enfants palestiniens blessés. On se souvient notamment de la jeune Ghadir qui avait pu être opérée des yeux à Lyon grâce à un formidable élan de solidarité. Depuis les actions se sont multipliées, dans le domaine de la santé toujours, mais aussi de l’éducation. Blandine Chagnard, l’ancienne présidente de l’association, décédée en 2013 dans un accident de la circulation en Algérie, a été faite citoyenne d’honneur de la ville de Jénine.

– Vous avez signé vendredi dernier un traité d’amitié avec Vénissieux. Qu’en attendez-vous ?
“L’objectif est de développer les relations avec les autres peuples. Hormis Vénissieux, nous sommes également en lien avec le département de Seine-et-Marne, la Ville de Saint-Denis, et aussi des communes en Italie, en Bulgarie, en Turquie. C’est très important pour nous.”

– Pourquoi est-ce si important ?
“D’abord parce que nos partenaires deviennent des ambassadeurs de la Palestine et de la cause palestinienne. Au-delà de cet aspect politique, essentiel, cela permet aussi de multiplier les collaborations et les échanges dans des domaines où nous avons des besoins criants, par exemple la santé, l’éducation, les réseaux d’irrigation et d’eaux usées.”

– Est-ce que cela signifie que 13 ans après l’agression israélienne sur Jénine, la reconstruction n’est pas achevée ?
“Nos besoins sont encore énormes. C’est particulièrement vrai dans le domaine de l’eau. Le gouvernement israélien s’est accaparé une bonne partie des ressources. Et la faible part qui nous reste pourrait être mieux utilisée si nous avions du matériel moderne et un réseau de distribution et d’irrigation rénové. L’eau, c’est vraiment un problème essentiel à Jénine et plus largement en Cisjordanie.”

– Depuis 2002, l’association Vénissieux-Jénine a mené de nombreuses actions en matière de santé et d’éducation. Est-ce que le souvenir de Blandine Chagnard, son ancienne présidente, décédée en 2013, est vivace dans votre ville ?
“C’est en grande partie pour elle, pour rendre hommage à son action et l’inscrire dans le temps, que nous sommes venus à Vénissieux participer aux rencontres internationalistes et signer ce traité d’amitié avec votre commune. Blandine a été faite citoyenne d’honneur de Jénine. Et son nom a été donné au plus grand parc de la ville qui s’étend sur près de 7 hectares. Cela vous donne une idée du haut respect que nous avons pour sa personne et son action. À travers l’hommage rendu à Blandine, ce sont tous les bénévoles de l’association Jénine-Vénissieux que nous avons voulu honorer. Et la ville de Vénissieux dans son ensemble.”

– Après quelques jours passés à Vénissieux, quelles sont vos impressions ?
-“ C’est une très belle ville avec des habitants très chaleureux. J’espère que les relations entre nos deux villes vont s’intensifier. J’aimerai que des partenariats soient noués entre des clubs sportifs, des écoles, des lycées, des entreprises… Lors de la signature du traité d’amitié, j’ai officiellement invité le maire et les élus à venir nous rendre visite prochainement.”

– Dans votre discours à l’hôtel de ville vendredi dernier vous avez vigoureusement condamné les attentats terroristes commis à Paris au début du mois de janvier ? Quel a été le retentissement de ces attentats à Jénine ?
“À Jénine et dans toute la Palestine ces attentats ont jeté la consternation. Il est clair que ceux qui ont commis ces atrocités voulaient semer la division dans le peuple français. Il est important que la France reste fidèle aux principes républicains qui ont fait sa grandeur. En tant que musulman, comme beaucoup d’autres palestiniens, je ne comprends pas que des individus puissent se réclamer de l’islam pour commettre de tels actes.”

– La suède a reconnu officiellement l’État palestinien, plusieurs parlements de pays européens, notamment la France, ont demandé à leur gouvernement de faire de même. Est-ce que cela vous donne de l’espoir ?
“Bien sûr (avec un grand sourire). Maintenant, nous attendons que le gouvernement suive la recommandation de l’Assemblée nationale. La voix de la France et de l’Europe est importante pour faire contrepoids aux États-Unis qui soutiennent Israël de manière inconditionnelle. Voilà pourquoi les relations internationales sont cruciales pour nous.
Il faut rappeler que la Palestine est aujourd’hui le dernier état colonisé au monde. Vous n’avez pas idée de notre quotidien. Nous vivons comme dans une grande prison. Même le président Mahmoud Abbas a besoin d’une autorisation pour circuler. Pour traverser la Cisjordanie du nord au sud, une seule route est ouverte. Trois soldats postés à des check points peuvent bloquer le pays s’ils le souhaitent. L’armée israélienne peut intervenir où elle le veut quand elle le veut. Nous n’avons aucun droit. C’est une situation coloniale. Je ne peux pas mieux dire les choses.”

– 60 ans après le début du conflit israélo-palestinien, est-ce que vous croyez en une issue ? Est-ce que vous avez encore l’espoir d’une solution politique ?
“Nous n’avons pas d’autre choix. Israël a des avions de chasse, des chars, des missiles, les équipements les plus perfectionnés. Sans parler du soutien des États-Unis. Nous, en face, que pouvons-nous opposer hormis notre courage et notre détermination ? Nous n’avons que des pierres pour nous défendre. Une arme symbolique. C’est avec les pierres de la première intifada, qui a marqué le monde, que nous sommes parvenus à la signature des accords d’Oslo, qui ont ensuite jeté les bases d’un État palestinien. Les peuples palestinien et israélien peuvent coexister, j’en suis convaincu. C’est un sentiment partagé par beaucoup d’individus, des deux côtés. Mais rien ne changera tant que la politique du gouvernement israélien restera la même.”

 

 

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