Ce vendredi 8 novembre à 20 heures, le Théâtre de Vénissieux accueille la troupe cambodgienne du Phare Ponleu Selpak et le Théâtre du Soleil pour la deuxième partie de “L’histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge”. Le spectacle est présenté dans le cadre du festival “Sens interdits”, initié par le théâtre lyonnais des Célestins. Lorsqu’en 1985, Ariane Mnouchkine monte le texte d’Hélène Cixous, l’histoire de Norodom Sihanouk est alors tout à la fois terrible et inachevée. Le roi mourra en 2012 sans avoir vu la dramaturge achever son histoire. Lorsque débute la deuxième partie, Sihanouk est réfugié à Pékin tandis que son pays est tombé entre les mains de Lon Nol, un militaire soutenu par les Américains. Il ne faut pas oublier que Sihanouk, chantre de la francophonie, est un fervent admirateur du général de Gaulle et que, comme lui, il n’apprécie pas la mainmise des États-Unis sur les affaires du monde.
Les différents actes vont montrer la montée des Khmers rouges, leurs jeux de séduction et de rejet du roi en exil, sous l’œil des grandes puissances. Tout ceci est de l’Histoire. La force du texte d’Hélène Cixous dans cette mise en scène de Georges Bigot (qui jouait Sihanouk en 1985) et Delphine Cottu est parfaitement mise en valeur par ces jeunes comédiens cambodgiens qui jouent ce long texte en khmer (avec sur-titrage au-dessus de la scène). L’expérience pourrait sembler éprouvante, elle est formidable. Les acteurs et les musiciens font un travail fantastique et San Marady, qui interprète Norodom Sihanouk, est époustouflante. Cette jeune actrice se métamorphose : elle est le roi. Elle le montre intelligent dès qu’il parlemente avec Zhou Enlai, les dignitaires vietnamiens ou les représentants du Kampuchea démocratique (les Khmers rouges). Elle sait également le rendre fragile, empli de doutes sitôt qu’il est en présence de sa femme ou de son meilleur ami. Elle humanise un personnage historique, qui devient sous ses traits l’âme du peuple cambodgien. Face à Pol Pot (interprété également par une femme, Chea Ravy) ou Khieu Samphân, ses ennemis guindés dans leurs uniformes, le roi est le seul, avec son peuple, à pouvoir voir et parler aux fantômes (dont celui du roi défunt, élément drôlatique de la pièce). Car “L’histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge” n’est pas qu’un récit politique mais aussi un bel hommage au peuple cambodgien, à ses croyances et à ses souffrances.
Inachevée, cette histoire l’est, qui se conclut en 1979 avec l’arrivée des troupes vietnamiennes à Phnom Penh. On se prend à rêver alors à une troisième partie et à un retour à la sérénité de “Monseigneur Papa”, le nom que les Cambodgiens donnaient à leur roi poète et cinéaste. Ce roi que San Marady, à nous qui ne sommes pas Cambodgiens, nous fait apprécier et adopter le temps d’un spectacle.
“L’histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge – Deuxième époque” au Théâtre de Vénissieux le 8 novembre à 20 heures.
Tarifs : de 8 à 18 euros.
Réservations : 04 72 90 86 68.
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