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Nadia et Lisa, enfants de la précarité

Dans son  rapport annuel qu’elle vient de présenter, Dominique Versini, Défenseure des enfants, s’inquiète des conséquences de la pauvreté. Problèmes de logement, parcours scolaire chaotique, inégalités devant la santé : ces enfants, environ deux millions en France sur les huit millions de personnes qui vivent avec moins de 950 euros par mois, accumulent les difficultés. Nous avons rencontré deux adolescentes : Nadia* (14 ans) et sa petite sœur Lisa (11 ans et demi). Leur mère, au chômage, les élève seule. Elle a accepté que ses filles témoignent, anonymement. “Au collège, leurs amis ne connaissent pas leurs conditions de vie. Nadia et Lisa arrivent à un âge où elles prennent conscience de mes difficultés. Elles ne me le disent pas, mais je sens qu’elles sont mal à l’aise. Nous vivons avec un peu moins de 900 euros par mois.” Un cas loin d’être isolé à Vénissieux, où 27 % de la population vit sous le seuil de pauvreté.Les deux ados vivent avec leur mère dans un petit appartement des Minguettes. C’est chez elles que je les ai rencontrées. Lisa, la plus jeune, fait la visite : une cuisine et deux pièces. “Maman nous a laissé la chambre. Elle dort dans la grande pièce. Mais nous n’avons pas la place de mettre deux bureaux. On fait nos devoirs à côté.” “Quand j’étais plus petite, intervient Nadia, je ne me rendais pas compte des difficultés de maman. Quand je réclamais quelque chose et qu’elle ne pouvait pas l’acheter, j’étais parfois très en colère. Un jour elle nous a dit qu’elle allait au Resto du Cœur… J’ai cru que le monde s’écroulait.  J’avais comme un sentiment de honte. Tout simplement parce que je prenais conscience que nous étions des précaires, des pauvres.”
Aujourd’hui, les deux filles sont très fières de leur mère. “Nous savons que parfois  elle n’en peut plus. On lui remonte le moral. On essaie de bien travailler en classe. Pour qu’un jour, quand on sera adulte, on puisse l’aider. On ne la laissera jamais tomber !  Le monde est trop  injuste.”
“Maman n’aime pas quand on parle d’injustice. Mais c’est vrai ! Il y a des enfants qui ont tout. Et d’autres qui n’ont pas grand-chose. Maman se bat pour que nous réussissions à l’école. Quand on travaille, elle arrête la télé, nous fait réciter. C’est sûr que c’est moins facile pour nous. Quand les parents ont de l’argent et sont très instruits, ils peuvent t’aider. Et ensuite te payer des études longues.”
Heureusement, les enseignants sont là pour donner un coup de main :  “Un jour, je n’étais pas bien en classe. Mon professeur d’histoire s’en est aperçu, raconte Lisa. C’est ma prof principale. Je l’adore !  À la fin du cours, elle m’a demandé ce qui m’arrivait. J’ai vraiment confiance en elle et je lui ai  tout simplement dit que nous étions pauvres. Elle a souri et elle m’a dit : je ne veux plus que tu emploies ce mot. Tu as plein de richesses dans ta tête.  Je n’ai pas vraiment compris le message. Mais depuis, je travaille encore davantage. Je veux me battre pour aller loin. Avec ma petite sœur, nous avons de bons résultats, pour l’instant.”
Dans son rapport, Dominique Versini aborde également les problèmes de santé chez ces enfants. “Avec un nombre croissant de médecins refusant les personnes ayant la CMU, les familles se replient sur les urgences hospitalières avec pour conséquence une discontinuité dans les parcours de soin des enfants, traités seulement lors d’épisodes aigus.” De même, elle observe que 16 % des enfants ont des caries non soignées. Elle constate aussi un risque d’obésité  démultiplié, avec deux fois plus de jeunes ayant un problème de surpoids en zone d’éducation prioritaire (ZEP). Ce qui est le cas sà Vénissieux. D’où la création d’un Atelier Santé Ville, à l’initiative de la Ville avec de nombreux partenaires.

* Les prénoms ont été changés

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