Nougaro, Mike Brandt, Edith Piaf, Joe Dassin… Dans le salon de la résidence Ludovic-Bonin, ce mardi après-midi, les dames chantent à tue-tête. C’est l’heure du karaoké. Entraînées par les animatrices et le personnel, les résidantes s’en donnent à cœur joie. “On demande Piaf ! Moi, j’aimerais bien Christophe : vous avez une chanson ?”
A la technique, Jérôme Dupeuble, le responsable des animations. Sont présentes également ce jour-là Nathalie Camus, cadre de santé, responsable du pôle troisième âge à la Ville, et l’adjointe en charge des politiques sociales Saliha Prudhomme-Latour, venues elles aussi pousser la chansonnette. Sur l’écran, les paroles s’affichent —parfois un peu vite, aux yeux de certaines résidantes— mais la bonne humeur est là. Les tubes des années soixante/ soixante-dix défilent. Et les souvenirs aussi ! Les applaudissements pleuvent. Pas question de se laisser aller à la morosité.
Disparues depuis quelques années, les animations sont de retour dans les résidences de personnes âgées de Vénissieux. Chaque jour, entre 13h30 et 16h30, les salons des résidences Ludovic-Bonin et Henri-Raynaud accueillent les pensionnaires. Enfin, surtout les dames, car les hommes sont peu nombreux… Outre la chanson, toutes sortes d’ateliers leurs sont proposés, pour tous les goûts : mémoire, santé, créativité, loto, concours de cuisine ou jeux de société.
Anna, Jeanne, Christiane et les autres se retrouvent à Bonin autour de Sophie, l’animatrice. Les dames sont heureuses de se rencontrer en dehors de leurs logements. “Si on reste enfermé, on est tenté de se mettre devant la télévision. Ce qui n’est pas très agréable. On aime bien se voir et discuter autour de ces activités.” Avis partagé par Jeanne, qui a été ATSEM dans différentes écoles de Vénissieux : “J’habitais boulevard Lénine, comme Christiane. Nous sommes toujours le même petit groupe à venir et on tisse des liens. Quand les animations sont terminées, on reste souvent au salon. On discute. C’est convivial.” Elles sont unanimes pour dire que ces après-midi sont bonnes pour le moral.
Un conseil d’animations et des partenariats
Ces animations était fréquemment réclamées par les pensionnaires des deux résidences. On se souvient d’un monsieur qui, à l’occasion d’une visite du maire Michèle Picard, à Henri-Raynaud, lui demandait “un babyfoot ou autre” parce qu’il s’ennuyait. Une demande reprise par les autres résidants “qui en avaient ras-le-bol des jeux de cartes”. Et une demande entendue : depuis janvier, le secteur municipal troisième âge a été doté d’un pôle animation.
“C’est une volonté politique de notre équipe municipale, insiste Saliha Prudhomme-Latour. Maintenir l’autonomie est essentiel. Et cela passe sans aucun doute par les activités qui sont proposées. Cinq jours sur sept, deux animatrices professionnelles sont présentes. Il est important pour les personnes âgées d’avoir des repères.”
“Notre mission, précise Jérôme Dupeuble, consiste à recréer de la vie dans les résidences. L’âge n’étant pas synonyme de dépendance, nous devons contribuer à ce que les personnes gardent le plus longtemps possible leur autonomie et développent des liens sociaux. Grâce aux animations, les locataires reprennent possession des lieux et se sentent à l’aise dans la salle commune. Nos maîtres-mots : autonomie, bienveillance et qualité. Quand on propose de piquer des paillettes dans des figurines (voir page 9), il faut de la dextérité, de la précision, de la concentration. On est bien entendu à l’écoute des résidants, mais une personne âgée ne doit pas rester uniquement dans le passé.”
Le choix des animations se fait en équipe, une fois par semaine. Un conseil d’animations a même vu le jour. Des partenariats ont été créés : avec Bioforce, la compagnie du Détour, la ludothèque, la médiathèque, qui va mettre en place un service de portage de livres dans les résidences. Le conseil municipal d’enfants joue également un rôle actif : l’an dernier, les jeunes ont invité des personnes âgées à Eyzin-Pinet ; ceux de la commission solidarité avaient organisé un karaoké dans les résidences. Sans oublier le retour de la journée “barbecue”, en juin. Sur les murs de la résidence, un tableau permet de connaître la programmation. Et une boîte à idées est à la disposition de tous.
“Le temps de se mettre en place, ajoute Nathalie Camus, et très rapidement des moyens ont été redistribués dans les résidences. Il n’y a eu aucune embauche mais une réorganisation.” Deux animatrices, Sophie et Christine, ont en charge les animations : “Elles ne sont pas attachées à une seule structure. Quand il y a des animations importantes, le personnel qui le souhaite vient donner un coup de main. Le système marche vraiment bien !”
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