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L’exil de Syrie, l’exiguïté aux Minguettes

Originaires d’Hassaké dans le nord-est de la Syrie, Sanaa et Salam, mamans de six enfants, ont trouvé refuge dans leur famille aux Minguettes, où ils sont treize à vivre dans 76 m2.

Originaires d’Hassaké dans le nord-est de la Syrie, Sanaa et Salam, mamans de six enfants, ont trouvé refuge dans leur famille aux Minguettes, où ils sont treize à vivre dans 76 m2.

Selon l’ONU, le nombre de Syriens réfugiés à l’étranger a été pratiquement multiplié par dix en un an et dépasse désormais les 2 millions. La plupart ont fui au Liban voisin, en Turquie, en Jordanie. À l’intérieur même du pays, quelque 4,25 millions de personnes sont déplacées. Pour le Haut commissariat aux réfugiés (HCR), c’est “la grande tragédie de ce siècle, une calamité humanitaire indigne avec des souffrances et des déplacements de population sans équivalent dans l’Histoire récente”.
La France aussi est concernée. Selon l’Office de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), 1500 Syriens y ont recherché asile depuis 2011, dont 700 pour la seule année 2013. Souvent c’est la présence d’un membre de la famille en France qui dicte leur choix. Sanaa, avec ses quatre enfants, a ainsi rejoint sa sœur Maria qui habite aux Minguettes depuis dix ans. C’était en janvier dernier. Au mois d’avril, c’était au tour de leur belle-sœur, Salam, de les rejoindre avec ses deux enfants. Tous vivent sous le même toit, dans un appartement de type 4 de l’Opac du Rhône. Maria et son mari Pierre ayant eux-même trois enfants, treize personnes cohabitent tant bien que mal dans 76 m2.
Originaires du district d’Hassaké, dans le nord-est de la Syrie, Sanaa et Salam sont restées au pays “aussi longtemps que possible”. Jusqu’à l’extrême limite. C’est pour leurs enfants qu’elles ont pris la route de l’exil. Pour les mettre à l’abri, leur préserver un avenir. Enlèvements, demandes de rançons, tueries, la vie à Hassaké était devenue un enfer. Elles l’expriment en arabe, leur langue maternelle. Maria assure la traduction : “Seuls ceux qui n’ont pas le choix, les plus vieux et les plus pauvres, restent là-bas. Nous ne savons pas exactement qui commet ces exactions. Mais comme beaucoup de gens de notre région, nous sommes de confession chrétienne orthodoxe, et a priori cela nous expose davantage avec la montée de l’islamisme radical chez les insurgés. Pourtant avant nous vivions tous en harmonie avec les sunnites, les chiites, les alaouites. Les chrétiens n’ont jamais eu de problèmes en Syrie. La guerre civile a tout changé. C’est la confusion maintenant.”

Double peine

Sanaa a tout vendu pour rassembler les 45000 euros que lui a coûtés l’obtention de faux visas. Salam s’en est mieux sortie grâce à une attestation d’hébergement. Toutes deux ont obtenu une protection subsidiaire et un titre de séjour valable un an. Les maris, eux, sont restés en Syrie malgré les risques encourus. Question de priorité. “On ne pouvait pas accueillir tout le monde, explique Pierre. C’est déjà très compliqué à treize dans cet appartement.”
Qu’est-ce que l’exiguïté en comparaison de la guerre, de la douleur de l’exil, de l’inquiétude d’avoir laissé sur place un époux, un frère, un papa. Peu de chose. Sauf que ce n’est pas l’un ou l’autre ; c’est l’un et l’autre, la double peine. “Les premières semaines, ça allait, raconte Maria, on était dans le soulagement et la joie de se retrouver. Mais après plusieurs mois de cohabitation, on n’en peut plus, on n’y arrive plus. D’autant que nous n’avons pas de moyens. Mon mari est au chômage, je ne travaille pas, c’est de la survie.”
Les enfants ont pu être scolarisés. Les plus petits au groupe scolaire Paul-Langevin. Et Mathilda, 14 ans, au collège Paul-Éluard. Son adaptation a été spectaculaire. Arrivée en avril dernier, elle va quitter sa classe d’accueil (CLA) pour intégrer une 5e classique. Liliane, 17 ans, qui suivait des études scientifiques en Syrie, a eu de bons résultats aux tests qu’elle a passés en vue d’être scolarisée, mais aucun lycée de l’agglomération n’a voulu l’accueillir, par “manque de place”.
Quant à l’obtention d’un logement ou même d’une chambre en foyer d’hébergement, c’est pour l’heure la principale difficulté. “Sanaa vient d’avoir le RSA, précise Maria, on pensait que ça pouvait débloquer des dossiers mais visiblement ça ne suffit pas. Nous avons tapé à toutes les portes, même à celle de l’église, en vain. Pour l’instant nous ne voyons pas d’issue.”

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